Le beau-père et la belle-fille

PQ - succession de Boisclair

Lequel, de Gilles Duceppe ou de Pauline Marois, lèvera la jambe le plus haut? Il paraît que c'est ce qu'il faut pour diriger le Parti québécois, tant les députés, les présidents de région et les présidents des Associations de comté, la nomenklatura du parti en somme, a besoin de se faire botter le derrière! Je ne connais pas la réponse à cette question mais je sais que les attentes seront grandes pour le prochain chef du Parti québécois, au plan de l'autorité en particulier. Et oui... Cela ne leur ferait pas de tort de se faire botter le cul!
Je suis sûr que la première image qui viendra à l'esprit de tout le monde est celle de la toute récente présidentielle française. On l'aura, notre duel Ségo contre Sarko. On n'est pas plus cons que les Français après tout. À ce chapitre de l'autorité, Pauline ne part pas forcément désavantagée par rapport à Gilles: la domination, elle connaît cela elle aussi la madame sauf qu'elle la cache parfois derrière la séduction. Chez le monsieur, c'est moins subtil.
Il n'y a pas de doute que le premier enjeu de cette course sera l'enracinement dans le parti. Les deux appartiennent au Mouvement souverainiste, mais le Bloc et le Parti québécois ne sont pas des partis jumeaux. Celui qui porte le projet souverainiste est d'abord, et presque exclusivement, le PQ. Et à ce titre, c'est Pauline qui l'emporte. Militante dans l'Outaouais, ce qui rend la chose d'autant plus émérite, elle occupe son premier emploi politique en 1978 comme attachée de presse du ministre des Finances, un certain Jacques Parizeau s'il vous plaît!
Arrivé sur le tard
Gilles Duceppe est arrivé à la politique sur le tard, à 43 ans. Et par la porte de côté puisqu'il fut recruté par Lucien Bouchard au temps où le Bloc n'était pas encore un parti mais un rassemblement. Bien sûr, le chef du Bloc a participé aux campagnes du PQ mais s'il fallait faire le décompte des services rendus à l'un et à l'autre, les péquistes en doivent davantage à Pauline Marois.
L'autre critère, sur lequel Pauline Marois va beaucoup insister, est celui de l'expérience du pouvoir. Quoi qu'en disent les slogans électoraux du Bloc québécois, Gilles Duceppe n'en a aucune. En fait, spécialiste de l'opposition, il pourrait sans doute faire un bon chef de parti d'opposition, au point, peut-être, de prétendre déloger Mario Dumont de son poste de chef de l'Opposition officielle. Mais Duceppe premier ministre? On n'a jamais vraiment examiné la question.
L'expérience de Pauline
Pauline, évidemment, a dirigé une douzaine de ministères - y compris tous les plus gros - et a même été vice première ministre. Elle a plus d'expérience de l'administration publique Bernard Landry en 2001. Dans le fond, elle n'a plus rien à apprendre sinon à se faire confiance à elle-même. Les militants suivront. À ce chapitre, Gilles et le soviet suprême qui l'entoure, pècheraient plutôt par excès de confiance.
Cela reste une course à la direction du Parti québécois. Ce sont des membres en règle qui vont voter, tous les membres en règle, et on court toujours le risque que les campagnes au leadership virent aux campagnes de télémarketing. Cependant, l'un et l'autre des deux candidats sont identifiés à un clan: Gilles Duceppe à celui de Lucien Bouchard, et Pauline Marois à celui de Jacques Parizeau. Lequel des deux hommes, pense-t-on, exerce la plus grande autorité morale sur les membres du Parti québécois?
«On n'est pas des quétaines...»
J'ai assisté à quelque chose de curieux cette semaine: la nouvelle ministre de la Culture et des Communications, Christine Saint-Pierre, figure radio canadienne s'il en fut, plongée, pour l'une de ses toutes premières sorties publiques, en plein événement Quebecor.
Car plus Quebecor que la soirée Hommage Quebecor, tu meurs! Néanmoins, tout le monde veut s'y montrer et c'est bien ce qu'il y a de plus surprenant.
Cela aurait pu virer à la soirée de gala, smoking et robes de soirée, télévisée en direct au besoin, mais ce ne fut pas cela. Cela aurait pu être une vaste opération de promotion pour les meilleurs clients et les plus gros fournisseurs, ce ne l'est pas non plus. Même si, à voir les voitures dans le stationnement, il y avait beaucoup de succès et d'argent parmi les invités, l'événement s'impose, malgré son jeune âge, comme celui auquel la communauté artistique veut être vue.
Vigneault et Brassard
Comment pourrait-il en être autrement quand les artistes fêtés cette année étaient Gilles Vigneault et André Brassard? L'hommage au premier n'avait rien de surprenant tant il nous semble, malgré ses 79 ans, contemporain. L'Hommage au second fut par contre un de ces moments de magie dont on se souvient longtemps. Le résumé de sa carrière, écrit par Michel Tremblay - évidemment ! - arrachait des larmes à Brassard et à beaucoup d'invités sans doute. Quand on voit les honneurs que ces deux hommes ont recueillis à travers le monde, on se demande pourquoi ils n'ont pas encore l'Ordre du Canada...
Une réflexion
Plus la soirée avançait, plus les témoignages se manifestaient et plus une réflexion s'imposait à moi: on associerait surtout ces deux grands noms du théâtre et de la chanson à quelque télévision publique, du Québec ou du Canada. De grands médias dits sérieux, se les approprient volontiers. L'un et l'autre, Brassard et Vigneault, firent bien une petite blague à propos du chèque de 50 000 $ signé Pierre Karl Péladeau, mais ils montrèrent surtout une grande émotion de se voir entourés des plus grands noms de la scène.
C'est alors, devinant sans doute mon étonnement intéressé, qu'un ami, cadre supérieur chez Quebecor, me chuchota à l'oreille: «On n'est pas des quétaines...»


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