Des policiers de l’Unité permanente anticorruption (UPAC) déplorent que l’ex-premier ministre Jean Charest ait publiquement dénigré leur travail. Leur patron a même senti le besoin de réaffirmer publiquement l’indépendance du corps policier, hier.
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Plusieurs sources policières qui ont requis l’anonymat s’entendaient pour dire, hier, que les déclarations de M. Charest leur compliquaient la tâche.«Ça nous met de la pression», a lancé sèchement hier une source bien au fait de l’enquête Mâchurer.
La veille, dans une entrevue à Radio-Canada, l’ex-premier ministre s’était montré très critique à propos de l’enquête Mâchurer de l’UPAC, dont il est l’une des cibles. L’enquête s’intéresse à des allégations de trafic d’influence et de financement illégal au Parti libéral du Québec (PLQ).
Partie de pêche
Il avait comparé les démarches de l’UPAC à une « partie de pêche », et avancé que l’organisation avait écrit des affidavits «pour lesquels elle a été totalement discréditée».
«Imaginez une seconde que l’UPAC et le DPCP en arrivent à la conclusion qu’il n’y a pas suffisamment de preuves pour accuser Jean Charest ou [son ex-argentier] Marc Bibeau. Le public va dire que les policiers ont subi l’influence des politiciens et des ex-politiciens», a dit hier une autre source à notre Bureau d’enquête.
«Si l’UPAC a rencontré 300 personnes dans Mâchurer, ça doit être parce qu’on fait notre travail avec sérieux, c’est le contraire d’une partie de pêche», a poursuivi cette source.
Indépendance politique
L’ex-chef du PLQ n’est pas le seul de son clan à avoir interpellé publiquement l’UPAC récemment. Vendredi dernier, son avocat Michel Massicotte avait demandé au corps policier de mettre un terme à Mâchurer.
Des propos repris hier matin par Marc Tanguay, leader parlementaire du PLQ. «On demande à l’UPAC, réellement, de mettre un point final, d’une façon ou d’une autre, à cette enquête-là», a-t-il affirmé lors d’un point de presse à l’Assemblée nationale.
Dans un communiqué émis hier après-midi, Frédérick Gaudreau, commissaire à la lutte contre la corruption et patron de l’UPAC, a répliqué pour défendre son indépendance.
«Le commissaire doit, dans l’exercice de ses fonctions, prendre ses décisions indépendamment de toutes considérations politiques partisanes», a-t-il rappelé.
Il est exceptionnel que le patron de l’UPAC fasse une telle sortie. Le corps policier ne publie habituellement des communiqués que pour annoncer des arrestations, ou pour le dépôt d’un rapport public.
- Avec la collaboration de Vincent Larin