Le Conseil national du PQ : entre l’abattoir... et l’espoir

Tribune libre 2008

L’abattoir : je pourrai dire que j’y étais.

J’étais là quand j’ai vu ce qui restait d’indépendantistes au PQ, demander, amendement après amendement, bloc par bloc, de modifier la proposition de l’exécutif national. Je pourrai dire que j’y étais, lorsque le programme de pays a été enterré. Je pourrai dire que j’y étais, quand j’ai vu les indépendantistes de Montréal-Centre et Montréal-Ville-Marie livrer bataille.

Je pourrai dire que j’y étais, lorsque j’ai vu Louis La Rochelle, président-substitut de Westmount St-Louis, appuyer les propositions indépendantistes, une par une. À un point tel que la présidente d’assemblée, visiblement irritée, a qualifié Monsieur La Rochelle " appuyeur national ".

Je pourrai dire que j’y étais lorsque Marc Laviolette, du SPQ libre, a présenté sa proposition d’initiative référendaire. Point rapidement écarté par la présidence d’assemblée, puis rétablie par l’intervention de Pauline Marois, voulant clore le débat une fois pour toutes. Je pourrai dire que j’ai vu ces serviles militants s’écraser devant leur déesse, la laissant passer directement au micro. Je pourrai dire que j’ai entendu de mes propres oreilles, Madame Marois dire qu’elle ne voulait plus discuter de la façon de réaliser l’indépendance. Je pourrai dire que j’ai entendu les moutons de Panurge applaudir à tout rompre l’enterrement des moyens de réaliser l’indépendance.

Je pourrai dire que j’étais là, quand j’ai entendu la présidente du PQ de St-Jean, reprendre les arguments du député péquiste vétéran François Gendron et clamer haut et fort qu’il ne fallait pas rapatrier nos impôts, de peur de toucher au " rêve souverainiste " et nuire au référendum … très hypothétique et très lointain. Je pourrai dire que j’ai vu un délégué dire qu’il fallait respecter la constitution " canadian ". Je pourrai dire que j’ai entendu des ex-militaires, pour des raisons pacifistes, refuser que le Québec se dote d’une force de paix.
Je pourrai dire que j’ai vu un militant péquiste de Yamaska refuser les États généraux de l’indépendance, sous prétexte que le Parti Québécois est la seule formation souverainiste au Québec. Paradoxalement, j’ai déjà entendu ce discours dans un autre parti qui se nomme " indépendantiste " parce qu’il se qualifie le seul à être indépendantiste !

Je fus aussi absent. Je fus absent lorsque les indépendantistes résolus furent muselés, menacés, forcés à l’absence. Un conseil national ça se prépare. Une apparence d’unité, ça se concocte en douce, dans les coulisses. On a menacé un indépendantiste de perdre son emploi s’il participait au Conseil national.

Celui-là, il n’était pas là.

Par contre, je pourrai dire que j’étais là quand j’ai vu toute résistance, toute contestation écartée et étouffée. Ce ne fut pas une lutte à armes égales. Ce fut un abattoir.

L’espoir : l’unité

Je pourrai dire que j’ai vu aussi l’espoir.

Lorsque les velléitaires applaudissaient, j’ai vu cette rangée de militants purs et durs rester de glace. J’ai vu l’espoir quand les indépendantistes se sont alliés aux syndicalistes pour rapatrier l’assurance emploi. Le programme de pays, dans sa presque totalité, a été défait. Cette enclave de programme de pays sera rapidement oubliée. Les indépendantistes de " Vigile " en ont vu d’autres. Une plate-forme, ça s’oublie. Toutefois, nous devons retenir l’union.

J’ai vu l’espoir lorsque plusieurs indépendantistes conséquents et déterminés sont sortis de l’atelier en se réunissant.

L’indépendance se fera dans l’UNION, ou elle périra par la division.

Frédéric Picard

Squared

Frédéric Picard16 articles

  • 13 108

St-Jean-Sur-Richelieu

Membre de l'Union démocratique pour l'indépendance du Québec (UDIQ)





Laissez un commentaire



2 commentaires

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    19 mars 2008

    Ben voilà!
    Quand un club ne nous convient pas, on va jouer ailleurs!

  • Archives de Vigile Répondre

    19 mars 2008

    Bravo monsieur Picard pour votre lucidité.
    Il ne vous reste qu'à tirer vos conclusions. A moins que vous préfériez encore, mais encore, militer dans un parti qui bafoue constamment, et ses membres et son programme?
    Pierre B.