Les 18-30 ans: La politique? Ils s'en fichent!

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Dérives démocratiques - la société confrontée à sa propre impuissance


Si la jeune génération peut sembler cynique, elle valorise toutefois l’honnêteté chez ses dirigeants. Être intègre et avoir une bonne vision des choses sont les principales qualités recherchées chez un bon politicien. (Photo André Tremblay, La Presse)

Daphné Cameron - Les jeunes Québécois risquent d’être nombreux à bouder le scrutin du 14 octobre. Soixante pour cent d’entre eux sont indifférents face à la politique, révèle un sondage exclusif Segma – La Presse – Groupe Gesca portant sur les 18-30 ans et dont tous les résultats seront dévoilés dans notre édition de demain.
Autre révélation : ce sont les jeunes de droite qui démontrent actuellement le plus d’intérêt envers les affaires de l’État.

«Les 18-30 ans qui veulent des baisses d’impôts, qui privilégient le développement économique plutôt que la protection de l’environnement et qui se disent religieux s’intéressent davantage à la politique que les autres jeunes , explique le président de Segma, Raynald Harvey. Après des années d’adoption de politiques plus à gauche, je crois que les jeunes de droite souhaitent maintenant exercer un retour du balancier.»
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Pour la majorité des jeunes sondés, le politicien idéal aurait 36 ans. «Ce décalage avec la réalité est probablement une bonne piste pour expliquer le peu d’intérêt des jeunes, reprend M. Harvey. C’est prouvé que les gens votent pour des politiciens qui leur ressemblent. Avec tous ces vieux routiers en politique, il est normal que les jeunes aient de la misère à se retrouver en eux.»
Si 40 % des jeunes sont «peu intéressés» et 20 % «pas du tout intéressés» par les affaires publiques, c’est en partie la faute aux politiciens, croit Frédérick Gagnon, professeur de sciences politiques à l’Université du Québec à Montréal.
«Il n’y a pas vraiment de leaders inspirants dans lesquels les jeunes peuvent se reconnaître en ce moment. Le Québec n’a pas de Barack Obama ni même d’Hillary Clinton », explique-t-il. «Le cynisme envers la classe politique n’est pas quelque chose de nouveau, poursuit-il. Mais avec le scandale des commandites et plus récemment l’affaire Julie Couillard, les jeunes ont peut-être tendance à mettre les politiciens tous dans le même paquet.»
Si la jeune génération peut sembler cynique, elle valorise toutefois l’honnêteté chez ses dirigeants. Être intègre et avoir une bonne vision des choses sont les principales qualités recherchées chez un bon politicien. Pour les allophones et les anglophones, il doit aussi être bon communicateur.
Notre sondage a également dévoilé que les hommes (48 %), les étudiants (50 %) et les personnes ayant un diplôme universitaire (60 %) sont davantage passionnés par la chose publique. Les parents (28 %) et les jeunes de la région (34 %) le sont moins.
Eugénie Dostie-Goulet, qui travaille à la chaire d’études électorales de l’Université de Montréal, affirme que le taux d’intérêt envers la politique oscille entre 50 et 60 % dans la population adulte. Mais avant de dire que les moins de 30 ans sont moins allumés par la politique que les baby-boomers, il faut faire attention. «Je pense que les jeunes sont plus intéressés par la politique que ce sondage ne le laisse entendre, dit-elle. C’est vrai qu’ils ont de la misère à se reconnaître dans les politiciens et qu’ils sont plus difficiles à mobiliser, mais lorsqu’on leur demande leur avis sur le réchauffement climatique ou la coopération internationale, ils se sentent rapidement interpellés.»
Selon Élections Canada, 25 % des 18-24 ont exercé leur droit de vote aux élections fédérales de 2000, par rapport à 80 % chez les électeurs de plus de 58 ans. Chez les 25-30 ans, environ 45 % des électeurs se rendent aux urnes.
Le sondage Segma-La Presse-Groupe Gesca a été réalisé du 5 au 19 août 2008 auprès de 608 Québécois de 18 à 30 ans. Il est précis à quatre points de pourcentage près, 19 fois sur 20.


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