Le Programme des manifestations touristiques de renom et son enveloppe de 100 millions distribués sur deux ans avaient tout pour plaire. Mais le mode de distribution des sommes, par Industrie Canada, soulève tellement de questions qu'on peine à se réjouir de cette manne bien intentionnée. Il s'agit d'une véritable boîte à... mauvaises surprises.
Pourquoi le Canada's Largest Ribfest de Burlington, qui célèbre la meilleure côte levée, et pas le Festival de jazz d'Ottawa? Pourquoi le Rodéo du camion de Notre-Dame-du-Nord et pas les FrancoFolies de Montréal? Pourquoi le Festivent de Lévis et pas la Pride Week de Toronto?
Impossible de comprendre. Annoncée en retard, la sélection des élus semble s'être effectuée sur la base de critères jamais même divulgués aux candidats. Par exemple, les «rejetés» ont appris une fois la décision rendue que peu importe la taille de la ville et son potentiel d'attrait touristique, seuls deux événements par ville avaient droit à une subvention. L'an dernier, ce principe n'existait pas. Notre-Dame-du-Nord et Montréal? Même combat.
À Montréal, le festival Juste pour rire et le Festival de jazz ont été pigés. Laissés en rade, les organisateurs des FrancoFolies de Montréal peinent à comprendre pourquoi ils ont été en 2009 les heureux bénéficiaires d'une enveloppe de 1,5 million de dollars, et qu'on leur tourne maintenant le dos. Après un célèbre crêpage de chignon l'an dernier avec le Festival d'été de Québec, les FrancoFolies ont opté pour le calendrier de printemps plutôt que d'été. Les premiers spectacles ont lieu le 9 juin.
À si peu de temps du début des festivités, la nouvelle est vraiment de très mauvais goût. Et qui risque de payer le prix de ce non-financement? Les festivaliers! Coincée financièrement, la direction a déjà laissé entendre que son volet gratuit en souffrirait sans doute. Les artistes inscrits au programme officiel en salle, payant, sont déjà retenus depuis belle lurette. On ne planifie pas un festival de dix jours attirant 800 000 personnes en quelques claquements de doigts!
Une fois de plus, le modus operandi conservateur dans la distribution des subventions soulève l'indignation. Un peu à la manière de ces organismes voués à la défense des droits des femmes qui, récemment, ont appris qu'Ottawa leur coupait les vivres après des décennies de soutien ininterrompu, les groupes culturels n'ont reçu aucun indice leur laissant croire qu'ils étaient sur le carreau cette année et pire, qu'on avait modifié les critères! C'eût été politesse élémentaire que de prévenir d'un changement dans les règles du jeu.
Une crise des festivals colore bien sûr la trame de fond de cette décision incohérente et mal communiquée du gouvernement conservateur. Leurs difficultés financières communes, la concurrence féroce qu'ils se livrent, leur dépendance extrême au marché touristique, tout cela ajoute un brin de tragédie aux mauvaises nouvelles d'ordre économique...
Surtout lorsqu'elles sont incompréhensibles et ne reposent sur aucune logique. C'est là, hélas, qu'il est autorisé à se perdre en conjectures et d'imaginer, par exemple, que le Canada prétend au financement des festivals en fonction du nombre de touristes qu'ils attirent, alors qu'il distribue ses subventions là où le vent électoral tourne pour lui. Peu importe qu'on y roule le camion, qu'on y chante la chanson ou qu'on y croque la côte levée.
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