Lucien Bouchard, le Conseil Privé et le référendum de 1995

Comment peut-on sérieusement combattre un état et son régime et à la fois en demeurer un allié fidèle ?

Canada - Propagande Canada

Enfin, n’est-il pas légitime de faire un lien entre les années de direction du Pq par Lucien Bouchard, alors au pouvoir (de 1996 à 2001) et le délai de cinq ans prescrit par la Loi électorale pour la tenue d’un référendum afin de procéder à une enquête et si nécessaire intenter des poursuites pénales contre le Comité du NON ?
La récente nomination du nouveau Gouverneur Général David Johnston m’a amenée, ainsi que quelques militants, à me pencher sur cette fonction, ainsi que sur les monarchistes qui l’entourent pour découvrir que l’ex-chef souverainiste Lucien Bouchard faisait partie des fidèles de Sa Majesté qui sont tenus au secret d’État !

Nous avons donc scruté à la loupe les organisations gouvernementales canadiennes œuvrant directement avec les représentants de Sa Majesté dont le plus intéressant est le mystérieux Conseil privé de la Reine pour le Canada.
Sur le site dudit Conseil nous pouvons prendre connaissance des noms des membres actuels.
Source url : http://www2.parl.gc.ca/parlinfo/compilations/federalgovernment/PrivyCouncil.aspx?Language=F
Comme tous les ministres ayant siégé à la Chambre des Communes, nous retrouvons, dans la prestigieuse liste, le nom de Lucien Bouchard dont le mandat, à vie, s’est poursuivi et ce, sans interruption ni révocation, depuis sa nomination en 1988 :
http://www2.parl.gc.ca/parlinfo/Files/Parliamentarian.aspx?Item=f9fce1bc-7685-4af7-bcb3-485e834af645&Language=F
Or, le mandat principal des membres du BCP ( Bureau du Conseil Privé de la Reine ) est loin d’être négligeable pour la bonne marche des affaires de l’état canadian. Ainsi est-il mentionné sur la page officielle du BCP :
Notre mission
Servir le Canada et les Canadiens en conseillant et assistant, au mieux et en toute impartialité, le Premier ministre et le Cabinet. 
Nos valeurs
Nous sommes conscients de la nécessité de fournir au Premier ministre nos conseils et nos services en temps opportun. Nous nous consacrons à notre travail et veillons à la bonne marche du gouvernement. Nous sommes convaincus que l'intégrité, le jugement et la discrétion sont essentiels à l'accomplissement de notre mission.  Nous sommes convaincus que le personnel fait la force du Bureau du Conseil privé.
http://www.pco-bcp.gc.ca/index.asp?lang=fra&page=information&sub=publications&doc=dpr-rrm/2001-2002/dpr-rrm2002-annexa_f.htm
Plus étonnant encore est le contenu du serment d’allégeance d’un candidat au poste de membre du BCP qui se lit comme suit :

Serment prêté par les membres du Conseil privé
Moi, , je jure (déclare) solennellement et sincèrement que j'agirai en fidèle et loyal serviteur de Sa Majesté la Reine Elizabeth Deux, en ma qualité de membre du Conseil privé de Sa Majesté pour le Canada. J'exprimerai fidèlement, honnêtement et en toute vérité, mon sentiment et mon opinion sur toute chose traitée, débattue et résolue en Conseil. Je tiendrai secret tout ce qui me sera confié ou révélé en cette qualité, ou tout ce dont il sera traité secrètement en Conseil. J'agirai en toutes circonstances comme il convient à un fidèle et loyal serviteur de Sa Majesté.

Ainsi Dieu me soit en aide.

