Rentrée parlementaire

Les risques de la partisanerie

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Le premier ministre Jean Charest donnera mardi le coup d'envoi d'une nouvelle session de l'Assemblée nationale. Le discours inaugural qu'il présentera ce jour-là sera pour lui l'occasion de sortir de l'attentisme où il s'est réfugié depuis sa réélection le 8 décembre et de mettre son gouvernement en mode action.
On a très peu vu Jean Charest depuis la fin de la campagne électorale, à croire que le vrai premier ministre est Monique Jérôme-Forget. La ministre des Finances est de toutes les tribunes. Un jour, elle défend les projets en partenariat public-privé du gouvernement. Un autre, elle réclame de plus généreux versements de péréquation d'Ottawa, mène des consultations prébudgétaires et se porte à la défense de la gestion de la Caisse de dépôt et placement. Avec le ministre du Développement économique, Raymond Bachand, qui fait office de pompier en chef en cette période de récession, on a l'impression d'avoir là tout le gouvernement du Québec.
La ministre responsable de nommer les dirigeants de la Caisse de dépôt


L'absence du premier ministre est difficile à comprendre. Si l'idée était de ne pas trop exposer le chef du gouvernement durant la période de turbulence actuelle, disons que ce n'était pas une bonne idée, et le gouvernement en paiera certainement le prix par une baisse de la confiance à son endroit. Avec la reprise des travaux parlementaires, M. Charest sera certes sur la ligne de feu à chaque période de questions, mais, on le sait, cela est (trop) souvent simple spectacle. Ce que l'on attendra de lui, ce sont des orientations claires et des projets concrets. Le discours inaugural sera l'occasion de les exposer.
L'attentisme pratiqué par le gouvernement ces deux dernières années pouvait se justifier par la situation minoritaire dans laquelle il s'était retrouvé au lendemain de l'élection de 2007. Cela ne l'est plus puisque le 8 décembre il a obtenu la majorité recherchée. Or on ne peut dire que depuis cette attitude ait véritablement changé. À la brève session de l'Assemblée nationale de la mi-janvier, où on attendait un train de mesures économiques pour «traverser la tempête», il a plutôt invité le Québec à patienter jusqu'au budget de la fin de mars.
Ce budget suscite beaucoup d'attentes. La riposte à la tempête tant de fois promise sera-t-elle là? Visiblement, celle-ci sera beaucoup plus difficile que prévu à mettre au point, d'abord parce que la tempête est beaucoup plus forte que ce qui était attendu. Puis parce que les revenus du gouvernement en sont sérieusement affectés. Il en résultera un déficit budgétaire d'au moins trois ou quatre milliards, ce qui limitera d'autant la capacité du gouvernement à stimuler l'économie. À défaut de grands moyens, il faudra faire preuve d'imagination et d'une capacité à mobiliser toutes les énergies.
Au lendemain de l'élection, le premier ministre avait tenu des propos rassurants. «Le choc des idées est nécessaire à notre démocratie et nous allons travailler ensemble», avait-il dit, ce qui visiblement n'est pas la chose la plus facile à réaliser lorsqu'on voit le gouvernement et l'opposition incapables de s'entendre sur la tenue d'une commission parlementaire spéciale pour analyser les résultats négatifs de l'exercice 2008 de la Caisse de dépôt et placement. L'exercice est indispensable. D'abord pour permettre aux Québécois de savoir ce qui a causé une perte de valeur de 40 milliards et ce qu'il advient de leurs épargnes. Puis pour tirer les leçons qui s'imposent.
Les Québécois ne comprendront pas que le gouvernement n'accepte de rendre des comptes que quand ceux-ci sont bons. Si on n'arrive pas à tenir un tel exercice pour des questions partisanes, ce sera à désespérer que ces prochains mois puisse s'installer la coopération souhaitée par Jean Charest. À moins que ce souhait n'ait été que de circonstance.


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