Le silence de M. Boisclair

Après un OUI


On parle beaucoup, depuis dimanche, de la pause de 48 secondes qu'a dû faire le chef du Parti québécois, André Boisclair, dans un discours où il a abordé le problème de l'homophobie. Il y a pourtant un silence qui dure depuis 10 jours et dont personne ne parle, même s'il pourrait entraîner des conséquences bien plus importantes que la montée d'émotion du chef péquiste. Ce silence, c'est celui qui entoure les modalités d'accession à l'indépendance proposées dans la plate-forme électorale du PQ.
C'est vrai que les Québécois sont las de ces questions. Ce n'est pas une raison pour ne pas aborder cet enjeu crucial pour l'avenir du Québec. Si le Parti québécois remporte les prochaines élections, il mettra en branle la mécanique menant au référendum sur la souveraineté que M. Boisclair s'est engagé à tenir " le plus tôt possible dans son premier mandat ". Les électeurs sont en droit de savoir ce dans quoi le Parti québécois veut les plonger cette fois-ci car, telle que décrite dans la plate-forme, l'aventure serait encore plus risquée qu'en 1980 et 1995.
Curieusement, ni le Parti libéral ni l'ADQ ne talonnent André Boisclair à ce sujet. Les journalistes ne sont pas davantage intéressés, préférant interroger le chef péquiste sur son programme en agriculture ou en environnement, comme si le PQ ne proposait rien d'autre qu'un " bon gouvernement ". Bien sûr, M. Boisclair veut un Québec plus instruit et plus vert. Mais d'abord et avant tout, et c'est la seule raison pour laquelle son parti a fini par se ranger derrière lui, André Boisclair veut un Québec indépendant. Or sur cet objectif fondamental, qui " transcende tous les autres ", son programme électoral est avare de détails : à peine une page sur 31.
Voici quelques-unes des questions auxquelles, à notre avis, le chef du Parti québécois doit répondre d'ici au 26 mars:
- Quelle question sera posée lors du référendum qu'il s'engage à tenir ? Le programme adopté en 2005, dont on ne sait trop ce qu'il vaut aujourd'hui, annonçait une consultation portant " directement sur l'accession du Québec au statut de pays ". Est-ce ce que M. Boisclair a à l'esprit ou bien s'il envisage un libellé moins " direct " ?
- Pour s'assurer que le résultat soit reconnu par tous les camps, M. Boisclair est-il disposé à obtenir l'assentiment des partis de l'opposition aux modalités du référendum, notamment au texte de la question, ou bien celles-ci continueront-elles d'être définies unilatéralement par le Parti québécois ? À cet égard, il faut rappeler l'avis des juristes du Conseil de l'Europe dans le dossier du Montenegro, avis selon lequel pour renforcer la crédibilité internationale d'une telle consultation, " il est désirable que les questions importantes relatives à la conduite du référendum aient obtenu un niveau d'appui élevé de la part de toutes les forces politiques majeures en présence ".
- Après un OUI au référendum, sur quoi porteraient les négociations avec le reste du Canada ? La plate-forme ne dit pas un mot de la relation souhaitée par le PQ entre un Québec indépendant et le reste du Canada. Désire-t-on une association telle que proposée en 1980, un partenariat comme celui mis de l'avant en 1995 ou une simple entente sur la libre circulation des personnes, des biens et des capitaux, envisagée par le programme de 2005 ?
- La plate-forme électorale du PQ prévoit qu'au terme d'une période de négociation d'" au plus un an " avec le reste du Canada, le gouvernement du Québec proclamerait l'indépendance du Québec, que la négociation ait abouti ou non. M. Boisclair est-il conscient qu'il s'agirait là d'une déclaration unilatérale d'indépendance, dont la valeur en droit constitutionnel canadien et en droit international serait très contestable ? Le chef du Parti québécois juge-t-il sage de plonger le Québec dans une telle incertitude légale, avec les risques d'instabilité que cela comporte ?
Les militants souverainistes diront que poser de telles questions, c'est mener une campagne de peur. Ce sont pourtant des questions parfaitement légitimes. Le Parti québécois se présente devant l'électorat en lui proposant une démarche vers l'indépendance qui est à la fois floue et radicale. Cela est d'autant plus inquiétant que la formation est dirigée par un chef peu expérimenté. Devant un tel degré d'incertitude, il est hautement souhaitable que M. Boisclair s'empresse de préciser ses intentions.
apratte@lapresse.ca

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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