Du référendum volé
Autre élément non négligeable : rappelons que Monsieur Bouchard fut chef du Parti québécois et Premier ministre du Québec de janvier 1996 jusqu’à sa démission le 8 mars 2001. À la lumière des révélations de Robin Philpot contenues dans son livre « Le référendum volé », Éditions Les Intouchables, 2005 et de la poursuite de son enquête avec « Les secrets d’Option Canada », menée et rédigée conjointement avec Normand Lester, il est maintenant convenu que le référendum de 1995 fut volé par le camp du NON.
Or, dès les jours suivants le troublant résultat du référendum, les rumeurs d’irrégularités commises par le Comité du NON quant au déroulement de la campagne référendaire et du jour de la consultation allèrent déjà bon train et ne cessèrent de s’amplifier au cours des mois et des années qui suivirent.
Le Pq, étant déjà au pouvoir depuis 1994 et reporté aux commandes de l’État québécois en 1998, détenait toute la latitude nécessaire pour exiger du DGE de mener une enquête sur ces allégations entourant le processus démocratique du référendum.
Cette enquête s’imposait dès les premiers mois d’autant plus que l’article 569 de la Loi électorale pour la tenue d’un référendum prévoit un délai maximum de cinq ans afin que les autorités concernées intentent une poursuite pénale pour infraction à la loi.
Je cite :
« Le directeur général des élections peut intenter une poursuite pénale pour une
infraction prévue au présent titre.
Une poursuite est intentée devant la Cour du Québec. Elle se prescrit par un an
depuis la date de la connaissance par le poursuivant de la perpétration de l'infraction.
Toutefois, aucune poursuite ne peut être intentée s'il s'est écoulé plus de cinq ans
depuis la date de la perpétration de l'infraction. »

Source url :
 http://www.electionsquebec.qc.ca/documents/pdf/loi_consul_populaire_fr.pdf
Cinq ans !
Considérant ces informations :
1° Comment expliquer que l’honorable Lucien Bouchard, membre du BCP, ait pu fonder le parti du Bloc québécois en 1990, co-présider, avec Jacques Parizeau et Mario Dumont, le Comité du OUI au référendum sur l’indépendance du Québec en 1995 et devenir Président et chef du parti québécois de 1996 à 2001 tout en conservant ses fonctions au BCP et surtout continuer à agir en « toutes circonstances comme il convient à un fidèle et loyal serviteur de Sa Majesté » la Reine Elizabeth II ?
2° Comment expliquer qu’aucune personne liée de près au Bloc québécois , au Comité du OUI en 1995 et, par la suite, au Parti québécois de 1996 à 2001 n’ait jamais relevé publiquement que l’illustre Lucien Bouchard, travaillant alors à faire de la « province » de Québec un État indépendant, faisait en même temps partie du club sélect chargé de conseiller le Premier Ministre du Canada et à veiller à l’unité du pays ?
3° Comment expliquer qu’Ottawa , incluant le Gouverneur Général de l’époque, le Premier ministre canadien et bien sûr le Bureau du Conseil Privé de la Reine n’aient pas été scandalisés que l’un des leurs travaille à briser l’unité canadienne et du coup, jugé nécessaire de lui demander prestement sa démission comme membre du BCP ?
4° Comment un dirigeant souverainiste a-t-il pu décider de conserver son titre et ses attributs et possiblement être consulté « secrètement » par ses collègues du Conseil Privé de la Reine, que ce soit lors de réunions formelles ou informelles, de vive voix, par écrit ou de toute autre façon ?
Comment peut-on sérieusement combattre un état et son régime et à la fois en demeurer un allié fidèle ?
Il est évident qu’on ne peut servir deux maîtres aussi diamétralement opposés sans se placer dans une situation de conflit d’intérêts. Ou l’on est souverainiste et républicain ou l’on demeure loyal à Sa Majesté.
Enfin, n’est-il pas légitime de faire un lien entre les années de direction du Pq par Lucien Bouchard, alors au pouvoir ( de 1996 à 2001 ) et le délai de cinq ans prescrit par la Loi électorale pour la tenue d’un référendum afin de procéder à une enquête et si nécessaire intenter des poursuites pénales contre le Comité du NON ?
Alors que plusieurs indépendantistes réclament à nouveau un référendum sur la souveraineté ( souveraineté doublement plus populaire que la méthode référendaire ) ces troublantes questions doivent être courageusement posées et débattues sur la place publique dans l’intérêt non pas d’un seul homme ou d’un parti, tout souverainiste soit-il, mais dans l’intérêt de toute une nation qui tend démocratiquement et en toute légitimité à sa complète émancipation.
Danièle Fortin
Montréal, le 3 décembre 2010


