La poursuite de Djemila Benhabib pour diffamation: une atteinte à la démocratie

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Surtout, empêcher la propagation de la vérité

Ce n’est pas un hasard si les islamistes en occident sont devenus de fervents défenseurs du multiculturalisme. Ils n’ont pas d’autre choix. Ils sont minoritaires, et le multiculturalisme confessionnel comme la laïcité ouverte leur est un moindre mal. Mais, il ne faut pas perdre de vue que leur position est conjoncturelle et stratégique.
Mme Djemila Benhabib est poursuivie pour diffamation parce qu’elle a osé dénoncer une école musulmane qui endoctrine ses élèves avec une idéologie rétrograde et obscurantiste au lieu de leur enseigner les sciences et les valeurs universelles de la liberté et de la tolérance.
Le moins que nous puissions dire de leur démarche est qu’elle est d’une part, une atteinte franche à la liberté d’expression, ce droit fondamental qui protège les hommes et les femmes des pensées totalitaires, et de l’autre, un défi lancé aux laïcs qui aspirent à réduire l’espace de domination de la religion et à freiner le retour des religions dans l’espace public qu’elles ont quitté sous la pression des valeurs des Lumières.
Il est évident que l’objectif des islamistes qui gèrent cette école est de faire taire les voix des hommes et des femmes qui portent un regard critique à l’égard des religions, d’intimider toute personne qui pense que les religions doivent demeurer dans la sphère privée. En fait, ils cherchent à imposer la censure comme une institution de contrôle qui n’est pas sans rappeler l’inquisition que l’église orchestrait contre les penseurs qui ne réfléchissaient pas selon les limites et les valeurs du dogme dominant. Ils veulent imposer la censure au cœur des démocraties occidentales, au cœur des cultures où la liberté d’expression et de pensée est plus sacrée que la religion, or la religion, faut-il le rappeler, n’est qu’une façon de s’exprimer et de concevoir le monde ; elle n’est ni plus ni moins importante qu’une pensée profane au regard du droit fondamental d’exprimer ses opinions.
Toutefois, ce droit est le minimum qu’une démocratie est censée garantir à ses citoyennes et citoyens. C’est pour cela qu’il faut, à nos yeux, être vigilant et veiller à ce que ce droit ne soit pas remis en cause et limité par les islamistes. Il faut surtout faire attention aux stratagèmes de victimisations qui associent d’une façon malveillante la critique de l’islam et de l’islamisme au racisme et à l’islamophobie.
L’islam, comme toutes les autres religions d’ailleurs, n’est pas une propriété privée de ceux qui croient en lui. Toute personne est libre de le critiquer et de dire ce qu’elle en pense. Ainsi, montrer que la violence dans l’islam n’est pas le produit d’une mauvaise interprétation du texte sacré comme Mme Djamila Benhabib le souligne, mais bel et bien une chose qui au cœur du texte fait partie de la critique des religions pratiquée par la pensée moderne. Ce n’est pas de l’islamophobie comme ces gens veulent faire croire, c’est de la liberté de penser, c’est une manière d’appréhender le texte objectivement et d’une façon que nous pouvons qualifier simplement de bon sens. Il est du devoir des intellectuels de parler de cet aspect de la religion du moment qu’il menace le bon vivre ensemble et empêche l’intégration des musulmans immigrants dans les sociétés d’accueil. Nous estimons que Mme Djemila Benhabib fait ce travail pédagogique depuis des années au Québec au nom de la laïcité, cette autre hérésie qui irrite l’intégrisme religieux.
Il est important de signaler à ce sujet que ce qui arrive à Djamila Benhabib est une tentative pour museler la liberté de penser et l’esprit critique, et cela à notre avis n’est pas si éloigné des attentats terroristes commis par les terroristes islamistes, et ce, au nom de la religion, contre des intellectuels qu’ils ont jugés menaçants à leur idéologie par leurs écrits ou prises de position publiques contre l’intégrisme religieux ou tout simplement parce qu’ils incarnent la liberté d’expression et qu’ils pensent autrement que leur idéologie nihiliste.
À travers cette école, nous pensons que la même idéologie meurtrière qui a assassiné des écrivains en Égypte et en Algérie est en train de s’enraciner au Québec grâce à ces stratégies pragmatiques, machiavéliques et surtout réalistes.
