Se sauver, pour «sauver la face"! Voilà comment peindre l'ancien champion onusien du maintien de la paix dans le monde. A s'y méprendre, Harpeur et les conservateurs précipitent le pays dans la délinquance humanitaire extrême, voire dans la déliquescence brutale. Son discours farcis d’angélisme nous endort, et nous fait avaler à petites gorgées la potion recroquevillante. Avec Harper.
La claque était prévisible.
Le gouvernement Harper nous l’a cyniquement commandée. Il a cru que le monde se serait aligné à la résurgence de la barbarie militariste à peine voilée, telle que pratiquée par l’empire anglo-américain, hélas le monde n’est pas dupe. Ce gouvernement est tombé des nuages. De Stephen Saint-Laurent à P. Eliot Trudeau en passant par Lester B. Pearson, le Canada s’est mérité une place au podium des grandes nations. Sous Chréstien et Martin, je ne sais pas dire si le Canada s’est maintenu sur son orbite ou s’il s’en est légèrement écarté. Le fait est que sous Trudeau, le Canada était distinct des USA, et sous Harper c’est le Québec qui se voudrait distinct du Canada.
Un feu qui couve depuis longtemps.
Sous Harper, le Canada n’est plus le Canada. Si Harper ou sa vision reste, il faudra renommer ce pays. Harper, ce n’est pas que du conservatisme extrême. Je saurais m’accommoder des conservateurs moralisateurs, après tout ce qui compte c’est l’harmonie de vie. Hélas, harper est le fossoyeur de concitoyens canadiens comme l’Albertain Ronald Allen Smith dans le couloir de la mort aux Usa, ou Omar Khadr dans celui de la dégradation humaine à Gauantanamo. Et bien d’autres cas tenus à l’ombre des projecteurs médias.
La dignité humaine et le respect des droits humains sont cyniquement bafoués par Harper et ses ministres, à tel point que le Canada a rejoint les rangs de pays délinquants. Rien qu’à se remémorer le drame de Droits et Démocratie au milieu duquel son président Rémy Beauregard a perdu la vie. C’était en 2008. Manifestement, Droits et Démocratie, un organisme public non partisan de veille sur l’état des droits humains, devait déranger les conservateurs s’il n’était aligné à leur vision. Bien d’organismes humanitaires, non partisans, se sont du jour au lendemain vus couper les vivres par le gouvernement Harper, parce qu’ils venaient en aide aux victimes des guerres de colonies au moyen orient. De mémoire, rappelons le cas de KAIROS qui aide les Palestiniens à survivre du joug leur imposé par Israël. La coupe à blanc n’a pas été dirigée uniquement vers l’action humanitaire. La culture, l’environnement et l’information peignent un tableau noir sur le drapeau du Canada. Comme si cela seul ne devait suffire, Harper n’a nommé à la diplomatie que des ministres doués pour faire rire de nous. «C’est la faute à l’opposition!», a lâché l’honorable Lawrence Cannon tentant d’expier son échec. Souvenons-nous du passage de Peter Mackey au sommet de Naïrobi sur le réchauffement climatique en 2006, et de la déclaration de Harper faite à Kampala la veille du sommet de Bali (Kyoto II) en 2007, qualifiant d’erreur le protocole de Kyoto. Etcetera.
En 2006, je criais et écrivais que Boisclair était moins séparatiste que Harper http://www.pressegauche.org/spip.php?article364 «Au Canada, alors que les souverainistes québécois peinent à rallier des concitoyens à une cause séparatiste, un homme et son gouvernement, démocratiquement portés au gouvernail fédéral, réussissent avec brio à clarifier et tonifier la perception québécoise de « société distincte » et le désir de souveraineté. Ces jokers du séparatisme ne sont pas ceux que d’aucuns s’imagineraient. Ce n’est ni Boisclair, ni Duceppe, ni Parizeau ni Luc Merville. Prônant le militarisme à l’américaine et la franchisation (franchising) d’Ottawa sous influences de Washington, Harper engage une partie de la nation dans la désillusion et la négation des valeurs canadiennes et québécoises, au point de placer le pays à la croisée des chemins. Je ne ferais pas allusion à la guerre des « faucons » Américains en Afganistan ou en Irak, ni à celle de leurs cousins israéliens au Liban, tellement ces barbaries nous sont lointaines et inexplicables comme le rejet par le seul Canada de Harper, de la motion du Conseil de Sécurité condamnant l’extension des colonies juives en territoires occupés. Une voix contre sur 47, la voix du Canada ! Ça n’a rien de canadien, ça sens plutôt l’américain. Pendant que les Québécois et une large majorité de Canadiens des autres provinces réclament sans espoir le règlement du déséquilibre fiscal, pendant que partout au Canada la pauvreté gagne inexorablement du terrain et met en périr l’espoir des jeunes et des retraités, Harper vide généreusement les coffres fédéraux dans les gouffres du militarisme».
