Libéraux des villes, bloquistes des champs

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Le clivage entre Montréal et le reste du Québec est une division ethno-linguistique


Tandis que la poussière retombe graduellement après cette campagne peu mémorable, je regarde les chiffres et un seul des partis d’opposition en ressort gagnant : le Bloc québécois.


Certes, les projections à une semaine du vote semblaient indiquer que le Bloc pouvait espérer une récolte encore plus faste : la moyenne bloquiste de la projection fédérale Qc125 a grimpé jusqu’à 39 sièges, avant de descendre à une moyenne de 33 sièges à la veille du vote. Yves-François Blanchet sera finalement flanqué d’un caucus de 32 députés à la Chambre des communes pour les prochaines années — plus du triple des résultats de 2015.



Voici les résultats du dernier scrutin fédéral au Québec :



 


Le Parti libéral du Canada (PLC) conserve le premier rang dans la province, avec 34 % des voix, soit à peine un point derrière son résultat de 2015 au Québec. De son côté, le Bloc a bondi de 19 %, en 2015, à 32,5 %, en 2019. Les conservateurs ont fait du surplace au vote populaire et ont remporté deux sièges de moins qu’en 2015.


Le plus grand recul, sans surprise, est celui du Nouveau parti démocratique (NPD). En 2015, Thomas Mulcair avait mené son parti à 25 % des suffrages au Québec et une récolte respectable (même si décevante à l’époque) de 16 députés — le plus grand total des dix provinces au pays. Cette fois, avec une perte de près de 15 points au Québec, seul Alexandre Boulerice aura sauvé sa circonscription de Rosemont-La Petite-Patrie.


À Montréal, les libéraux ont raflé 16 des 18 circonscriptions de l’île — le meilleur résultat du PLC depuis le balayage de Pierre Elliott Trudeau en 1980. Au total, les candidats du PLC ont récolté près de la moitié des bulletins de vote de la métropole, avec plus de 30 points d’avance sur leurs rivaux :


Néanmoins, le Bloc a nettement amélioré son score de 2015, même dans la métropole. Une carte interactive de la variation de support du Bloc par circonscription est disponible ici. Les circonscriptions vertes désignent celles où le Bloc a augmenté sa part du vote ; celles en rouges sont celles où la fraction du vote bloquiste a diminué. Les couleurs foncées indiquent des variations plus importantes entre les deux élections.



 


Et il n’y a pas beaucoup de rouge. Sur les 78 circonscriptions fédérales au Québec, le Bloc a augmenté sa part du vote dans 77 d’entre elles. La seule exception est Laurier-Sainte-Marie, où le candidat bloquiste a obtenu environ cinq points de moins que Gilles Duceppe en 2015 :



En effet, même si les résultats bloquistes sont demeurés modestes dans la métropole, nous remarquons que le parti a grimpé partout ailleurs. L’augmentation du vote bloquiste a été plus prononcée dans les couronnes du 450, où le Bloc a fait le plein de circonscriptions.


En fait, hors de Montréal, le Bloc a terminé premier aux suffrages, avec un peu plus de 36 % du vote.


Outre le 450, le Bloc a particulièrement grimpé dans les régions-ressources comme l’Abitibi, le Nord-du-Québec, le Saguenay–Lac-Saint-Jean, le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie.

Toutefois, il est important de noter que les libéraux fédéraux n’ont pas subi le même sort que leurs cousins provinciaux l’an dernier — rappelons-nous que le Parti libéral du Québec n’avait remporté que deux circonscriptions à l’est d’Anjou et deux à l’ouest de Vaudreuil. Avec les démissions de Philippe Couillard et Sébastien Proulx dans les mois qui ont suivi l’élection québécoise, le PLQ n’est présentement représenté que dans la grande région de Montréal et en Outaouais.


À l’inverse, le PLC a tout de même obtenu 30 % du vote hors de Montréal et fait élire des députés dans plusieurs régions au Québec : la Mauricie, l’Estrie, la Gaspésie, l’Outaouais, la Montérégie et Québec. L’aile québécoise du PLC demeure donc bien représentée à la Chambre des communes.





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