Les islamistes ne sont pas dupes, ils savent bien qu’ils sont minoritaires dans les sociétés occidentales et même dans leur communauté et ils sont conscients que les conditions culturelles dans lesquelles ils activent ne favorisent pas leur discours, elles sont même hostiles à leur idéologie. Ils savent qu’ils ne sont pas dans un environnement culturel islamique comme c’est le cas dans les pays musulmans. Et pourtant, la dimension culturelle de la société les intéresse énormément. Ce n’est pas anodin qu’en 1991, juste après avoir gagné presque la moitié des sièges au parlement en Algérie, les dirigeants du FIS, le parti islamiste, ont promis qu’ils changeront le mode de vie de certains Algériens qu’ils jugeaient occidentaux donc impies.
Certes, ce combat culturel n’est pas dirigé contre la société d’accueil, mais nous ne pouvons ignorer qu’il est en train de travailler la communauté de l’intérieur. Rarement ou presque jamais nous les entendons critiquer publiquement le mode de vie occidental alors que leur idéologie se nourrit de cette critique du mode de vie occidental dans les sociétés musulmanes. D’ailleurs, à côté de l’antiféminisme, l’anti-occidentalisme culturel domine le discours islamiste. Par contre, ils ne s’empêchent pas de critiquer les politiques et les opinions qui remettent en cause le multiculturalisme et la laïcité ouverte, les deux idéologies qui donnent une certaine légitimité à leur idéologie, alors que, fait paradoxal, ils ne sont ni pour le multiculturalisme ni pour aucune laïcité, fût-elle ouverte, inclusive, positive…
Au fond, l’islamisme est contre le multiculturalisme, contre la laïcité ouverte ou républicaine. Pour l’idéologie mortifère, la question de laïcité n’a même pas lieu d’être posée pour un musulman, l’islam étant religion et état. En vérité, ils ne croient qu’à la légitimité divine, au pouvoir califal, c’est-à-dire des hommes mandatés par dieu pour gouverner en son nom.
Ce n’est pas un hasard si les islamistes en occident sont devenus de fervents défenseurs du multiculturalisme. Ils n’ont pas d’autre choix. Ils sont minoritaires, et le multiculturalisme confessionnel comme la laïcité ouverte leur est un moindre mal. Mais, il ne faut pas perdre de vue que leur position est conjoncturelle et stratégique.
Nous pouvons dire que le multiculturalisme donne en pâture la communauté musulmane aux islamistes, et ce, notamment, à cause de sa forte tendance à identifier les personnes appartenant à cette communauté par la religion au lieu de les identifier par la citoyenneté. La conjugaison des problèmes sociaux et d’intégration avec un auxiliaire redoutable qu’est l’islamisme, les revendications légitimes des membres de cette communauté se feront dans l’avenir sous le référent islamique, c’est-à-dire que l’état n’aura plus affaire aux citoyens qui souffrent de ces problèmes, mais à des islamistes pour qui l’islamisme est le refuge identitaire. Ainsi, les problèmes profonds de ces immigrants, notamment ceux liés à la discrimination, à l’emploi et à l’intégration en général, seront-ils traités à la légère, sinon quasiment noyés dans des réponses idéologiques.
La voix de Djemila Benhabib et tant d’autres intellectuels qui ont vu l’islamisme à l’œuvre dans leur pays d’origine est nécessaire aujourd’hui pour dénoncer cette idéologie sournoise, mais efficace, car elle a réussi à faire des alliances contre nature avec des défenseurs de la laïcité et des droits de l’homme ; elle a réussi à les transformer en avocats de ses causes, et le droit du port du voile qu’ils revendiquent est l’une des grandes causes politiques de l’islamisme. D’ailleurs, ce dernier défend dans les sociétés musulmanes qu’idéologiquement il est légitime, voire un devoir, d’utiliser la violence pour obliger les femmes à le porter, même à les tuer.
Nous ne sommes pas dans la fiction et l’exagération lorsque nous parlons de menace de mort et de la violence, la réalité de certains pays musulmans témoigne que beaucoup de femmes ont été tuées et violentées juste parce qu’elles ont refusé de porter le voile.
Dénoncer cette idéologie, dénoncer l’endoctrinement que les enfants subissent dans les écoles musulmanes n’est pas seulement un droit, mais aussi un devoir, car l’école est le lieu où l’on façonne les esprits. Si celle-ci est prise par des obscurantistes, il faut la leur enlever ou alors s’attendre au pire à l’avenir. C’est pour cette raison que le problème ne doit pas être l’affaire de Mme Djemila Benhabib seulement, mais celui de l’ensemble des citoyennes et citoyens convaincus que la citoyenneté est une institution politique qui a besoin d’être consolidée par la laïcité et la démocratie. L’écrivaine laïque a mis le doigt sur quelque chose qui la dépasse en tant que personne ; elle a besoin du soutien de tous les laïcs et démocrates sur le plan financier et intellectuel. Ensemble, nous sommes capables de freiner la progression de l’islamisme au Québec.


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