Entre le vrai et l’ivraie.
La politique étrangère du Canada est peut être plus vraie que diplomatique sous l’actuel régime, mais elle met le pays à poils, et ca ne peut être que très dommageable. L’espoir des peuples n’a pas de prix. Et c’est payant de semer l’espoir. Le Canada n’a sûrement jamais été strictement pacifiste, mais il aura été cette voix de l’humanité lointaine que tout le monde entendait et appréciait. Le Canada qui détenait les technologies du nucléaire, s’abstenait de toute course aux armes de destruction massive. En échange, le monde nous ouvrait les bras, heureux de faire affaires avec le Canada. Et, en plus des excédents commerciaux importants, le Canada est devenu le havre de la paix. Des peuples déchirés par la barbarie y trouvent refuge, dans l’espoir de laisser derrière eux leurs stupides différends. Ainsi, des Hutu et Tutsi, des Serbes et des Croates, etc., à l’instar des Juifs et des Palestiniens, revivent sans heurts dans un même cœur de Canadiens.
Mais, voici que Harper prône le parti pris, et choisit ses camps. En agitant sa casquette pro-israélienne, il aliène au Canada la sympathie des pro-la-paix. Pire, il ouvre la porte aux sentiments d’adversités pour qu’ils nous rattrapent au galop.
La gifle d’aujourd’hui devrait nous ouvrir la conscience de nous-mêmes. Elle n’est nullement adressée aux conservateurs, de toute façon la sécurité pour eux c’est Israël, l’Angleterre et les États-Unis. A se demander d’ailleurs quelle mouche les a piqués pour qu’ils demandent à siéger au Conseil de Sécurité! Après Trudeau, le cœur du Canada a changé, ou plutôt le Canada a été mal représenté dans le monde. Dans les situations catastrophiques et chaotiques que notre monde ait connues, le Canada n’aura pas été à la hauteur des attentes. L’annonce initiale de 100 mille dollars d’aide aux victimes du tsunami en 2004, en dit long sur notre fonds d’empathie et de solidarité envers autrui. Haïti. L’implication la même année du Canada dans le départ du président Jean-Bertrand Aristide, l’élan suiviste et lymphatique de secours après les tremblements en janvier 2010, se passent de tout commentaire. Peut-on passer sous silence le rôle ou l’apparente absence de rôle du Canada dans les tragédies qui ont détruit le Rwanda, l’Irak, que sais-je encore? L’on ne peut excuser l’inaction, ou l’erreur de jugement qui mène à prendre parti de celui qui mène le jeu. Dans ces deux pays, le Canada a joué des basses dans la partition des USA. Peut-on savoir pour quels intérêts que le rôle traditionnel n’aurait protégé, et qui en est imputable? Non, inutile et sans importance! Car, il y a des secrets d’états que l’état lui-même doit ignorer, notamment ceux des individus corrompus à l’égoïsme. Trente ans plus tard, d’autres après nous sauront comment le blason du Canada a terni. Si hier le Canada pouvait trahir son drapeau blanc hissé au plus haut des mas, qu’en est-il maintenant qu’il est en berne, disons même jeté à la poubelle!?
Pour tout ce qui précède, les citoyens québécois ou canadiens qui avons à cœur l’héritage de Stephen Saint-Laurent et Lester B. Pearson, sommes interpellés. Sont également interpellés tous les élus et toutes les gens d’influences, afin qu’ils recentrent leurs visions sur l’importance pour le Canada, pour le Québec et le monde, de la paix et la solidarité entre les peuples.
La claque de face qui fait mal
Le Canada derrière les portes fermées du conseil de sécurité.
Sauver la face ou sauver le pays?
Tribune libre
François Munyabagisha79 articles
Psycho-pédagogue et économiste, diplômé de l'UQTR
(1990). Au Rwanda en 94, témoin occulaire de la tragédie de «génocides»,
depuis consultant indépendant, observateur avisé et libre penseur.
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