Le bonnet d'âne

Tribune libre

J’ai enseigné durant plus de 35 ans.
Lorsque j’ai commencé, en 1968, nous étions en pleine Révolution Tranquille. J’ai définitivement pris ma retraite en 2004 mais j’ai continué de faire de la suppléance et de m’impliquer en théâtre dans plusieurs écoles du Québec. Dans mes classes, au cours de toutes ces années, j’ai eu le bonheur d’éduquer et d’enseigner à des milliers d’enfants aux talents particuliers. J’ai rencontré des Léo, des Martine, des Jeanne et des Gabriel… J’avais pour eux un amour inconditionnel.
Je n’en ai jamais rejeté un seul… même si quelquefois, il me fallait faire preuve de plus de fermeté envers certains d’entre eux. Mon «chouchou» était toujours celui qui était le plus délinquant, le plus difficile, mais ô combien souvent le plus intelligent. J’ai toujours cherché à discuter avec lui ou elle, mais je n’en ai jamais mis un seul dans le corridor. Je crois que c’est cela, la pédagogie.
Les Léo étaient sages et obéissants, les Martine, brillantes et articulées, les Jeanne, fortes et taquines, et les Gabriel… souvent turbulents et rebelles.
Ils avaient tous de très belles qualités, quelquefois de vilains défauts, mais leurs yeux pétillaient toujours de fraîcheur et de VIE.
À la fin des années 80, voilà déjà 25 ans, j’ai publié une trilogie se déroulant dans le monde de l’enseignement. L’héroïne du dernier de ces trois romans s’appelait Clémentine Bérubé. Tout comme plusieurs enseignants et enseignantes que j’ai eu le bonheur de côtoyer, elle était fort originale, travailleuse acharnée, enseignante à la veille de sa retraite, mais elle avait la qualité d’aimer tous ses élèves sans jamais en rejeter un seul. Elle a toujours eu la décence de les respecter malgré leurs opinions souvent révolutionnaires et de chercher des solutions même si les problèmes semblaient impossibles à résoudre. Et surtout, elle n’en a jamais diabolisé un seul.
Si j’avais à réécrire ce roman, mon héroïne ne s’appellerait pas Lyne Beauchamps, non, non, jamais… Et le directeur de l’école ne s’appellerait pas Jean Charest, ni Robert Dutil.
Non, non… Ce ne sont pas des pédagogues et je ne peux pas comprendre qu’on ait pu leur donner un brevet d’enseignement pour diriger le Québec. Surtout dans le monde de l’éducation. J’ai honte de ces dirigeants. Au-delà de toute politique, je ne peux pas comprendre qu’il faille subir leur incompétence…
Ils ont le gros bout du bâton avec lequel ils frappent ici et là; ils utilisent encore les vieilles méthodes comme celle du «bonnet d’âne» pour envoyer le «vilain petit canard» dans le coin et le ridiculiser.
Ils punissent, ils ordonnent. Ils ont la vérité, ils sont les maîtres après Dieu et ils ne discutent pas.

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Réal-Gabriel Bujold1 article

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http://www.litterature.org/recherche/ecrivains/bujold-real-gabriel-1140/





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3 commentaires

  • Henri Marineau Répondre

    27 avril 2012

    "Mon « chouchou » était toujours celui qui était le plus délinquant, le plus difficile, mais ô combien souvent le plus intelligent. J’ai toujours cherché à discuter avec lui ou elle, mais je n’en ai jamais mis un seul dans le corridor. Je crois que c’est cela, la pédagogie."
    En tant qu'ancien enseignant, vos propos me rejoignent jusqu'au plus profond de mes convictions, à savoir de toujours "garder contact" avec les jeunes, en particulier avec ceux que j'appelais mes "agités sympathiques"!
    Quant à l'infantilisme dénigrant dont font preuve Charest et Beauchamp en punissant les "pas fins" en ordonnant leur "mise au coin", c'est le seul moyen dont ils disposent pour tenter de se rallier quelques sympathisants déphasés du "law and order" dans la population!

  • Archives de Vigile Répondre

    27 avril 2012

    Avec le minus charest qui ne respecte personne et qui
    a perdu le sens du gros bon sens ,le Québec est à feu
    avec le pyromane charest.

  • Archives de Vigile Répondre

    27 avril 2012

    Ces gredins que vous nommez sont en effet anachroniques dans le Québec que nous voulons. Sans compétence pour mener les destinées d'un peuple, ils agissent en sectaires: un gourou qui force ses lobotomisés à "parler d'une seule voix", tel que proclamé fièrement... Or de qui cet Oméga tient-il son autorité?... De l'Alpha-Maître des médias!
    Quand le PQ persuadait encore des disciples pour l'indépendance, il ne prit jamais les moyens d'abolir ces monopoles de la propagande assimilatrice... Pourquoi?...
    Quelle que soit l'orientation que prendra la nouvelle Révolution engagée par cette génération spontanée de leaders
    (pas si spontanée puisque vous fûtes de leurs formateurs), sauront-ils se prémunir de moyens démocratiques de communication dans un univers amélioré? Sauront-ils aussi se discipliner pour ne jamais sombrer dans la fange de la corruption qui nous saigne actuellement? On pourrait le croire puisqu'ils sont en train de perdre cette année personnelle de formation, pour s'adonner au bien commun, l'intérêt des générations à venir.