Marco Bélair-Cirino - Muni d'un télescope équipé d'un miroir de 1,60 m de diamètre, l'Observatoire du Mont-Mégantic est le plus important observatoire astronomique de l'est de l'Amérique du Nord.
Alors que des activités marquant l'Année mondiale de l'astronomie s'organisent aux quatre coins de la planète, le couperet du gouvernement de Stephen Harper tombe sur l'Observatoire astronomique du Mont-Mégantic (OMM).
Le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) a retiré la subvention de fonctionnement qu'il octroyait au plus grand observatoire astronomique du Québec, soit 325 000 $ par année, a appris le directeur de l'Observatoire, René Doyon, mardi dernier. «Non seulement l'observatoire est en péril, mais tout notre laboratoire de recherche d'envergure nationale et internationale est en péril», a-t-il indiqué hier au Devoir.
L'OMM touchera néanmoins une subvention de transition de 185 250 $ cette année.
C'est ni plus ni moins le tiers du budget annuel de l'Observatoire du Mont-Mégantic et du laboratoire de recherche administré conjointement par l'Université de Montréal et l'Université Laval, évalué à un million de dollars, qui s'est volatilisé par la décision -- dite définitive -- du CRSNG.
«Notre subvention telle qu'elle a été présentée l'automne dernier ne sera pas renouvelée. Il n'est pas impossible qu'on puisse refaire une autre demande de subvention cet automne, ce qui nous permettrait de recevoir de l'argent supplémentaire le printemps prochain, a affirmé René Doyon, qui attend toujours les rapports d'évaluation du comité du CRSNG et de ses pairs. Je dois trouver 140 000 $ pour continuer à fonctionner encore un an. Au-delà du 31 mars 2010, pour l'instant, nous avons un manque à gagner de 325 000 $.»
Plus des deux tiers de la subvention de 325 000 $ du CRSNG servaient à la rémunération du personnel technique de l'Observatoire.
Contraintes budgétaires
Le CRSNG, l'organisme fédéral qui appuie la recherche et la formation avancée, a resserré les critères d'admissibilité à une subvention pour les centres de recherche. «À cause des compressions budgétaires, on a restreint seulement les infrastructures qui étaient d'envergure nationale et internationale», a expliqué M. Doyon.
«Il faut faire attention à ne pas trop tirer à boulets rouges sur le CRSNG. Ils font ce qu'ils peuvent avec les contraintes budgétaires qu'ils ont», a-t-il ajouté.
Le directeur de l'observatoire croise les doigts et espère que la perte de la subvention du CRSNG ne menacera pas les versements de subvention des autres bailleurs de fonds, notamment le gouvernement québécois et l'Université de Montréal. Son équipe travaillera cette semaine à l'élaboration d'un plan d'action pour assurer la survie de l'observatoire et du laboratoire de recherche.
C'est une bien mauvaise nouvelle pour les chercheurs et les étudiants, a indiqué l'astronome et professeur agrégé au département de physique, de génie physique et d'optique de l'Université Laval, Laurent Drissen. «Il y a des centaines de doctorants qui ont été formés à l'Observatoire du Mont-Mégantic. En coupant ça, ça coupe carrément les pieds de l'astronomie au Québec. On a formé des générations d'astronomes. C'est comme si ce qu'on avait fait depuis 30 ans, finalement, ça ne revenait à rien», a-t-il dit à Radio-Canada.
Situé en plein coeur d'une réserve internationale de ciel étoilé de 5500 kilomètres carrés et muni d'un télescope équipé d'un miroir de 1,60 m de diamètre, l'OMM est le plus important observatoire astronomique de l'est de l'Amérique du Nord.
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