Pendant des semaines, la ministre responsable de la Charte de la langue française, Christine St-Pierre, a soutenu que son projet de loi sur les écoles passerelles aurait pour effet de renforcer la situation du français au Québec.
Ce grossier sophisme s'appuyait sur d'autres éléments du projet de loi originel. Pour dorer un peu la pilule, on y avait inclus des articles qui prévoyaient notamment une modification de la Charte des droits et libertés de la personne pour consacrer l'importance du français, ainsi que des dispositions relatives à son emploi dans les organismes municipaux.
En cours de route, le projet de loi a cependant été scindé, de sorte que ces articles ont été exclus du bâillon qui a été imposé à la mi-octobre. Hier, l'Assemblée nationale a ajourné ses travaux sans les adopter. Ils mourront tout bonnement au feuilleton. «Ça va faire partie des travaux qui vont être proposés l'an prochain», a indiqué le premier ministre Charest. Cela semblait bien vague.
Il est vrai qu'il a d'autres chats à fouetter. Son annus horribilis, a-t-il dit. Le problème est que cela empire d'une saison à l'autre. L'automne a été plus éprouvant que le printemps dernier, déjà plus difficile que le précédent.
Dans quel état M. Charest sera-t-il en juin prochain? Il répète à qui veut l'entendre qu'il adore son travail, mais son opiniâtreté, qui peut sembler admirable à certains, commence à ressembler à du masochisme.
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Il s'est bien promis que la nouvelle année marquera un nouveau départ, mais les nuages s'accumulent déjà à l'horizon. Le rapport de la commission Bastarache ne devrait pas trop l'écorcher, mais il comptait quand même sur la dinde du temps des Fêtes pour en faciliter la digestion.
D'ici la fin janvier, la décision de la Régie du bâtiment concernant les entreprises de Tony Accurso trouvées coupables de fraude fiscale viendra rappeler à ceux qui l'auraient oublié que seule une enquête publique permettrait de démanteler un système qui semble dangereusement bien rodé.
Il est certainement frustrant pour M. Charest de constater que l'étonnante performance de l'économie québécoise au cours de la dernière année ne tempère en rien l'insatisfaction de la population. Dans ces conditions, le discours inaugural, sur lequel il mise énormément, risque d'être un coup d'épée dans l'eau.
Maintenant que les prévisions de croissance doivent être révisées à la baisse, la problématique budgétaire va encore se compliquer. Personne ne croit sérieusement à la possibilité d'abaisser le rythme de l'augmentation des dépenses sous la barre des 3 %.
Ces derniers temps, on a eu l'impression de revivre les heures difficiles du premier mandat, alors que le gouvernement semblait déterminé à mécontenter une clientèle après l'autre. Après l'éruption de colère des producteurs agricoles au récent congrès de l'UPA, les étudiants et les syndicats ont claqué la porte du Sommet sur le financement des universités. Qu'est-ce que ce sera quand il faudra réellement dégraisser?
Il est vrai que l'Assemblée nationale est une bulle qui ne reflète pas toujours fidèlement l'état d'esprit de la population, mais l'acrimonie grandissante qui caractérise ses débats laisse penser que le climat social pourrait aussi se détériorer.
Il faut maintenant prendre garde aux étincelles. Un débat comme celui sur le gaz de schiste peut devenir très explosif. Clairement, le gouvernement ne se résoudra pas à imposer un moratoire, mais il compte beaucoup sur les audiences du BAPE pour le sortir de l'impasse. S'il recommandait, par exemple, de s'en tenir à un petit nombre de projets pilotes, on lui serait très reconnaissant.
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Même si le projet d'un nouveau parti politique de centre droit dirigé par François Legault semble mort-né, les libéraux tablent sur les débats au PQ pour détourner les projecteurs. Les récents rebondissements de l'affaire Michaud démontrent que sa cohésion demeure fragile, même si la victoire à l'élection partielle dans Kamouraska-Témiscouata a certainement consolidé le leadership de Pauline Marois.
M. Charest ne manquera certainement aucune occasion de semer la zizanie au PQ. Hier, il a cherché à opposer Mme Marois à Gilles Duceppe sur l'initiative discutable du Réseau de résistance des Québécois, qui a diffusé sur Internet les coordonnées des gros contributeurs à la caisse libérale et les a ouvertement désignés comme «cible».
Le premier ministre serait également ravi que Stephen Harper ait l'idée d'appeler les Canadiens aux urnes tôt en 2011. Il a récemment souhaité que la prochaine campagne soit l'occasion de poursuivre le débat sur la lutte contre les changements climatiques. Asticoter Ottawa est toujours rentable et l'environnement est probablement le seul dossier autour duquel le premier ministre peut encore rassembler les Québécois.
S'il arrive à distraire l'opinion publique temporairement, M. Charest ne peut cependant plus espérer que le mouvement en faveur d'une enquête publique s'essouffle de lui-même. Il doit vraiment craindre ce qu'on pourrait découvrir pour courir ainsi au-devant des problèmes.
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