D’entrée de jeu, mon intention ici n’est pas de remettre en question le Programme de contestation judiciaire (PCJ) du gouvernement fédéral, d’autant plus qu’il a permis à certaines minorités francophones hors Québec d’apporter un soutien nécessaire à l’accès aux tribunaux, notamment en Ontario récemment.
Par ailleurs, là où le bât blesse, c’est que, pour l’exercice financier se terminant le 30 juin 2019, la Commission scolaire English-Montréal présente des surplus accumulés de 82 941 287 M $. Or, le Programme de contestation judiciaire a pour objectif de fournir un « soutien financier » aux Canadiens afin qu'ils aient accès aux tribunaux pour des causes types d'importance nationale. Avec de tels surplus accumulés, on peut comprendre facilement que les dirigeants de le Commission scolaire aient pu refuser sans problème le « soutien » de 125 000 $ du PCJ qui, en réalité, ne représente qu’une goutte d’eau dans l’océan.
Toutefois, la contestation de la Loi 21 sur la laïcité de l’État québécois vient s’ingérer dans le processus parlementaire du gouvernement québécois qui a adopté démocratiquement cette loi, d’où les sorties de MM Jolin-Barrette et Legault sur le fait que l’argent des contribuable québécois via les subventions fédérales versées au PCJ sert, en partie, à attaquer une loi québécoise. Une situation qui ne peut se comparer avec l’Université francophone en Ontario qui recevait une fin de non-recevoir du gouvernement Ford pour des raisons de budget.
Autrement dit, n'eût été le fait que Justin Trudeau se soit déjà montré hostile à la Loi 21, est-ce que le PCJ aurait offert son soutien à la Commission scolaire English-Montréal, considérant le coussin financier confortable sur laquelle elle est assise?
Feu vert pour Trans Mountain
Avec le jugement unanime de la Cour d’appel fédérale déboutant les communautés autochtones eu égard à leurs doléances au sujet des consultations qu’ils alléguaient « pipées », le gouvernement Trudeau a maintenant la voie libre pour poursuivre l’expansion de l’oléoduc Trans Mountain, à moins que les autochtones ne portent la cause jusqu’en Cour suprême du Canada.
En guise de rappel, en 2018, Ottawa a acheté au coût de 4,5 milliards le pipeline existant afin d’en garantir l’agrandissement. Lorsqu’il a approuvé une deuxième fois le projet l’an dernier, Justin Trudeau a promis de consacrer à la transition énergétique tous les revenus fiscaux supplémentaires qui découleront de l’exploitation de l’agrandissement ainsi que les profits de l’éventuelle revente du pipeline.
Tout un compromis! Imaginez, le nouvel oléoduc fera tripler le débit de pétrole et multiplier par sept le nombre de pétroliers au large de Vancouver, qui passera de 5 à 34 bateaux par mois, et, pour compenser l’incommensurable dispersion de gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère, les revenus fiscaux supplémentaires qui découleront de l’exploitation de ce monstre pollueur seront injectés dans la transition énergétique!
Et c’est ce même Justin Trudeau qui s’est engagé à ce que le Canada atteigne la cible de zéro émission nette de GES d’ici 2050. Il est même allé jusqu’à donner l’assurance qu’un gouvernement libéral dépasserait les cibles de l’Accord de Paris, qui consistent à réduire ses émissions de 30 % par rapport aux niveaux de 2005…. Cherchez la cohérence!
Le loup dans la bergerie
Faisant fi de l’anglicisation vertigineuse de la métropole, le cégep de la Gaspésie et des Îles, pour compenser la baisse substantielle de son effectif étudiant, a procédé à l’ouverture d’un campus anglophone à Montréal, lequel ne recrute que des étudiants étrangers venus surtout de l’Inde et de la Chine.
Il n’est pas facile d’attirer de jeunes étrangers à Gaspé ou aux Îles-de-la-Madeleine, explique Sylvain Vachon, responsable de cette initiative. C’est beaucoup plus facile à Montréal et il est plus simple de recruter des étudiants maîtrisant l’anglais que le français.
Autrement dit, les administrateurs du cégep, pour accroître leur clientèle étudiante, ont froidement fait entrer le loup dans la bergerie. Aux yeux du président du Mouvement Québec français (MQF), Maxime Laporte, « ce campus anglophone d’un cégep régional, qui accélère l’anglicisation de la région métropolitaine, n’a pas lieu d’être. On demande au ministre de l’Éducation de faire ses devoirs et de stopper l’hémorragie ».
Du côté de Jean-François Roberge, il s’est contenté d’exprimer qu’il avait « un problème à ce que ce soit exclusivement en anglais… On va leur demander d’inclure à tout le moins, dans chaque parcours, des cours de français. On va discuter avec eux pour corriger ce que moi je trouve une lacune assez importante. »…Toute une semonce! Ce n’est sûrement pas avec des paroles aussi mièvres que le « loup » va quitter la « bergerie ».
Henri Marineau, Québec
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