Duceppe et Marois se lancent dans la course

PQ - succession de Boisclair


Martin Ouellet et Isabelle Rodrigue - Il n'y aura pas de couronnement à la direction du Parti québécois. À quelques minutes d'intervalle vendredi, deux ténors du mouvement souverainiste, Pauline Marois et Gilles Duceppe, ont signifié leur volonté de succéder à André Boisclair.
Le chef du Bloc québécois en a fait l'annonce par voie de communiqué, sur l'heure du midi, devançant de quelques minutes l'ancienne ministre péquiste Pauline Marois.
Contrairement à 2005, où il avait laissé durer le suspense pendant plusieurs jours après la démission de Bernard Landry, Gilles Duceppe aura cette fois mis fin à l'incertitude rapidement. Même les députés du Bloc étaient encore sous le choc, la plupart n'ayant pas vu venir une décision si rapide.
«Dans le meilleur intérêt du mouvement souverainiste, j'estime qu'il est temps de mettre fin au suspense», a déclaré M. Duceppe par voie de communiqué. Il rencontrera la presse lundi à Québec pour préciser davantage ses intentions.
Le chef bloquiste venait à peine de diffuser son communiqué qu'une proche collaboratrice de Pauline Marois confirmait la candidature de l'ancienne ministre.
Mme Marois annoncera sa candidature dimanche, en compagnie des députés qui l'appuient. Elle tentera alors pour la troisième fois de prendre les commandes du PQ, après avoir été défaite dans les campagnes au leadership de 1985 et 2005.
En novembre 2005, elle avait terminé deuxième loin derrière André Boisclair, avec 30 pour cent des voix contre 54 pour cent pour le vainqueur.
L'ex-députée de Taillon multipliait les appels vendredi après-midi pour tenter de gagner des appuis chez les députés. D'ores et déjà, elle peut compter sur le soutien d'une brochette de parlementaires, notamment Bernard Drainville, Marie Malavoy, Sylvain Gaudreault et Jacques Côté.
«Je la trouve admirablement bien préparée pour ce poste. Elle a la maturité et le talent pour expliquer les choses aux gens. Je respecte profondément M. Duceppe, (mais) je fais un choix», a commenté Mme Malavoy.
«C'est son tour à Pauline Marois. Et savez-vous quoi? Je serais très content que le Parti québécois soit le parti qui donne aux Québécois leur première femme au poste de premier ministre», a de son côté estimé M. Drainville.
Sollicitée par Mme Marois, la députée Danielle Doyer s'est limitée à accorder «pour l'instant» son soutien à l'ex-ministre. Elle a refusé de préciser davantage sa pensée sinon pour dire qu'elle s'oppose à la candidature de Gilles Duceppe.
«Comme députée, comme parlementaire, je ne l'appuierai pas. Pourquoi? Parce que je trouve qu'il fait du bon travail à Ottawa et devrait y rester. Ce n'est pas en dispersant les forces que l'on va se renforcer», a-t-elle expliqué.
Dans l'entourage de Gilles Duceppe, des sources expliquent que la décision du chef du Bloc a été prise pour de bon vendredi matin.
Malgré les déclarations des derniers jours de plusieurs députés du PQ, carrément opposés à voir M. Duceppe débarquer à Québec, le chef du Bloc estime avoir les appuis nécessaires pour remporter la course.
«Il faut faire une distinction entre les membres de l'aile parlementaire du parti et les militants et la population», répètent des proches de M. Duceppe.
Une fois sa décision prise, M. Duceppe a appelé Pauline Marois, vendredi, non pas pour discuter de la situation, mais plutôt pour l'en aviser.
«Il s'agissait plus d'un appel de courtoisie», a indiqué une source.
Pour l'heure, deux députés péquistes, Sylvain Simard et Maxime Arseneau, se sont prononcés publiquement en faveur de M. Duceppe.
Le député de Rousseau, François Legault, est demeuré discret vendredi mais a fait savoir, par l'un de ses collaborateurs, qu'il entendait rencontrer les deux candidats avant de faire connaître son opinion. Dans les coulisses, on raconte que M. Legault souhaite encore convaincre Joseph Facal de briguer la direction du parti.
Quant à Louise Harel, elle n'a pas retourné les appels. Proche de Gilles Duceppe, la députée d'Hochelaga-Maisonneuve n'a cependant jamais caché son affection pour Mme Marois.
Le jeune député de Matane, Pascal Bérubé, a salué l'entrée en scène de «deux excellentes candidatures», mais il refuse de se prononcer en faveur de l'une ou l'autre.
«Ce sont deux bons candidats mais il faut qu'ils soient «challengés'«, a-t-il dit, souhaitant une course à trois, au minimum.
Les événements se bousculent au Parti québécois en préparation de la campagne. L'exécutif du PQ doit se réunir «dans les prochaines heures» pour ébaucher les règles de la course au leadership. La proposition sera soumise pour adoption le 26 mai à la conférence des présidents d'association à Boucherville.
L'instabilité du gouvernement minoritaire en place à Québec incite les militants à vouloir agir rapidement. Il est acquis que la période des mises en candidature, qui s'était échelonnée sur 90 jours en 2005, sera considérablement réduite.


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