Les gouvernements abreuvent un OBNL proche des Desmarais

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La Conférence de Montréal sous la houlette de Power Corp.

La Conférence de Montréal, un organisme à but non lucratif (OBNL) auquel est étroitement associé Power Corporation, dépend largement des contribuables, ayant reçu encore cette année plus de 1,6 M$ des gouvernements et d’organismes publics.


Au déjeuner-causerie d’ouverture, lundi, plus de la moitié des tables, soit 43 sur 80, étaient attribuées aux gouvernements du Québec et du Canada, à la Ville de Montréal, à des sociétés d’État ou à des organismes grandement financés par des fonds publics comme Finance Montréal ou l’Organisation internationale de la Francophonie.


La Conférence de Montréal refuse de dire combien des 4000 participants ont payé leurs billets, mais reconnaît que « la plupart » d’entre eux sont remis aux commanditaires de l’événement, à des établissements d’enseignement et à des ONG.


Pour le commun des mortels qui voudrait venir entendre le milliardaire David Rubenstein du Carlyle Group ou l’ancien secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, l’entrée coûte 700 $ par jour.


Encore une fois, le gouvernement du Québec et ses différentes sociétés d’État a été le plus important contributeur public à la Conférence de Montréal, y ayant consacré plus de 1 M$.


Neuf sur 13 des plus grands commanditaires


Parmi les commanditaires les plus généreux de l’événement, ceux qui versent 100 000 $ ou plus, les organismes publics sont largement dominants. On en compte pas moins de neuf, alors qu’il n’y a que quatre entreprises privées : Power Corporation, Desjardins, Cogeco et le cabinet d’avocats Dentons. Chacune des trois journées de l’événement est d’ailleurs « présentée » par une société d’État : l’Autorité des marchés financiers, Hydro-Québec et la Caisse de dépôt et placement.


Comme la Conférence de Montréal refuse de dévoiler ses états financiers, il est impossible de connaître la proportion des revenus de l’événement provenant du secteur privé.


« Aucune subvention »


« La Conférence de Montréal ne reçoit aucune subvention publique, assure une porte-parole, Kristin Gable, de la firme National. La Conférence signe des contrats de service avec les gouvernements fédéraux, provinciaux et municipaux ainsi qu’avec des organisations gouvernementales et du secteur privé. »


La ministre de l’Économie, Dominique Anglade, se porte à la défense de l’importante contribution du gouvernement du Québec. « La Conférence de Montréal, c’est un événement d’envergure, fait-elle valoir. Ses résultats sont accessibles par la suite à tous ceux qui veulent s’intéresser à ça. »


« On a la chance d’avoir un événement de cette envergure-là à Montréal, renchérit le PDG de l’AMF, Louis Morisset. Y contribuer, ça nous permet de rencontrer des intervenants de partout dans le monde, d’échanger notamment sur nos pratiques et sur les meilleures façons de faire. C’est un exercice qui en vaut la peine. »


► Contributions du secteur public à l’événement



  • Gouvernement du Québec : 500 000 $

  • Gouvernement du Canada : 350 000 $

  • Caisse de dépôt : 150 000 $

  • Autorité des marchés financiers : 150 000 $

  • Investissement Québec : 100 000 $

  • Hydro-Québec : 100 000 $

  • Ville de Montréal : 100 000 $

  • Fonds de recherche du Québec : 60 000 $

  • Exportation et développement Canada : 45 000 $

  • Centre de recherches pour le développement international : 28 333 $

  • Banque de développement du Canada : 25 000 $

  • Via Rail : 25 000 $

  • Montréal International : 10 000 $

  • Organisation internationale de la Francophonie : inconnue

  • Finance Montréal : inconnue

  • Tourisme Montréal : inconnue


UNE ENTREPRISE PRIVÉE DERRIÈRE UN OBNL


La Conférence de Montréal est structurée sous la forme d’un organisme à but non lucratif (OBNL), mais l’événement est organisé par le Forum économique international des Amériques (FEIA), une entreprise privée appartenant à l’ex-ministre Gil Rémillard et à sa famille.


Le bureau des gouverneurs de la Conférence est présidé par Paul Desmarais et regroupe également son épouse Hélène Desmarais ainsi que Gérard Mestrallet, président de la firme française Suez et ancien administrateur de Pargesa, une société dans laquelle Power Corporation a un intérêt économique important.


Michaëlle Jean, secrétaire générale de la Francophonie, Michael Sabia, PDG de la Caisse de dépôt et placement, et Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international, font également partie du bureau des gouverneurs, qui compte 21 membres.


Le rôle du bureau des gouverneurs est de choisir le thème de chaque édition de la Conférence de Montréal. Les commanditaires de l’événement obtiennent généralement le droit d’avoir au moins un conférencier.


Au fil des ans, plusieurs des entreprises dans lesquelles Power Corporation a investi ont été représentées à la Conférence de Montréal. Le PDG de Pernod Ricard, Alexandre Ricard, sera ainsi en vedette ce midi. Lundi, l’un des conférenciers était Michael Katchen, le PDG de Wealthsimple, une firme dans laquelle la Financière Power a injecté 165 M$.


Un ancien de SNC-Lavalin International au ca


Au conseil d’administration de l’OBNL Conférence de Montréal, on retrouve M. Rémillard et son fils Nicholas de même que l’ex-ministre libéral fédéral Pierre Pettigrew et Ron Denom, ancien président de SNC-Lavalin International.


Quant au FEIA, ses actionnaires sont Gil Rémillard, son épouse Marie DuPont et Nicholas Rémillard. Ce dernier, qui est PDG du FEIA, n’a pas voulu dire hier si l’entreprise facturait la Conférence de Montréal pour organiser l’événement.


Le FEIA organise également des conférences à Toronto, Miami et Paris.