Paris -- De passage à Paris, où elle rencontrera cette semaine plusieurs personnalités politiques françaises, l'ancienne ministre des Relations extérieures du Québec, Louise Beaudoin, a dénoncé hier les propos tenus en février dernier par le président Nicolas Sarkozy. «Je crois que c'était une attaque méchante et gratuite», a-t-elle répondu à l'animateur Patrick Simonin, qui a consacré à cette polémique l'essentiel de l'émission quotidienne d'une vingtaine de minutes qu'il anime sur TV5 Monde. La porte-parole de l'opposition officielle en matière de relations internationales faisait référence aux propos tenus par le président français lors de la remise de la Légion d'honneur à Jean Charest, lorsqu'il avait accusé les souverainistes québécois de pratiquer le «sectarisme» et la «détestation» de l'autre.
Estimant qu'il s'agissait d'un geste «gratuit», la députée de Rosemont a néanmoins jugé que ces propos représentaient «un épiphénomène» essentiellement limité au président. À gauche, dit l'ancienne ministre, les représentants politiques «ne se sentent pas impliqués par ces malheureuses paroles présidentielles». À droite, la députée n'a pas voulu révéler le contenu de l'entretien qu'elle avait eu dans la matinée avec le président du groupe UMP de l'Assemblée nationale, Jean-François Copé.
Cette semaine, Louise Beaudoin rencontrera plusieurs personnalités socialistes comme le député du Doubs, Pierre Moscovici, et le responsable des relations extérieures du PS, Jean-Christophe Cambadelis. Elle s'entretiendra aussi avec les anciens premiers ministres socialistes Michel Rocard, Laurent Fabius et Lionel Jospin. À droite, elle aura une rencontre avec Axel Poniatovski, président de la Commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale. Elle aura aussi des rencontres au Quai d'Orsay ainsi qu'à l'Élysée, notamment avec Christian Philip, sherpa de Nicolas Sarkozy pour la Francophonie. L'ancienne ministre admet que les contacts avec l'Élysée sont plus délicats, car «la poussière n'est pas toute retombée». En février, à la suite du tollé suscité au Québec par ses propos, le président Sarkozy avait dû adresser une lettre aux chefs du Parti et du Bloc québécois dans laquelle il tentait de calmer le jeu sans pour autant s'excuser formellement.
Louise Beaudoin estime que les propos du président ne représentaient pas l'opinion publique française. De retour d'une récente visite au Québec, le socialiste Pierre Moscovici semblait lui donner raison. Dans son blogue, il a récemment écrit que «contrairement à ce qu'a pu dire Nicolas Sarkozy, avec sa grossièreté habituelle [...], le souverainisme n'est pas un enfermement ou un sectarisme, mais une option politique qu'il reviendra aux Québécois eux-mêmes de choisir, ou non, quand ils le décideront. De ce point de vue, la formule traditionnelle de la diplomatie française -- ni ingérence, ni indifférence -- est mieux adaptée que la fausse percée conceptuelle du chef de l'État».
Correspondant du Devoir à Paris
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