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12 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    26 novembre 2011

    .
    Lucien Bouchard est une sorte de traître pas piqué des vers.
    Une analyse de ses amitiés particulières fait ressortir à mon avis une traîtrise plus vaste, plus sournoise, moins connue de la plupart des Québécois, et c'est celle du gaullisme français.
    En effet, il y a quelque temps, Lucien Bouchard s'est rendu à Paris en compagnie de Paul Desmarais pour assister en tant qu'ami de la famille à la remise de la Légion d'honneur française à Madame Desmarais des mains de Nicolas Sarkozy, dernier gaulliste de la lignée à la tête de l'État français.
    Pour mémoire, Sarkozy n'a pas hésité à dire publiquement tout le mal qu'il pensait des indépendantistes québécois.
    Cela dit, je pose comme principe vérifiable que le fameux « Vive le Québec libre » est à l'origine d'un quiproquo et d'un malentendu monumental dont la réalité a été révélée par la déclaration de Sarkozy, héritier spirituel de De Gaulle.
    Je pose ici que le gaullisme français est du côté du fédéralisme canadien et pas du côté des indépendantistes québécois. Depuis 1945, même ...
    .
    Salut à toi, Ô Danièle ...
    Victor.
    .
    Heu... Cela dit, il se peut aussi que j'enfonce une porte ouverte et que les indépendantistes québécois savent mieux que personne qu'il n'y a rien à attendre des gaullistes, amis de Desmarais (gros actionnaire des Ciments Lafarge, multinationale française), et aussi de Bouchard (représentant de l'industrie des gaz de schiste).
    .

  • Archives de Vigile Répondre

    14 février 2011

    @ Jean-Pierre Bélisle
    D'abord je vous remercie de nous éclairer sur la mission du BCP, mais encore ?
    Comme je le soulignais précédemment à Hélèna, malgré le fait que les ministres fédéraux en deviennent membres d'office, il est plutôt étonnant que des individus tels que le Dr Porter du MUHC , Philippe Couillard ou Paul Desmarais Sr y aient été nommés.
    M'est avis que les membres de cette institution monarchique ne portent pas les aspirations du peuple québécois dans leur coeur.
    Dois-je vous rappeler que la question de l'indépendance du Québec demeure la grande préoccupation des promoteurs du Canada « coast to coast » ? Qu'ils ont hâte, très hâte d'en finir avec les « méchants séparatistes » ? Encore heureux, pour eux que les principes républicains, tenus cachés par l'élite politicienne souverainiste, n'intéressent qu'une infime proportion de Québécois.
    Je comprends aussi votre analyse critique lorsque vous poursuivez votre commentaire en affirmant que « la voie la plus plausible par laquelle le Québec deviendra indépendant pourrait bien être le maintien de la monarchie, de toutes les lois fédérales applicables et de la jurisprudence de la Cour sprême [ sic ] du Canada ... le temps qui sera nécessaire à notre transition vers la République. »
    C'est bien l'impression que me donne le silence du Pq quant à ses réelles intentions au lendemain d'un référendum gagnant.
    Si tant est qu'il soit possible qu'un OUI à un futur ( et heureusement très hypothétique ) référendum sur la souveraineté du Québec se révèle victorieux.
    Mais avouez que dès qu'il nous prend l'envie de se questionner sur ce lendemain qui déchantera, il est un peu normal que les indépendantistes, ceux qui désirent que le Québec s'affranchisse totalement du Dominion du Canada, éprouvent un malaise sinon une angoisse face projet souverainiste du Parti québécois. Mais pourquoi alors, à votre avis, ce pays que l'on attend avec tant d'impatience devrait-il passer par une période de transition de la monarchie à la république ? Cette période transitoire prendrait combien de temps ?
    Pourquoi le peuple ne se doterait-il pas d'abord d'une Constitution d'État issue d'une Assemblée constituante qui, j'en suis convaincue, aboutira à la proclamation de l'indépendance du Québec ? Ce qui aurait pour immense avantage d'éclairer la population sur les tenants et aboutissants - et bien sûr des bienfaits - d'une véritable indépendance. De toute façon il faudra bien un jour que les Québécois et les Québécoises se dotent de LEUR Constitution. Pourquoi attendre le lendemain d'un référendum qui, si l'on se fit au cadre législatif canadian, sera inévitablement contesté ? Une DUI accompagnée d'une Loi fondamentale, d'un Contrat social, bref, d'une Constitution ne laissera planer aucune ambiguïté sur les intentions de notre peuple eu égard à ses revendications autant pour les voisins canadien et américain qu'à l'international.
    C'est à espérer, à tout le moins, que dans le cadre de la politique nationale, Québec solidaire saura poser ces questions d'une priorité absolue.
    -

