Le boulet de l’éthique

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Une enquête approfondie sur la mafia libérale est nécessaire





«Confiance et prospérité». Pour marquer la rentrée parlementaire, Philippe Couillard répétait ces mots comme s’il se croyait lui-même. Malheureusement pour le premier ministre, un nouveau slogan n’efface pas la réalité d’un coup de baguette magique.


Pour qu’il y ait «confiance», il doit y avoir éthique et intégrité. Pour qu’il y ait «prospérité», la dernière chose à faire est de sabrer dans les services publics et de plomber l’économie au nom d’une austérité sourde et aveugle. C’est pourquoi, en matière d’intégrité, poser des gestes concrets parle nettement plus fort qu’une simple «ligne» de presse.


Depuis son élection, son gouvernement rame toutefois dans le sens contraire. Les «affaires» se succèdent, au point de rappeler les effluves troublants de l’ère Charest. Primes dorées d’Yves Bolduc. Cachotteries de Jacques Daoust sur RONA. Ménage en attente au ministère des Transports.


Amitié toxique de Sam Hamad avec l’ex-ministre libéral Marc-Yvan Côté, accusé de corruption. Amitié de Laurent Lessard qui, semble-t-il, se serait avérée payante pour son ex-employé Yvon Nadeau. Embauche de deux transfuges caquistes partis de la CAQ avec des documents confidentiels. Etc.


Relativisme éthique


Or, malgré les soupçons qui, selon la controverse, vont du conflit d’intérêts au copinage, en passant par le mensonge ou le vol, le premier réflexe de M. Couillard demeure inchangé.


Versant à tout coup dans le relativisme éthique, on banalise, défend, exprime sa confiance et accuse l’opposition de faire «diversion». Tout y passe dès qu’un membre de son gouvernement ou de son bureau est pointé. Et ce, avant même de connaître les faits derrière les allégations.


Personne ne demande à un premier ministre de sortir la guillotine à la moindre rumeur d’irrégularité. Ce qui pose problème est l’indifférence initiale de Philippe Couillard même devant les allégations les plus sérieuses.


Noyau dur


Le vrai mystère réside dans le «pourquoi». Ferme-t-il les yeux par insouciance? Par complaisance? Par crainte de se désolidariser d’une famille politique tissée serrée? Ou est-ce tout simplement par arrogance?


L’arrogance d’un parti politique qui, hormis pour la parenthèse Marois, trône au pouvoir depuis 2003. Et qui, grâce à la division tenace du vote francophone depuis l’arrivée de la CAQ, est quasiment certain d’y rester encore longtemps.


Bien avant le présumé «épouvantail référendaire», les libéraux comptent en effet sur leur «noyau dur» pour s’accrocher au pouvoir. Même à son plus impopulaire, le «plancher» du PLQ tourne autour des 35 % d’appuis.


Massivement non francophone, ce noyau d’inconditionnels insensibles aux scandales compte à peine un francophone sur cinq. À terme, on ne s’en sort pas, cela risque de miner sa légitimité démocratique.


On dit que la seule peur des Gaulois d’Astérix était de voir le ciel leur tomber sur la tête. La vraie peur du PLQ est de voir son faible vote francophone produire un gouvernement minoritaire en 2018 – libéral, péquiste ou caquiste.


Si le premier ministre persiste dans le relativisme éthique et l’affaiblissement des services publics, sa seule crainte pourrait bien finir par se matérialiser. Et ce, même s’il sort des baisses d’impôt tout juste avant l’élection.




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