Monsieur le Commissaire aux langues officielles,
 
Si les anglophones affirment vivre dans l’incertitude parce que le Parti québécois risque de prendre le pouvoir, vous pourriez leur souligner qu'il y a certains avantages à vivre au Québec, en comparaison de ce qui est offert à l'extérieur du Québec où nous sommes considérés comme des habitants d'une province pauvre.
Vous pourriez leur souligner notamment que la communauté anglophone aura son Centre hospitalier universitaire propre à Montréal, indépendant du CHUM, alors que Québec aurait pu se contenter de construire un seul centre universitaire.
Vous auriez pou leur expliquer que s’il n’y a pas plus d’emplois au Québec, c’est parce que l’on ne voit pas la couleur de politiques et d’investissements fédéraux structurant au Québec. Il suffit de constater, qu’au fil des ans, tous les trente laboratoires fédéraux de la région de la Capitale nationale du Canada ont été installés à Ottawa, alors qu’entre Ottawa et Gatineau il y a pourtant des ponts de moins d’un kilomètre de longueur. Souvenez-vous de la levée de bouclier des chercheurs d’Ottawa lorsque le premier ministre Brian Mulroney avait voulu transférer le laboratoire en aérospatiale au Québec.
 
Il est bien évident que si le Québec devient souverain - ce qui est dans l'ordre des choses pour tous les peuples - certains pourront dire que les Québécois ont compris qu’ils n’avaient rien à attendre du Canada,
 
On le voit avec l’état des voies ferrées au Québec et avec la catastrophe de Lac-Mégantic. On le voit avec les propos chicaniers de Trudeau fils. On le voit bien lorsque l'on constate qu'en avril 2014 il y aura six ans que le Manège Militaire a brûlé à Québec et qu'il est évident que les murs se détériorent à vue d'oeil en raison des cycles de gel et de dégel. Est-ce qu’à Ottawa, une capitale au même titre que la ville de Québec, les autorités auraient laissé un édifice patrimonial du genre se détériorer, surtout dans une ville où les touristes abondent?
 
Est-ce que la communauté anglophone a fait des efforts pour se rapprocher des Québécois après le référendum volé de 1995? Un certain Henry Bain n'a-t-il pas tenté de tuer la première ministre Pauline Marois le soir de sa victoire en 2012?
 
Et en ce qui à trait à la Charte de la laïcité, le Québec ne suit-il pas le chemin que la plupart des pays européens ont emprunté devant le constat de l'échec du multiculturalisme? Les politiciens d’Ottawa, qui ont la responsabilité des relations internationales, devraient s'informer auprès des dirigeants européens des raisons de leur abandon du multiculturalisme. Que ce soient Angela Merkel, Nicolas Sarkozy, David Cameron ou le gouvernement des Pays-Bas, tous ont constaté l’échec de cette doctrine. L’autre jour, à la télé, j’ai vu un reportage où il était question d’un crime d’honneur en Angleterre. Les assassins s’étaient enfuis en Irak, leur pays d’origine, après avoir tué une jeune fille de la famille qui refusait de vivre avec un homme qu’elle s’était fait imposer et qui la battait.
 
Tout ce que demande la Charte de la laïcité aux représentants de l'État, c'est de ne pas porter de signes religieux ostentatoires au travail. En dehors de leur travail, ces représentants de l’État demeurent totalement libres de pratiquer leur religion. Il n’y a pas de passe-droit, pas de traitement de faveur pour quiconque. Nous sommes clairement pour l’égalité hommes/femmes, contre le mariage forcé des jeunes filles, contre l’excision, etc. À travers sa charte, le Québec offrira plus de liberté aux femmes que dans bien des pays.
 
Vous connaissez certainement, monsieur Fraser, le sort réservé à Nathalie Morin, cette jeune Québécoise retenue contre son gré en Arabie saoudite, un pays où la femme et le chameau ont à peu près la même valeur. Et bien je n’ai pas vu beaucoup d’efforts de la part du Canada pour faire sortir cette jeune femme et ses trois enfants de ce pays. Les Affaires étrangères sont pourtant de compétence fédérale... Des Saoudiennes ont apporté de la nourriture pour les enfants de Nathalie et un cellulaire afin qu’elle puisse communiquer avec sa mère. Mal leur en prit; elles ont été jetées en prison.
 
Et lorsqu’il y a des débats importants au Québec, tel par exemple celui sur le péage du Pont Champlain, nous ne voyons pas les communautés anglophone et allophone se joindre à la communauté francophone pour lutter contre cette injustice. Pourtant les cinq millions de détenteurs de permis de conduire du Québec paient toujours 10 cents de taxes fédérales sur chaque litre d'essence alors que les seules responsabilités routières du gouvernement fédéral se limitent chez nous... aux ponts Jacques Cartier et Champlain.
 
Si nos amis anglophones sont nerveux parce que le Québec veut se donner des lois différentes du reste du Canada, ils devraient se demander si les francophones et les autochtones des autres provinces sont aussi bien traités que les anglophones du Québec ? Comment se fait-il que dans les Prairies et dans les Territoires du nord-ouest, où la population totale des Premières Nations compte pour 8,4 % de l'ensemble de la population, 44,3% de la population carcérale soit issue de ces mêmes Premières Nations? Le Québec est certes loin d’être parfait, mais j’invite tout de même le ROC à constater les efforts qui ont été faits pour que nos Premières Nations aient voix au chapitre. Au Québec, les Premières Nations représentent 1% de la population totale et ils sont encore trop nombreux dans nos prisons, soit 4,1% de la population carcérale.
 
Monsieur le Commissaire aux langues officielles, même les meilleurs changements créent de l’incertitude. Mais malheureusement le PLC et le PLQ ont toujours travaillé à garder le vote anglophone et allophone captif, comme s’ils étaient la propreté même. Qui a vidé le Fonds de l’assurance-emploi, alors qu’il n’a pas mis un seul dollar dans ce fonds ? N’est-ce pas le même homme qui a ouvert les vannes pour que les riches puissent déposer leurs profits dans les paradis fiscaux, pour qu'ils puissent ensuite récupérer leur mise après avoir payé un maigre 2,5% d'impôt à ces mêmes paradis fiscaux? Lorsque la classe moyenne se fait voler, comme en 2012, quelque 155 milliards de dollars en raison justement de ces paradis fiscaux, ce sont à la fois les francophones, les anglophones et les allophones honnêtes qui se font voler. C'est cela qui devrait créer de l’incertitude à court terme.
 
N’a-t-on pas appris qu’il faut diviser pour régner? À ce jeu, les libéraux sont excellents et les conservateurs ont bien appris de leurs prédécesseurs......