Karine Fortin - Il lui aura fallu plus d'un mois, mais le gouvernement du Canada a finalement décidé de reconnaître mardi l'indépendance du Kosovo, une province de l'ex-Yougoslavie qui était sous tutelle des Nations unies depuis 1999.
La nouvelle a été confirmée en après-midi par le ministère des Affaires étrangères, qui a souligné qu'un grand nombre de pays, «y compris nos partenaires du G7 et beaucoup de nos proches alliés», avaient déjà reconnu l'existence du plus jeune pays d'Europe.
«L'évolution du Kosovo vers un État démocratique et multiethnique qui respecte totalement les droits de la personne est essentielle à la paix, à la stabilité politique et au progrès économique dans les Balkans. Dans ce contexte, le Canada reconnaît cette nouvelle réalité internationale», peut-on lire dans le communiqué.
L'ambassadeur de Serbie au Canada avait indiqué quelques heures auparavant qu'il était rappelé dans la capitale de son pays, Belgrade, pour des «consultations». Dans le langage diplomatique, ce geste doit être compris comme une expression de profond mécontentement.
La Serbie maintient en effet que le Kosovo est une partie inaliénable de son territoire et considère sa déclaration d'indépendance, après un référendum tenu le 17 février dernier, comme «nulle» et «illégale».
La république a obtenu l'appui d'une vingtaine de pays dont la Russie ainsi que de la Chine qui redoutent les conséquences de cette proclamation sur la stabilité de la région et craignent que le Kosovo devienne un exemple pour d'autres régions sécessionnistes, ailleurs sur la planète.
La reconnaissance du Kosovo était un dossier chaud pour le gouvernement de Stephen Harper. Ottawa craignait notamment de provoquer la colère des Canadiens d'origine serbe.
En coulisses, certains confiaient en outre qu'ils craignent que le Kosovo n'inspire les souverainistes du Québec.
La décision longuement murie des conservateurs a été saluée par l'opposition, qui s'impatientait devant le mutisme d'Ottawa.
Pour le porte-parole libéral en matière d'Affaires étrangères, Bob Rae, le gouvernement a pris la décision qui s'imposait. D'après lui, il n'y a absolument «aucun» parallèle à faire entre la situation du Kosovo et celle du Québec.
C'est aussi l'avis du Bloc québécois. «On va se réjouir du fait que le Canada se soit enfin prononcé, pour le plus grand bien du peuple kosovar», a déclaré Viviane Barbot, porte-parole adjointe du Bloc en matière d'affaires étrangères.
Photo AFP
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