Dieu, la Cour suprême du Canada et la garderie

Reste à élire des dirigeantes et dirigeants capables de cette audace.

ECR - Éthique et culture religieuse


Des parents de Drummondville ont voulu soustraire leurs enfants au cours Éthique et culture religieuse (ECR). Ils ont plaidé leur cause jusqu'à la Cour suprême du Canada. Vendredi, la Cour les déboutait. Quelques jours plus tôt, de la même région, un professeur biffait la dernière phrase de l'Hymne à l'amour d'Édit Piaf qui évoquait Dieu. Au grand dam de la ministre de l'éducation. Par contre, un mois plus tôt, à une garderie qui, à la demande des parents, mettait des coquilles anti-bruit à leur enfant de quatre ans pour qu'elle ne soit pas exposée aux sons de la musique, la ministre de l'éducation du Québec donnait son accord en plaidant que c'était là un accommodement raisonnable!
Ne pas permettre à des parents d'exempter leurs enfants d'être exposés à toutes les religions; bénir d'autres, au nom de leur religion, de boucher les oreilles des leurs et condammer un professeur qui ne veut exposer personne à rien de religieux; quelle est la logique? Aucune. Tous bricolent. Et s'exposent. Tantôt à la vindicte. Tantôt aux boniments. Pourquoi?
Le Canada est clair. Le Québec, pas.
Le Canada fait droit au multiculturalisme. Soutenir, comme le font les plaignants, qu'exposer les enfants à diverses religions porte atteinte à la liberté religieuse "revient à rejeter la liberté multiculturelle du Canada et à méconnaître les obligations du Québec en matière d'éducation publique" dit le jugement. En multiculturalisme canadien, toutes les religions ont droit de cité. C'est si vrai qu'à chacune des ouvertures des séances de l'Assemblée législative de l'Ontario sont récitées sept prières de sept religions différentes.
Au Québec c'est la confusion. Durable. La Commission Bouchard-Taylor a sìégé et remis son rapport. Elle a amplement développé le concept de laïcité ouverte et proposé quelques balises. Le gouvernement s'est empressé de ne pas retenir les quelques balises. Ainsi il a maintenu le crucifix à l'Assemblée nationale et autorisé le port du voile dans les prisons. Quant à la laïcité ouverte, le concept valise au Québec du multiculturalisme canadien, il n'a pas été foutu de l'avaliser dans quelque loi que ce soit. Jusqu'ici il s'en est remis au terrain Et le terrain développe des comportements erratiques que les ministres s'empressent de bénir ou de vilipender au gré opportuniste de l'humeur populaire.
Le Québec est un pays moderne. Le 21e siècle en sera un de mixité des populations, des cultures et des religions. Il n'en sera pas une parmi plusieurs. Il en est déjà une d'accueil qui précisément pour les accueillir toutes doit définir la neutralité de leur espace commun. L'État doit être neutre et ne permettre aucune expression en son nom d'une préférence religieuse. Cela étant, les historiques manifestations culturelles (églises, mosquées, synagogues, croix de chemin, fêtes saisonnières, récits, chansons patrimoniales, etc.) devenues culturelles ne sont pas visées.
Pas davantage qu'une autre société le Québec n'est une page blanche. Il était religieux. Il s'est laïcisé. Son héritage en témoigne. Il entend poursuivre sa route en reconnaissant son passé et en affirmant ses avancées. Qui dans le contexte de la mixité nouvelle le serviront dans ses habiletés à intégrer toute la riche diversité de la planète.
Reste à élire des dirigeantes et dirigeants capables de cette audace.


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