Laval n’en a pas fini avec la corruption : en 2015, la ville a saisi l’Unité permanente anticorruption (UPAC) de dix dossiers concernant des gestes allégués de corruption et de malversations en son sein, a appris Le Devoir.
Ces dix dossiers émanent de signalements qui ont été reçus dans un premier temps par le Bureau d’intégrité et d’éthique de Laval (BIEL), créé au printemps 2014 pour protéger l’intégrité de l’administration municipale et détecter des situations de conflit d’intérêts.
Comme il le précise dans son bilan de l’année 2015 — qui doit être rendu public en début de semaine prochaine —, le BIEL transfère à l’UPAC « les signalements liés à des allégations de corruption et de malversation ». Des 150 signalements qu’il a reçus en 2015, 10 sont tombés dans cette catégorie.
« Nous ne pouvons pas confirmer ou infirmer ce genre d’information », a réagi la porte-parole de l’UPAC, Anne-Frédérick Laurence. En déplacement pour un voyage officiel, le maire de Laval, Marc Demers, n’a pas été en mesure de commenter les informations contenues dans le bilan.
Culture de vigilance
Au-delà des gestes de corruption qui semblent encore hanter Laval, le rapport du BIEL fait état d’une nouvelle culture de vigilance au sein de la municipalité, malmenée par l’héritage soi-disant corrompu et collusionnaire de son ex-maire, Gilles Vaillancourt.
Le BIEL a reçu un total 150 signalements en 2015, en hausse de 121 % par rapport aux 68 signalements qu’il avait reçus entre les mois de mars et de décembre 2014. Le Bureau attribue cette augmentation à sa politique de signalement, « qui assure un traitement objectif, confidentiel et anonyme des signalements ainsi que la protection du lanceur d’alerte », selon le bilan.
Des 150 signalements, 48 étaient de nature criminelle, et 34 ont mené à des enquêtes policières. Au final, quatre dossiers criminels se sont soldés par des mises en accusation qui ont entraîné, à leur tour, pas moins de 17 arrestations.
Quelque 14 de ces arrestations ont été faites « dans le cadre d’une fraude lors d’une opération de déneigement », révèle le bilan. Les trois autres arrestations concernent l’« utilisation de faux document », l’« intimidation » et une « commission secrète », dont la teneur n’est évidemment pas révélée dans le rapport.
Le Service de police de Laval, dont relève le BIEL, a décliné la demande d’entrevue du Devoir. Son directeur, Pierre Brochet, commentera le bilan une fois qu’il sortira officiellement, a indiqué le service des relations médias.
Dossiers administratifs
Les 102 signalements qui ne comportaient pas d’allégations de nature criminelle ont été qualifiés de « dossiers administratifs » par le BIEL. Parmi les cas retenus, car fondés, la majorité concernait des allégations de « non-conformité contractuelle » ou de conflits d’intérêts.
Dans huit cas, l’enquête policière s’est soldée par des recommandations « qui sont communiquées aux services concernés afin qu’ils corrigent promptement une situation irrégulière ou établissent de meilleures pratiques », rappelle le bilan du BIEL. Les recommandations ont ciblé quatre catégories d’activités, à savoir la planification des besoins d’approvisionnement, la conformité aux processus d’appels d’offres, l’exécution des contrats des fournisseurs ou la conformité aux politiques et procédures de reconnaissance et de soutien à un organisme à but non lucratif. « Il convient de souligner la bonne collaboration des services lors des enquêtes et de la formulation des plans d’action », se félicite le BIEL dans son bilan.
Laval encore aux prises avec la corruption
En 2015, dix signalements ont été remis dans les mains de l’UPAC
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