Dans quelques jours aura lieu le premier congrès de convergence du mouvement indépendantiste. Le but de ce rendez-vous est de contribuer à répondre à deux grandes questions. La première, que nous appelons la question de la convergence nationale, consiste à savoir de quelle façon le mouvement indépendantiste peut se doter d’une stratégie commune, voire d’un socle de revendications communes. La deuxième, que nous appelons la question de la convergence électorale, consiste à savoir de quelle façon organiser des ententes électorales permettant aux trois partis indépendantistes de devenir majoritaires à l’Assemblée nationale.
Ces deux questions sont devenues incontournables pour le mouvement souverainiste. Celui-ci ne se trouve plus dans le même contexte politique qu’en 1980 ou 1995. Le PQ, certes, continue d’être le pivot central de ce mouvement, mais celui-ci n’est plus à sa remorque et se présente, aujourd’hui, sous un jour tout à fait nouveau. En ce sens, la main tendue du PQ aux deux petits partis, QS et ON, afin qu’ils se sabordent et s’unissent à lui relève soit d’un humour mal placé, soit d’une inquiétante incompréhension de l’état actuel du mouvement souverainiste.
Chacun de ces trois partis revendique, à juste titre, une stratégie et une philosophie d’action différentes et cherche à se partager le vote indépendantiste et progressiste. Ce regain d’activisme est une bonne nouvelle en soi. Il contribue à enrichir le mouvement, à le diversifier et à élargir sa portée.
Mais, cette prolifération de partis est au moins aussi lourdement chargée de menaces. La première d’entre elles est la possibilité que, convaincu qu’il n’a pas d’identité propre en dehors des partis, le mouvement s’enfonce dans les querelles de tranchées et la partisanerie.
Au point où nous en sommes, il est devenu urgent de travailler à créer des espaces de dialogue intelligent et, autant que possible, non partisan. C’est pourquoi nous sommes des dizaines de bénévoles engagés dans l’aventure d’organiser un congrès ouvert à tous les indépendantistes, sans discrimination partisane ou idéologique. Le congrès de la Convergence nationale doit se comprendre comme une affirmation de l’existence non partisane du mouvement indépendantiste.
Contrairement à l’image qui se dégage de l’histoire contemporaine du Québec, le projet souverainiste n’appartient pas à un parti (le PQ) et il n’appartiendra pas plus à plusieurs partis (le trio). Les militants indépendantistes et leurs organisations non partisanes doivent exister sur une base autonome, en dehors des logiques partisanes et malgré elles.
Or, parce qu’elle place la patrie avant les partis -comme le dit si bien Bernard Landry - notre proposition n’est pas faite pour plaire à tous. Remarquez que depuis que notre équipe de bénévoles a annoncé la tenue de ce congrès, les trois partis se sont éloignés, chacun à leur façon, de la possibilité de conclure des ententes électorales.
Cet éloignement stratégique ne rend pas pour autant caduc le congrès de la Convergence. Au contraire, des milliers de militants et de sympathisants des trois partis souhaitent la discussion que nous proposons. Que les partis refusent de s’associer formellement à cette démarche ne nous relève pas de notre responsabilité collective de poser le problème de l’unité d’action dans le respect de la diversité politique et d’y réfléchir. Il faut faire avancer le mouvement souverainiste dans son ensemble et l’aider à composer avec son hyper partisanisation.
S’agissant d’ententes électorales, au-delà de leur principe même, il n’y a pour l’instant aucune proposition concrète à leur sujet. Il est donc urgent d’y réfléchir de façon transparente et en ne faisant primer que l’intérêt supérieur de la nation. Nous croyons qu’il appartient à la société civile de faire une proposition en ce sens aux trois partis. C’est pourquoi nous allons proposer aux participants du congrès de la Convergence d’adresser une demande en ce sens au Conseil de la souveraineté du Québec.
Peut-être que notre discussion n’aura aucun impact sur le prochain rendez-vous électoral. Mais nous croyons que cette convergence électorale s’imposera tôt ou tard comme une condition nécessaire de l’évolution du mouvement souverainiste.
Une autre condition de cette évolution devrait être un socle de revendications communes à la majorité des acteurs souverainistes. Et, au cœur, de ce socle devrait se trouver une proposition concernant l’accession à l’indépendance. Voilà plus de 40 ans que le mouvement indépendantiste évolue dans le cadre de la même stratégie : proposer un « bon gouvernement » puis un référendum. De toute évidence, les propositions stratégiques faites par QS et ON prennent leurs distances vis-à-vis d’un processus ayant l’étrange caractéristique de n’être constitué que d’un seul volet : le déclenchement d’un référendum dont la question et la date sont seulement connues de l’exécutif d’un gouvernement du PQ majoritaire.
C’est pourquoi, dans la conjoncture actuelle, après deux défaites référendaires et après l’éclatement du pari de l’unité partisane la question mérite d’être reposée : s’agit-il toujours de la bonne stratégie? Pouvons-nous travailler ensemble à définir une stratégie commune sur ce point névralgique?
Nous pensons qu’en ce qui concerne notre avenir national, chaque militant de l’indépendance doit assumer des responsabilités et faire acte de volontarisme. C’est l’esprit qui anime plusieurs dizaines de bénévoles qui, dans l’ombre, s’activent pour préparer ce congrès et la raison pour laquelle ils invitent tous les citoyens et les citoyennes préoccupés par ces enjeux à y participer les 24, 25 et 26 mai à l’UQAM.
Atïm León, membre du comité directeur du congrès de la Convergence nationale et conseiller syndical à la FTQ
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