Depuis le début de la pandémie, on ne compte plus les occasions où François Legault a fait marche arrière sur une mesure sanitaire proposée quelques semaines auparavant, une situation qu’il attribuait généralement à l’imprévisibilité du virus.
À titre d’exemple récent, il y a à peine un mois, le premier ministre annonçait la création d’une taxe santé à titre de mesure incitative contre les non-vaccinés. « C’est pas vrai que ce 10% de la population va venir nuire aux 90% de la population… On est rendu là: les personnes qui refusent de se faire vacciner amènent un fardeau financier important sur la majorité des Québécois. », avait lancé François Legault.
Or, un mois plus tard, la situation, semble-t-il, a changé aux yeux du premier ministre. La grogne se fait entendre de plus en plus dans la population depuis trois semaines, une grogne amplifiée par le convoi des camionneurs. Toujours selon M, Legault, l’heure est maintenant à la « cohésion sociale », à un retour au « vivre ensemble ».
En une trentaine de jours, les Québécois sont passés littéralement de la ligne dure à la main tendue, d’une mesure punitive à une ouverture à la paix sociale. Comme dirait l’autre, c’est quoi le rapport? Comment expliquer chez notre premier ministre un tel changement de discours dans un lapse de temps aussi court?
À mon avis, je n’y vois qu’une seule explication et elle est essentiellement politique : au moment où le début de la campagne électorale est à nos portes, il serait catastrophique que la CAQ subisse les effets de la grogne persistante eu égard aux mesures sanitaires. Conséquemment, il faut s’attendre dans les prochains jours et semaines à un allègement croissant des mesures sanitaires pour redonner aux Québécois le goût du « vivre ensemble »… et cela, comme par hasard, quelques mois avant le jour du scrutin!
Un virage à 180 degrés
La désignation de l’infirmière de formation et ancienne vice-présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), Shirley Dorismond, à titre de candidate de la Coalition avenir Québec (CAQ) dans Marie-Victorin, soulève certaines interrogations eu égard à des critiques qu’elle a faites sur la gestion de crise.
À titre d’exemples, dans une vidéo datée de mai 2021, Shirley Dorismond établit un rapport entre le manque d’équipement de protection individuelle dans le réseau et l’hécatombe dans les CHSLD. Lors d’un débat virtuel organisé en mai 2021 par l’Institut Santé et société de l’Université du Québec à Montréal, elle y va d’une critique virulente sur la gestion de crise du gouvernement, notamment dans les centres de soins de longue durée (CHSLD). « Le gouvernement a fait le choix de remettre l’équipement aux hôpitaux en premier lieu, explique-t-elle. On a laissé pour compte les CHSLD. »
Or, en présentant sa candidate aux médias, François Legault a allégué qu’elle devait défendre ses membres à titre de responsable d’un syndicat. Deux jours plus tard, dans une communication écrite, Shirley Dorismond affirme que « dans les circonstances, devant une telle crise sans précédent, le gouvernement a agi dans le meilleur intérêt des Québécois et des travailleurs de la santé, avec les informations qu’il avait ».
Est-il vraiment plausible que, huit mois seulement après avoir vivement critiqué la gestion de crise de François Legault, Mme Dorismond ait fait un virage à 180 degrés et lui donne maintenant sa bénédiction sans condition? Permettez-moi de ressentir un sérieux doute sur la conversion subite de Shirley Dorismond qui a, selon moi, senti l’attrait du pouvoir en faisant le saut chez la CAQ.
Henri Marineau, Québec
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