La polémique sur Énergie Est, bonne pour la souveraineté?

Le PQ croit que la grogne en provenance de l’Ouest attise la flamme indépendantiste

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Et comment donc !






Le «mépris» avec lequel l’Ouest du pays traite le Québec dans le dossier de l’oléoduc Énergie Est stimule le sentiment nationaliste dans la Belle Province, avance le Parti québécois.




«Le ROC (rest of Canada) nous traite comme une colonie. Il joue un jeu dangereux. Les Québécois n’aiment pas se faire dire quoi faire. Ça exacerbe le sentiment nationaliste», a affirmé hier au Journal le porte-parole du PQ en matière d'énergie, Alain Therrien.




Au cours des derniers jours, des chefs de partis politiques de l’Ouest du pays ont critiqué le maire de Montréal Denis Coderre qui a dit non au projet d’oléoduc Énergie Est.




«Quand c’est rendu que le premier ministre de la Saskatchewan, qui a une population équivalente à celle de la Montérégie, nous dit comment gérer nos affaires... C’est gênant», déplore M. Therrien.




Les deux solitudes




De fait, plusieurs politicologues s’inquiètent de la grogne qui a pris de l’ampleur à l’endroit du Québec au cours des derniers jours.




Des chroniqueurs et des politiciens, comme le premier ministre de la Saskatchewan Brad Wall, ont carrément proposé qu’on coupe les péréquations versées à Québec si la province s’oppose à l’oléoduc.




«Quand l’Ouest ne se plaint pas du fait que le Québec veut se séparer du reste du Canada, il se plaint qu’on veuille y rester et en profiter. C’est assez ironique», souligne Michel Sarra-Bournet, professeur en politique à l’UQAM.




«Ce type de réaction renforce les deux solitudes. Un fossé s’est ouvert», déplore Nicholas Rivers, de la Chaire de recherche du Canada sur les politiques en matière de climat et d’énergie.




«Les intérêts sont divergents. Pour l’Alberta et la Saskatchewan, c’est important pour leur économie de pouvoir exporter leur pétrole. Au Québec, on pense davantage aux coûts environnementaux et aux possibilités d’un déversement», poursuit-il.




Comprendre les Albertains




Les opinions sont aussi polarisées au Québec.




La Coalition avenir Québec est en faveur du projet et sa porte-parole Chantal Soucy dit être sensible à la grogne en provenance de l’Ouest.




«L’Alberta doit absolument exporter son pétrole. C’est sûr que l’Alberta a été déçue par rapport au Québec. Je peux comprendre leur réflexe», dit-elle.




Néanmoins, cette dernière s’inquiète de la tournure des choses.




«Le ton est en train de dégénérer. Le premier ministre Trudeau doit intervenir auprès des politiciens ici comme ailleurs au Canada.»


 





Deux pipelines, deux prises de position




Ligne 9B d’Enbridge





  • Montréal a dit oui.





  • Inversion du flux de la canalisation 9B afin d’acheminer le pétrole de l’Ouest canadien vers l’Est, en passant par Toronto et Montréal.





  • L’objectif est de 300 000 barils par jour.





  • Les premières gouttes de pétrole sont arrivées à la fin novembre à Montréal.




Oléoduc Énergie Est





  • Montréal a dit non.





  • Projet de pipeline de 4600 kilomètres qui transporterait environ 1,1 million de barils de pétrole par jour de l’Alberta et la Saskatchewan vers les raffineries de l’Est du Canada.





  • Le projet est controversé au Québec. Il sera notamment étudié par le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE).



 



Réactions hostiles envers Montréal











La région de Montréal refuse le passage du pipeline Énergie Est, alors qu’elle avait autorisé l’inversion du flux de la canalisation 9B d’Enbridge.




Photo courtoisie








« Je fais confiance aux maires de la région de Montréal pour qu’ils retournent poliment leur part de 10 milliards $ en péréquation soutenue par l’Ouest. » – Brad Wall, premier ministre de la Saskatchewan


 











La région de Montréal refuse le passage du pipeline Énergie Est, alors qu’elle avait autorisé l’inversion du flux de la canalisation 9B d’Enbridge.




Photo courtoisie







« Alors que M. Coderre décharge un milliard de litres d’eaux usées dans ses cours d’eau et bénéficie en même temps de milliards $ en péréquation, son opposition à l’oléoduc Énergie Est n’est rien de moins qu’hypocrite [...] C’est honteux! » – Brian Jean, chef du parti albertain Wildrose


 











La région de Montréal refuse le passage du pipeline Énergie Est, alors qu’elle avait autorisé l’inversion du flux de la canalisation 9B d’Enbridge.




Photo Reuters







« Mon inquiétude... c’est que cela affecte l’unité nationale. Le premier ministre devrait arrêter de se prendre en photo avec Leonardo DiCaprio et appeler plutôt Denis Coderre pour se battre pour les emplois en ressources naturelles. » – Rona Ambrose, chef du Parti conservateur du Canada


 







« Si les Québécois veulent fermer les robinets à notre pétrole, Ottawa doit fermer les robinets du Trésor fédéral à travers lequel circulent des milliards $ vers le Québec chaque année. » – Lorne Gunter, chroniqueur au Edmonton Sun





 




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