  • Archives de Vigile Répondre

    14 février 2011

    @ Héléna,
    Je vous avouerai d'emblée que ma découverte n'est pas le fruit d'une enquête sur la personne de Lucien Bouchard mais bien de mon intérêt soutenu pour les institutions monarchiques que l'on considère, à tort, comme purement symboliques, doublé d'un autre intérêt qui concerne cette fois-ci l'odieux projet du nouveau MUHC ( le méga CHU de l'Université McGill ) dont le directeur général, Arthur T. Porter, arrivé au Québec en 2004 qui, ô prodige, se retrouve, lui aussi, dans le club sélect du Bureau du Conseil privé de la reine pour le Canada de même que son collègue, l'ex ministre de la santé, Philippe Couillard.
    C'est en cherchant à mieux connaître ces sinistres personnages que j'ai croisé le nom de Lucien Bouchard. D'où la suite de mon questionnement sur les engagements politiques de l'ex fondateur du Bloc québécois , co-président du Comité du OUI en 1995 et ex-Premier ministre d'un Gouvernement souverainiste pendant les cinq années suivant ledit référendum.
    Sachant qu'il existe des modalités de démission ou de révocation au BCP, je me suis demandée pourquoi l'indépendantiste Lucien Bouchard, son entourage au Bloc et au Pq de même qu'à Ottawa n'y aient pas vu une flagrante contradiction ( sinon une trahison ) entre ces deux positions diamétralement opposées. Peut-être aussi que l'indépendance péquste saura très bien s'accommoder du statut d'État libre comme celui de l'Irlande issu du Traité de Londres en 1921 et qui a perduré jusqu'en 1937 ?! Ce qui ne se présenterait pas si désastreux ni pour Ottawa ni Bay Street ! Je ne sais pas, le Pq ne parle que de souveraineté sans en donner plus de détails.
    Le lendemain du Grand Soir pourrait dès lors s'avérer décevant pour plus d'un.
    -

  • Archives de Vigile Répondre

    14 février 2011

    @ Yves
    Pour tout vous dire, j'ai rédigé ce texte au début de décembre et je l'ai immédiatement soumis à « Vigile » qui, pour je ne sais quelle raison, ne l'a publié que samedi dernier.
    Je tiens à préciser que je n'y vois là rien de répréhensible. Que « Vigile » accepte de mettre en ligne l'un de mes textes m'est déjà un privilège. Je me garderais donc bien de
    réchigner sur le moment de sa publication. ;)
    En ce qui a trait à la possibilité qu'un futur Gouvernement ne reconnaisse pas le résultat du référendum de 1995, je ne compterais pas trop là-dessus.
    Dernièrement Madame Marois à soulevé l'éventualité que si son parti était porté au pouvoir, il pourrait y avoir un nouveau référendum sue la souveraineté.
    Dès lors, envisager la reprise de l'exercice ne vient-il pas, de facto, accepter la victoire du camp du NON en 95 ?
    Poser la question est, à mon avis, y répondre.
    Cordiales salutations,
    DF
    -

