(Québec) Le ministre fédéral Denis Lebel nie la responsabilité d'Ottawa dans la tragédie ferroviaire de Lac-Mégantic. Un train qui entre dans une ville à 60 milles à l'heure, plutôt qu'à 10 milles à l'heure, «c'est sûrement pas la faute d'un gouvernement».
Le lieutenant politique de Stephen Harper pour le Québec y est allé de ce constat presque brutal, jeudi, devant les maires réunis à Québec pour le congrès annuel de la Fédération québécoise des municipalités (FQM).
M. Lebel a souligné à son auditoire qu'il est «trop facile» de désigner «des coupables» sans avoir le résultat des enquêtes. Mais il a aussi insisté sur le fait que les matières dangereuses, comme le pétrole qui a explosé à Lac-Mégantic, tuant 47 personnes, sont également transportées par camions, un domaine qui relève de la compétence des provinces.
«Savez-vous ce que les camions qui empruntent vos rues charroient?» a-t-il lancé aux édiles, en suggérant que Transports Québec ne le sait pas plus. «À Roberval [que M. Lebel a dirigé comme maire], la track de chemin de fer passe en plein centre-ville.
«Malheureusement, il y a eu Lac-Mégantic. Vous comprendrez que ce n'est pas une responsabilité unique.»
Plus tôt, le président de la FQM et maire de Saint-Prime, Bernard Généreux, a visé le gouvernement Harper en lançant que «nous avons le droit de savoir ce qui passe chez nous. Nous avons le droit de connaître l'état des voies ferrées. On ne devrait pas nous obliger à passer par l'accès à l'information pour avoir l'heure juste.»
Bernard Généreux s'est dit déçu par les propos du ministre Lebel. «Je n'ai pas entendu de sa part la volonté de corriger les règles, les lois.»
Aux congressistes, la première ministre du Québec, Pauline Marois, a loué le courage des élus de Lac-Mégantic. En mêlée de presse, elle a réitéré qu'elle exige qu'Ottawa mette au point un système de traçabilité des produits dangereux. Mme Marois a plaidé que son gouvernement a réagi rapidement en offrant un plan de relance de 60 millions $ pour la petite municipalité.
Denis Lebel, lui, a pris soin de souligner qu'Ottawa a consacré tout autant d'argent pour aider Lac-Mégantic à se relever. Ce n'est pas un concours de qui en donne le plus, mais une question de savoir quel palier de gouvernement fait quoi, a-t-il soulevé en substance.
Le député fédéral de Roberval-Lac-Saint-Jean a écarté l'idée de constituer un registre gouvernemental pour le transport des matières dangereuses. «Il y en a déjà, des registres. Les compagnies de camionnage, les compagnies ferroviaires, elles en ont toutes. Les gens peuvent y faire appel.»
Un plan revampé
La première ministre a profité de son passage devant la FQM pour annoncer que, cet automne, la Politique nationale de la ruralité sera revampée. Au cours des 10 prochaines années, Québec y consacrera 470 millions $, «un ajout global 70 millions $ par rapport à 2007».
Le président de la FQM, Bernard Généreux, est loin de considérer comme négligeable le budget décennal. Les sommes qui proviennent de ce fonds agissant comme «un puissant signal. C'est un immense effet levier.»
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