Le retour de la question indépendantiste?

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C'est la question identitaire qui nourrit aujourd'hui l'antagonisme avec Ottawa

CHRONIQUE / Le Parti québécois (PQ) est-il revanchard ou rassembleur? Compétent ou manipulateur? On ne reproche pas à quelqu’un ou à une organisation de se retrousser les manches. Mais il faudra davantage que des questions comme celles-là pour que la formation souverainiste amorce une remontée. Ce drôle de questionnaire lui permettra surtout de préparer de futures «lignes» de communication.


Digne de confiance ou chicanier, le PQ? Pour une organisation, la principale valeur de telles questions est de montrer, ou plutôt de tenter de montrer, qu’elle est à l’«écoute»; en l’occurrence, qu’elle n’appartient pas à ceux qui la dirigent, mais à tous les Québécois. C’est du marketing politique, mais c’est aussi ça, un parti politique.


Ce questionnaire fait un peu penser à celui que le ministère des Finances du Québec met en ligne chaque année pour demander aux citoyens ce qu’ils attendent du budget de l’État québécois. C’est un exercice de consultation dont l’impact est fort limité, c’est le moins qu’on puisse dire. Le budget n’est évidemment pas écrit par les quelques milliers de répondants qui participent à l’exercice.


Admettons que cette consultation servira tout de même plus le Parti québécois qu’elle sert le ministère des Finances. On a beau l’admettre, ce n’est quand même pas ces questions, auxquelles on pourra répondre d’ici quelques heures sur son site Internet, qui donneront naissance à un PQ si nouveau qu’il insufflera à lui seul de l’élan au projet souverainiste — sa raison d’exister. Ce questionnaire est le prélude au congrès péquiste de novembre, où «tout doit être discuté, sauf l’objectif de l’indépendance».


De l’extérieur


Bien des indépendantistes, proches ou non du PQ, estiment que l’élan vers le projet souverainiste, s’il doit survenir, viendra de l’«extérieur». Explications :


Ils pensent — espèrent — qu’une série d’échecs du gouvernement Legault face au gouvernement fédéral ravivera l’intérêt pour ce projet. Ils rêvent d’un scénario à la catalane. En Catalogne, ce sont des refus des plus hautes autorités espagnoles qui ont élargi le nombre de Catalans favorables à l’idée d’indépendance.


Ces péquistes et indépendantistes estiment qu’une fin de non-recevoir définitive d’Ottawa concernant le plan d’immigration et les conditions de résidence qu’entend imposer le gouvernement Legault aux nouveaux immigrants est susceptible de contribuer à une telle renaissance au Québec. Et encore plus un éventuel charcutage par des tribunaux de la future loi sur la laïcité. Les clauses dérogatoires inscrites dans l’actuel projet de loi ne blinderont pas entièrement la loi.


Un charcutage témoignerait du fait, estiment-ils, que le Québec ne peut pas prendre de décisions sur des aspects fondamentaux de sa vie collective, même lorsqu’elles sont soutenues par une majorité de Québécois.


Depuis plusieurs années, les questions dites «identitaires» et les différentes conceptions du «vivre-ensemble» ont remplacé les incessants débats entre souverainistes et fédéralistes. Plusieurs péquistes et indépendantistes croient que ce sont ces mêmes questions «identitaires» et ces différentes conceptions du «vivre-ensemble» qui peuvent, à terme, paver la voie à la renaissance des débats entre souverainistes et fédéralistes et qui peuvent aussi ranimer la ferveur indépendantiste. Ce n’est pas certain, mais c’est en effet possible.




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