Enseigné à grande échelle depuis 2008 au primaire et au secondaire, le cours d'éthique et de culture religieuse «abandonne les connaissances pour se consacrer exclusivement à la promotion du multiculturalisme, rebaptisé pluralisme», écrit la chercheure à l'Institut de recherche sur le Québec, Joëlle Quérin, qui a scruté le contenu du programme.
Photo: Alain Roberge, archives La Presse
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Martin Ouellet - Alarmée par les résultats d'une étude, l'opposition péquiste plaide pour l'abolition pure et simple du programme d'étude controversé d'éthique et de culture religieuse.
Chercheure à l'Institut de recherche sur le Québec, la sociologue Joëlle Quérin a mis le feu aux poudres avec la publication récente d'une analyse concluant que le cours d'ECR occulte les valeurs québécoises et «endoctrine» les élèves en faveur du multiculturalisme.
«Si je prête foi à l'étude, et j'ai tendance à le faire passablement, je suis d'avis qu'on devrait cesser d'enseigner ce cours», a soutenu, jeudi, en entrevue à La Presse Canadienne, le député de Borduas, Pierre Curzi.
Publiée le 3 décembre, l'analyse d'une trentaine de pages avance que le cours d'ECR est non seulement «antinationaliste» mais aussi «antidémocratique car il s'inscrit dans une stratégie d'endoctrinement de la jeunesse permettant l'imposition du multiculturalisme à l'abri du débat public et au mépris de l'opposition populaire».
Enseigné à grande échelle depuis 2008 au primaire et au secondaire, le cours d'éthique et de culture religieuse «abandonne les connaissances pour se consacrer exclusivement à la promotion du multiculturalisme, rebaptisé pluralisme», écrit la chercheure qui a scruté le contenu du programme.
En outre, elle estime que l'identité québécoise y est évacuée de tous ses codes, ses pratiques et ses coutumes pour être réduite à une simple notion civique.
«Il s'agit de dire aux enfants qu'ils sont tous Québécois et qu'être Québécois signifie tout simplement respecter la Charte québécoise des droits et libertés! Aussi bien qualifier de Québécois tous les touristes qui, durant leur séjour, n'enfreindront pas la Charte!», ironise l'auteure.
D'après Mme Quérin, les petits Québécois en sauront bien peu sur les différentes cultures religieuses après avoir suivi le cours.
En effet, remarque-t-elle, «l'endoctrinement» a préséance sur «les connaissances».
En revanche, les élèves auront appris que «toutes les conceptions de la vie sont valables» et que la politicienne Françoise David est une «personne modèle» au même titre qu'un «médecin sans frontières» ou que le dalaï lama, chef spirituel des Tibétains.
Quant aux accommodements raisonnables, ils semblent être à sens unique.
«Alors que dans la population, plusieurs ont critiqué le port du hijab au nom de l'égalité entre les hommes et les femmes et ont reproché au kirpan d'être un symbole de violence qui n'a pas sa place dans les écoles, le cours d'ECR refuse aux élèves le droit de tenir un tel discours», souligne l'étude.
Porte-parole de l'opposition officielle en matière d'éducation, le député Curzi presse la ministre en titre, Michelle Courchesne, de «refaire ses dévoirs».
«Il faut revoir tout ça en commission parlementaire. Il faut examiner ce qui est en train d'être enseigné parce que cela n'a pas de sens», a-t-il estimé.
M. Curzi propose que le cours d'éthique et de culture religieuse soit remplacé par un cours d'histoire élargi où serait abordé le fait religieux.
La ministre de l'Education a refusé de commenter l'étude, faisant savoir par son attachée de presse, Tamara Davis, qu'elle ne l'avait pas encore lue.
«Mais je peux vous dire que le cours insiste beaucoup sur les valeurs historiques du Québec», a indiqué Mme Davis.
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