Le Canada sous pression

Les négociations de l'ALÉNA

Le Mexique comme appât

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Chronique de Peter Benoit

Une entente provisoire bilatérale a été conclue entre le Mexique et les USA il y a quelques semaines pour remodeler l'Aléna afin de forcer le Canada à s'entendre avec les USA alors que les discussions piétinnent. Sans entrer dans tous les détails de l'ALÉNA, il faut comprendre que les échanges USA-Canada sont relativement équilibrés alors que le déficit commercial avec le Mexique est parmi les plus élevés; la Chine ayant la pôle position.  Pourquoi tant d'acharnement de la part des Américains envers le Canada ?


La réponse se trouve dans la nécessité des USA à contrer la Chine qui s'appuie sur des systèmes de quotas de production (économie planifiée).


D'abord, quels sont les principaux éléments de l'entente USA-Mexique:


1) La règle d'origine:  Les automobiles devront avoir un contenu nord-américain d'au moins 75%, des matières premières jusqu'à l'assemblage.  Sinon, des tarifs de 2,5% pourront s'appliquer;


2) Les salaires dans l'industrie automobile devront être de 16 $US/h minimum dans les deux pays (Presque 30 $/h aux USA et 3 $/h au Mexique..) d'ici 5 ans.  Sinon, des tarifs de 2,5% s'appliqueront;


3) Le Tribunal indépendant d'arbitrage est aboli et les litiges seront tranchés par des tribunaux US;


4) Une entente d'une durée de 16 ans avec des revues à tous les 6 ans;


5) Un renforcement de la protection de la propriété intellectuelle;


6) La fin de l'exception culturelle (télévision, cinéma, etc.) avec l'interdiction des gouvernements à subventionner ces industries;


7) L'engagement du Mexique à ne pas implanter de quotas de production, notamment dans l'agriculture.


Dans tous ces éléments précédents, les points 3+4+6+7 vont affecter particulièrement le Canada.  Les négociateurs américains se servent allègrement de cette entente pour forcer la main des représentants canadiens.  Contrairement à ce que les médias véhiculent, le secteur automobile n'est pas ici l'enjeu:  La preuve est faite qu'avec des tarifs de 2,5% sur la production automobile mexicaine, cela correspond à des "pinottes" ou simplement un permis à ne pas respecter les points 1+2.


Pour le Canada, les points 3+4 sont assez délicats à ce qu'ils peuvent freiner la capacité du Canada à attirer ou favoriser des investissements.  En effet, qui voudra investir au Canada si cette nouvelle ALÉNA est constamment remise en question et aux prises avec la tradition des poursuites judiciaires belliqueuses américaines sans fin ?


Pour les points 6+7, "it is a done deal".  Les systèmes de gestion de l'offre au Canada vont disparaître de même que la culture "canadienne".  En fait, vous comprendrez que c'est essentiellement le Québec qui fera les frais des points 6+7.  Comme exemple, il suffit de comprendre que le Wisconsin produit autant de lait que le Canada au complet... Ce lait aux hormones du Wisconsin est évidemment de moindre qualité.  Pour l'exception culturelle, les Québécois devront s'habituer à des séries Netflix...


Pour revenir sur l'enjeu d'un nouvel ALÉNA, l'abolition des quotas canadiens représentent peut-être un symbole pour les Américains; mais, en termes de chiffres, ce sont des montants relativement faibles.  Surtout que le Canada n'exporte à peu près pas de produits agricoles aux USA et peu ou pas de produits laitiers.


Un nouvel ALÉNA (avec la plupart de ces points) qui serait conclu avec le Mexique et le Canada servirait de tremplin à l'administration américaine pour défier encore plus la Chine et forcer d'autres économies émergentes à rentrer dans le rang avec le spectre des sanctions et la manipulation du dollar US.


Alors que les USA devenaient la seule super-puissance avec la chute du mur de Berlin dans les années 1990, ceux-ci croyaient en un monde unipolaire éternel dominé par le dollar US et l'invulnéraibilité de sa puissance militaire; la Chine devant se transformer en un état capitaliste à la merci des caprices américains.  Maintenant que la Chine est en proie de devenir la puissance technologique et économique #1 sur cette planète, les USA se doivent d'agir et vite.


Dans l'Antiquité du temps de l'empire romain, une phrase célèbre retentit encore:  "Il faut détruire Carthage."



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