Le pari de Legault

CAQ - Coalition pour l’avenir du Québec



François Legault vient de publier son manifeste.
Au programme : assainissement des finances ­publiques, réforme de l’État, revalorisation de l’éducation, croissance économique. Rien d’exceptionnel, rien d’insignifiant non plus dans cet appel à la ­modernisation du modèle québécois.
Plusieurs l’ont noté, ce programme pourrait être celui du PQ, du PLQ et de l’ADQ. C’est juste. À condition d’ajouter une nuance importante. C’est qu’aucun des trois partis ne le porte en ce moment ni n’entend l’appliquer de quelque manière.
De ce point de vue, ceux qui demandent quel créneau ­politique occupera François Legault ont leur réponse. ­Legault cherchera à occuper l’espace de la détermination politique dans une société ruinée par le sentiment de son impuissance collective. Stratégiquement, il ne s’agit pas d’un si mauvais pari.
Malheureusement, la vision politique de François ­Legault semble fondamentalement technocratique, malgré ses efforts évidents pour s’en affranchir. Cette perspective est exacerbée par le carcan provincial qui rabougrit la société québécoise en hybride de CPE et de CLSC.
On le voit avec l’éducation, dont Legault veut faire une priorité absolue en plaidant même pour un retour au primat des connaissances dans l’école. Fort bien. Et surprenant, quand on sait qu’il a longtemps adhéré à la réforme scolaire avec sa pédagogie du nivellement par le bas.
Mais une telle restauration passera nécessairement par la débureaucratisation du système scolaire. Sans une remise en question explicite de la monstrueuse bureaucratie du ministère de l’Éducation, l’école demeurera sous sa tutelle. On pourrait multiplier les exemples semblables.
En fait, il y a une certaine fadeur dans le manifeste de François ­Legault. Cette prudence exagérée et consensuelle est peut-être le prix à payer dans la formulation d’un programme politique responsable évitant tout débordement.
Mais elle est peut-être aussi le signe d’une mauvaise ­lecture de la majorité silencieuse, plus exaspérée que ne le croit Legault devant une classe dirigeante enfermée dans un prêt-à-penser technocratique idéologiquement anémié.
Un mot sur la question nationale. Si François Legault n’est plus souverainiste, il n’abandonne pas le nationalisme pour autant, d’autant plus qu’il dénonce plus fermement qu’on aurait pu le croire le multiculturalisme. On ­devrait reconnaître qu’il passe le test de la fidélité au Québec. François Legault a dit de son manifeste qu’il ne s’agit que d’un départ.
C’est juste. Soyons honnêtes toutefois : il ne s’agit pas d’un faux départ. Il n’y a aucune raison de crier au scandale. Non plus, évidemment, que de crier au génie.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé