Le président de la République affiche son soutien à l'unité du Canada en affirmant: "Ni-indifférence ni-ingérence, honnêtement ce n'est pas trop mon truc". Les indépendantistes du Québec l'accusent de faire preuve d'une "ignorance crasse".
Des responsables indépendantistes québécois ont réagi avec colère mardi à des propos jugés peu flatteurs pour eux de Nicolas Sarkozy, accusant le président français "d'ingérence" et de faire preuve d'une "ignorance crasse" du Québec.
"Je trouve que le président Sarkozy a manqué à la fois de dignité et de classe dans ses remarques", a déclaré le chef du Bloc québécois Gilles Duceppe.
Il réagissait à une déclaration dans laquelle M. Sarkozy a répété son soutien à l'unité du Canada et donné, selon le quotidien québécois Le Soleil, une "gifle aux souverainistes (indépendantistes)".
M. Sarkozy a tenu ces propos lundi en remettant les insignes de Commandeur de la Légion d'honneur au Premier ministre québécois Jean Charest, lui-même partisan de l'unité du Canada.
Le président français a répudié la traditionnelle politique de "non-ingérence non indifférence" mise en place par la France après le célèbre "Vive le Québec libre" du général de Gaulle en 1967. "Ni-indifférence ni-ingérence qui a été la règle pendant des années, honnêtement ce n'est pas trop mon truc", a-t-il lancé.
M. Sarkozy, dont les propos ont eu un large écho au Canada, a répété que le Québec faisait partie de la "famille" alors que les Canadiens sont des "amis" et il s'est à nouveau prononcé en faveur de l'unité canadienne, comme il l'avait fait en marge du sommet de la Francophonie en octobre dernier à Québec.
Le président a en outre eu des mots jugés très durs par la presse québécoise contre les indépendantistes, sans toutefois les nommer, parlant de "sectarisme" et "d'enfermement sur soi-même". "Si notre identité est forte, on n'a pas besoin d'être imbécile. On n'a pas besoin d'être agressif", a-t-il notamment déclaré.
"Nous ne haïssons pas le Canada, a répliqué M. Duceppe, qui dirige un parti représentant les intérêts du Québec au parlement fédéral d'Ottawa, se demandant pourquoi, si la souveraineté est bonne pour la France ou le Canada, elle serait "si mauvaise pour les Québécois".
"Si c'est de nous qu'il parle, je pense qu'il étale de façon éloquente son ignorance crasse de la situation québécoise", a-t-il dit avant d'ajouter: "M. Sarkozy a choisi son camp, il n'est pas indifférent. Il s'ingère".
"Je crois que le président Sarkozy fait la preuve de sa méconnaissance profonde du Québec", a aussi estimé Louise Beaudoin, ancienne ministre et porte-parole pour les relations internationales du Parti québécois, formation cousine du Bloc, actuellement dans l'opposition dans la province francophone.
Le Premier ministre canadien Stephen Harper a lui aussi évoqué les propos du président en répliquant à M. Duceppe qui lui posait une question au parlement: "C'est bien là le sectarisme dont parle M. Sarkozy".
Le Québec a connu deux référendums sur la question de son indépendance, en 1980 et 1995. La seconde fois, les Québécois n'avaient rejeté que de justesse l'option indépendantiste. Mais le soutien à l'indépendance a fléchi depuis.
Selon un sondage fin janvier, 43% des Québécois sont actuellement favorables à l'indépendance de la province francophone et 57% contre.
"On peut comprendre pourquoi les Français prennent une telle distance par rapport à l'option souverainiste. Les sondages d'opinion sont d'une telle stabilité sur cette question depuis 1995 qu'il faudrait un tremblement de terre pour donner une majorité au 'oui' dans un référendum", soulignait Le Soleil.
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