Lisette Lapointe voit poindre un «mouvement de fond» pour la souveraineté

Les indépendantistes orphelins



Lisette Lapointe

Photo : Jacques Grenier - Le Devoir



Québec — Un «mouvement de fond» en faveur de la souveraineté se dessine en prévision de l'automne, a affirmé hier la députée indépendante Lisette Lapointe.
À cause de la torpeur dans laquelle le Parti québécois est plongé sous le leadership de Pauline Marois, les souverainistes de tous horizons se mobilisent pour se réapproprier le projet souverainiste, a déclaré la députée de Crémazie en entrevue à la Presse canadienne.
«C'est un mouvement de fond, et ça, je n'ai pas vu ça depuis très longtemps. Des gens qui sont en train de bâtir une proposition sur une façon de faire, pas des paroles en l'air, c'est du sérieux», a insisté l'épouse de l'ancien premier ministre péquiste Jacques Parizeau.
Sans apporter davantage de précisions, la députée a évoqué la création d'une assemblée constituante chargée de définir, par le menu, les contours du nouveau pays.
«Des souverainistes veulent redéfinir [l'approche souverainiste], veulent que ce soit le peuple qui définisse le pays qu'on veut et la façon qu'on veut le faire. Je vous le dis, ça grouille, ça bouge énormément de partout, les gens n'acceptent pas la situation actuelle où un parti politique décide du quoi et du comment», a-t-elle expliqué.
Mme Lapointe a claqué la porte du Parti québécois en juin dernier, en compagnie de deux autres ténors souverainistes, Pierre Curzi et Louise Beaudoin. Jean-Martin Aussant, une recrue de Nicolet-Yamaska, leur a emboîté le pas le lendemain.
L'appui sans réserve affiché par Mme Marois au projet de loi 204 visant à protéger contre toute contestation judiciaire l'entente conclue entre la ville de Québec et Quebecor sur la gestion du futur amphithéâtre a été à l'origine de la vague de démissions.
Comme ses collègues démissionnaires, la députée de Crémazie a choisi de siéger comme indépendante. Elle reproche à Mme Marois son style «autoritaire» et son manque de clarté sur la démarche menant à la souveraineté.
«Nos démissions sur des questions de principe ont fait bouger les choses rapidement», a déclaré Mme Lapointe.
Contrairement à M. Aussant, Mme Lapointe ne mentionne pas la création possible d'un nouveau parti politique. Elle parle plutôt d'un mouvement qui ferait contrepoids à la Coalition pour l'avenir du Québec de François Legault.
La coalition de l'ancien ministre péquiste, qui trône au sommet des sondages sur les intentions de vote même s'il ne s'agit pas — encore — d'un parti politique, veut mettre sous le tapis le débat national pour au moins 10 ans.
«Legault nous dit qu'il ne fera rien avant 10 ans. Moi, je vous dis qu'il y a une contrepartie à Legault, et elle va se faire connaître rapidement [...] Ça bouge et je pense que plusieurs vont être surpris», a soulevé Mme Lapointe.
Entre autres, la députée voit d'un oeil bienveillant les activités de groupes tels que Les Intellectuels pour la souveraineté et Cap sur l'indépendance.
Avec l'affaiblissement du Parti québécois et la quasi-disparition du Bloc québécois aux élections fédérales du 2 mai, un consensus se dégage sur l'importance qu'il y a à unir les organisations indépendantistes et à confier aux citoyens la tâche de définir le pays, a-t-elle insisté.
«Il faut que ça vienne de la population, de la base, et il faut qu'on sache qu'est-ce que sera le pays», a-t-elle fait valoir.
Dès la rentrée parlementaire, le 20 septembre, «on va vouloir remettre la souveraineté à l'ordre du jour et la mettre dans les mains de la population, et non seulement dans celles d'un parti politique», a conclu Mme Lapointe.


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