Le traumatisme d’Oka

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Évidemment, la pègre mohawk possède des armes de guerre


Y avait-il de réels fondements à cette déclaration de François Legault de mercredi sur la présence de fusils d’assaut AK-47 dans la réserve de Kahnawake ?


On comprend que l’information vient du renseignement policier, un domaine où il n’y a jamais de certitude absolue. Dans l’entourage du premier ministre, on parle de sources « béton ». L’affirmation, il faut l’admettre, a quelque chose de vraisemblable lorsqu’on explore le passé récent (comme lointain) des communautés mohawks.


Trafic d’armes


En mai 2012, la Sûreté du Québec, de concert avec les Peacekeepers de Kahnawake, arrêtait huit personnes et procédait au démantèlement d’un réseau de trafiquants d’armes opérant sur ce territoire mohawk.


La plupart des 42 armes saisies étaient prohibées ou « illégalement modifiées ». Cela comprenait des armes à « autorisation restreinte, de nombreuses pièces d’armement et des munitions », détaillait-on dans un reportage de l’époque.


Cette opération conjointe des Peacekeepers et de la SQ (c’est donc possible) a-t-elle mis totalement fin à la présence d’armes prohibées sur la réserve ? Peut-être. Peut-être pas. Dans ce second cas, des Warriors ont-ils accès à ces armes ? La question se pose.


Une arme militaire


En tout cas, il y a 30 ans, pendant la crise d’Oka, il n’y avait pas de doute. Le caporal Marcel Lemay, de la Sûreté du Québec, n’a pas été tué d’une balle d’arme de chasse le 11 juillet 1990.


Dans son rapport, le coroner Guy Gilbert a plutôt établi qu’il avait reçu un projectile de calibre 5,56 mm (.223 Remington), SS-109. Il précise que ce type de munition est « totalement inutile pour fin de chasse », est « destiné à un usage militaire » et ne se retrouve pas « sur le marché commercial ».


Il ajoute que « c’est un projectile qu’utilisent les militaires équipés d’armes plus légères et qui, du fait de sa très haute vélocité, s’avère plus meurtrier ». Il peut transpercer des vestes pare-balles (à moins d’y ajouter des plaques de céramiques) et même les casques d’acier portés par les soldats de l’armée canadienne.


Image forte


Revenons à aujourd’hui. Était-ce une bonne chose que le premier ministre dévoile l’information sur les AK-47, avec force détails ? On comprend qu’il cherchait à expliquer aux Québécois exaspérés qu’il y avait une bonne raison si la SQ n’intervenait pas comme à Belleville pour démanteler la barricade. Raison faisant qu’il se retrouve dans la même situation attentiste que Justin Trudeau, qu’il a personnellement pointé ces dernières semaines pour son inaction.


Mais ce faisant, François Legault a ravivé le traumatisme d’Oka. Bien sûr, on peut penser que certains Mohawks, qui ne sont pas tous des enfants de chœur, en profitent, jouent les vierges offensées.


Les circonstances actuelles sont bien sûr moins dramatiques qu’en 1990. Notre premier ministre devrait se consoler, car en ne demandant pas d’intervention policière, il se retrouve au fond à faire ce que John Ciaccia, ministre des Affaires autochtones de Robert Bourassa, prônait, le 9 juillet 1990. Dans une lettre au maire d’Oka de l’époque, Jean Ouellette, il écrivait : « Je suis conscient que nos lois vous donnent raison dans le cas de l’injonction, mais je crois que la situation va au-delà de la stricte légalité ».





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