(Ottawa) Le Canadien Pacifique (CP) et Irving seraient en partie responsables de la tragédie de Lac-Mégantic, selon une multinationale américaine visée par la requête d'autorisation d'un recours collectif des victimes du déraillement, dont les audiences débutent aujourd'hui à Sherbrooke.
World Fuel Services, basée à Miami, fait partie des nombreuses entreprises poursuivies par les victimes du drame qui a fait 47 morts et rasé le centre-ville de Lac-Mégantic. Elle était propriétaire du pétrole qui a brûlé après l'accident. Elle le destinait à la raffinerie Irving, au Nouveau-Brunswick.
Selon l'argumentaire qu'elle compte soumettre au tribunal, que La Presse a obtenu, WFS avance que le CP a une part de responsabilité dans le drame du 6 juillet. Pourquoi? C'est le CP qui est responsable de l'embauche de la Montreal, Maine&Atlantic Railway (MMA) comme sous-traitant.
WFS souligne qu'elle a retenu les services du CP pour transporter du pétrole brut du Dakota-du-Nord au Nouveau-Brunswick. Le transporteur ferroviaire l'a facturé pour la totalité du voyage, y compris la portion qui se trouvait sur les rails de la MMA.
À aucun moment, WFS n'a eu un lien contractuel avec la MMA, soutient-elle.
«WFS a seulement contracté avec le CP et se fiait à lui pour fournir des options de transport avec un transporteur ferroviaire sécuritaire et efficace», peut-on lire dans l'argumentaire que compte présenter l'entreprise.
«C'était la responsabilité du CP de s'assurer que le transporteur ferroviaire était qualifié», peut-on lire plus loin.
L'entreprise note en revanche que la MMA était dûment certifiée et que rien ne l'empêchait de transporter des matières dangereuses.
Étiquetage du pétrole
Les victimes de Lac-Mégantic reprochent à WFS d'avoir permis le transport de son pétrole dans des wagons-citernes DOT-111 qu'elle savait déficients. Le recours collectif souligne que le pétrole que transportait le convoi était plus volatile que son étiquetage l'indiquait.
WFS rétorque qu'un étiquetage correct n'aurait pas changé la manière dont le brut a été transporté. Elle ajoute qu'en vertu de la loi canadienne, c'était au destinataire du convoi, Irving, de s'assurer que l'étiquetage était approprié.
«Selon la loi canadienne, Irving était pleinement responsable de tout l'étiquetage du pétrole brut», peut-on lire dans le document.
Quant aux wagons-citernes DOT-111, WFS soutient que l'utilisation de modèles plus résistants n'aurait rien changé au drame de Lac-Mégantic, compte tenu de la vitesse du convoi lors du déraillement et de la puissance de l'impact.
WFS demande à la Cour de ne pas autoriser le recours collectif, en ajoutant cette phrase: «Par contre, si cette Cour devait conclure autrement, il est clair que WFS ne peut être le seul auteur des causes d'action dirigées contre elle, car plusieurs autres défendeurs sont plus sérieusement impliqués en raison de leurs obligations et leur responsabilité contractuelle ou légale plus rigoureuses.»
Le CP a préféré ne pas commenter le dossier, hier. Il n'a pas été possible de joindre un porte-parole d'Irving Oil.
Poursuivie aux États-Unis
Les victimes de Lac-Mégantic ne sont pas les seules à poursuivre World Fuel Services en lien avec le déraillement de Lac-Mégantic. Aux États-Unis, le syndic mandaté pour administrer la MMA pendant sa faillite a aussi intenté une poursuite contre la multinationale.
Le syndic Robert Keach tient WFS responsable de la tragédie en raison du mauvais étiquetage du pétrole. Dans sa poursuite, il soutient que la MMA n'aurait jamais laissé sans surveillance le train qui s'est immobilisé à Nantes le soir du 5 juillet si elle avait connu la véritable nature du pétrole qu'il transportait.
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