Comme les braves Gaulois d'Astérix, les péquistes ne craignent qu'une chose ces temps-ci: que le ciel leur tombe sur la tête.
Encore une fois, le PQ a dominé la session parlementaire d'un bout à l'autre. Accablé par la multiplication des scandales et des allégations de favoritisme, le gouvernement Charest a eu grand peine à conserver un semblant de contrôle de l'ordre du jour politique.
L'image du PLQ et celle du premier ministre lui-même ont été considérablement ternies. Le taux d'insatisfaction atteint des niveaux records. Dans ses sondages internes, le PQ détient une avance de 30 points sur l'électorat francophone. Le problème, c'est le temps. Les prochaines élections n'auront lieu que dans deux ou trois ans.
Les péquistes ont déjà joué dans ce film. À la veille du congrès de juin 2005, leurs chances de reprendre le pouvoir après un seul mandat dans l'opposition semblaient aussi bonnes. Jamais un gouvernement n'avait accumulé autant de bourdes en si peu de temps. Le scandale des commandites aidant, le PQ pouvait même espérer être en mesure de tenir un autre référendum sur la souveraineté.
Soudainement, patatras! Le 7départ-surprise de Bernard Landry, le règne désastreux d'André Boisclair et la montée fulgurante de l'ADQ ont rapidement transformé le rêve en cauchemar. Après 40 ans d'histoire, certains se demandaient même si le PQ n'était pas condamné à disparaître.
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À l'ajournement des travaux de l'Assemblée nationale, en décembre dernier, le premier ministre Charest avait fait le pari qu'avec les distractions du temps des Fêtes, la fièvre olympique et le débat sur le budget, le mouvement en faveur d'une enquête sur la corruption dans l'industrie de la construction s'essoufflerait.
Malheureusement, les médias ont été particulièrement efficaces dans leurs enquêtes. La persévérance du député de Gouin, Nicolas Girard, qui n'a pas lâché le filon des garderies, a même forcé M. Charest à sacrifier un deuxième ministre sur l'autel de l'intégrité.
Certains au PQ commencent cependant à se demander s'il sera possible de maintenir l'opinion publique dans le même état d'indignation pendant une troisième session consécutive. Tôt ou tard, la lassitude finira par s'installer.
Personne ne croit que la commission Bastarache trouvera quoi que ce soit de sérieusement répréhensible dans le processus de nomination des juges, mais elle pourrait avoir pour effet de satisfaire l'appétit d'enquête dans la population.
Le PQ a bien identifié les mesures qui touchent la santé comme le maillon faible du budget Bachand, mais la croissance inespérée de l'économie pourrait bien permettre au gouvernement de faire l'économie du ticket modérateur et, qui sait, de la contribution de 200 $.
Jusqu'à présent, les négociations pour le renouvellement des conventions collectives dans le secteur public sont loin d'avoir provoqué le psychodrame que plusieurs anticipaient, bien au contraire. Qui aurait cru que la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau, allait faire encore une fois l'éloge du gouvernement?
On est encore loin d'une entente sur les salaires, mais l'inclusion des ententes sur les clauses normatives dans une éventuelle loi spéciale la rendrait nettement plus acceptable aux syndicats. Que les négociations achoppent sur les salaires contribuerait même à démontrer aux nombreux sceptiques que le gouvernement est sérieux dans sa détermination à diminuer ses dépenses.
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M. Charest répète à qui veut l'entendre qu'il adore son travail, mais plusieurs ont vu dans sa renonciation aux 75 000 $ que lui versait le PLQ le signe qu'il s'apprête à tirer sa révérence. Les conjectures sur sa succession vont bon train, mais discrètement.
Même si personne au sein du caucus des députés ne manifeste ouvertement le moindre désir de le voir quitter la scène, on a quand même laissé courir à deux reprises au cours de la session des rumeurs de remaniement ministériel, qui ont toujours pour effet de faire taire les murmures.
Bien que le premier ministre demeure un redoutable adversaire, les péquistes souhaitent qu'il reste. À son troisième mandat, même si le deuxième a été passablement écourté, il commence à être usé. S'il part, il risque d'emporter avec lui plusieurs des griefs à l'endroit de son gouvernement.
Même si on a trouvé quelques squelettes dans ses placards, Pauline Marois a connu une bonne session. Il est vrai que les débats à l'Assemblée nationale n'ont pas été très édifiants, mais en échangeant coup pour coup avec M. Charest, elle a démontré à ceux qui en doutaient qu'elle avait le coffre nécessaire pour être première ministre. Il reste que la chef du PQ «ne passe pas» dans une partie de la population.
La vice-première ministre, Nathalie Normandeau, fait actuellement figure de favorite dans l'éventualité où M. Charest annoncerait son départ, une fois qu'il aura été blanchi par la commission Bastarache. Mme Normandeau n'est pas une penseuse, mais c'est une redoutable politicienne. Les péquistes n'en reviennent pas encore de la façon dont elle leur a subtilisé le thème de l'indépendance énergétique. Si les Québécois décidaient d'élire une femme première ministre, pourquoi pas elle?
En cas de coup dur, les Gaulois d'Astérix avaient au moins la potion magique de Panoramix. En politique, il n'y a pas de potion magique.
Le ciel sur la tête
M. Charest répète à qui veut l'entendre qu'il adore son travail, mais plusieurs ont vu dans sa renonciation aux 75 000 $ que lui versait le PLQ le signe qu'il s'apprête à tirer sa révérence.
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