  • Archives de Vigile Répondre

    14 février 2011

    @ Christian Montmarquette,
    Là où nous nous rejoignons, j'en ai déjà fait mention dans un précédent commentaire, n'est pas tant dans la question gauche/droite mais bien dans notre passion commune pour une réelle démocratie au Québec.
    Celle du peuple par le peuple et pour le peuple. En cela, contrairement au flou politique désespérément entretenu par l'élite péquisto-bloquiste, Québec solidaire
    sait se faire plus transparent , autant dans la méthode d'accession que dans le sens à donner à la cause qui nous est chère, celle de l'indépendance du Québec.
    Nous en avons une preuve, entre autres, dans cette lettre de Françoise David adressée aux trente jeunes souverainistes du Parti québécois, signataires d'un manifeste réaffirmant leur
    appui à leur cheffe, Pauline Marois. Pour l'essentiel, Françoise David y posait des questions fondamentales quant à la nature à donner à cette indépendance.
    Je cite Madame David :
    « Un pays pour quoi? Un pays comment? À quoi ressemblerait-il sur le plan des institutions démocratiques et des valeurs communes? »
    Source :
    http://www.ledevoir.com/politique/quebec/310496/lettre-aux-jeunes-souverainistes
    Lors des référendums de 1980 et de 1995, ce type de questionnement était reconnu comme douteux, voire sacrilège car il induisait un doute quant aux véritables intentions
    du Pq de René Lévesque et de Jacques Parizeau en ce qui concerne la bonne marche vers le pays dont nous rêvions. Il allait donc de soi qu'un seul vote pour la souveraineté
    nous ouvrait toutes grandes les portes vers la liberté sans autre procès. Voter OUI c'était donner toute notre confiance, toute la latitude nécessaire au parti qui avait initié ces deux consultations populaires.
    Or, le Pq actuel devra comprendre qu'avec la démocratisation du savoir ( notamment Internet ); la facilité d'accès à l'information alternative et à sa grande et rapide diffusion,
    tout exercice démocratique s'en trouve nécessairement reconsidéré, scruté à la loupe par quiconque s'y intéresse, peu importe son expertise. À plus forte raison, un référendum sur l'indépendance
    d'un État. Le Pq-Marois croit-il vraiment qu'il peut renouveler l'expérience référendaire, calquée sur celles de 80 et 95, et que nous resterons les yeux fermés, sans questionnement sur la nature du projet de ce pays à venir ?!
    C'est à se demander si l'« indépendance » que nous propose le parti de Pauline Marois n'en est pas une semblable aux « indépendances » accordées aux pays africains de l'époque de la grande décolonisation ?!
    Nous voyons aujourd'hui de quels « indépendances » il s'agissait. L'exemple du Congo représentant l'exemple terrifiant de ce cadeau empoissonné !
    Exagération me rétorquera l'élite péquiste. Mais à peine , lui répondrais-je à l'aune de ce qu'un Bernard Landry nous annonçait, mine de rien, dans une vidéo où il en appelait à « à la nécessité et l'urgence de faire l'indépendance » :
    http://www.dailymotion.com/video/xfhux3_necessite-et-urgence-de-faire-l-independance-du-quebec_news
    Or, à environ la 10ème minute de la vidéo, M. Landry nous annonce que le Québec indépendant fera partie des grandes instituions mondiales comme l'OMC et le FMI.
    Tiens donc ! Mais d'où prend-il cette certitude ? Le silence de plomb qu'entretient le Pq, depuis sa fondation voilà quarante ans, quant à l'orientation économique, sociale et politique, du régime politique d'un Québec indépendant ne présage rien qui vaille pour la suite des choses. L'indépendance des nations en ce début du 21e siècle ne sera plus abordée comme dans les années précédentes. En cela, les soulèvements populaires en Tunisie et en Égypte, où les deux peuples respectifs en appellent à une DEUXIÈME indépendance, préfigurent un changement de paradigme de la démocratie, la vraie, celle des peuples et non des élites financières et politiques. Et une indépendance digne de ce nom ne peut s'incarner que par une Constitution rédigée par une Assemblée constituante à laquelle les membres seront élus au suffrage universel et dont la classe politique sera écartée. Car une véritable constitution doit être appréhendée comme un contre-pouvoir. C'est elle qui limite la toute puissance que s'octroient trop facilement les élus sur les citoyens.
    En cela, oui, Québec solidaire a ce soucis d'une authentique démocratie mais, encore là, un parti politique ne peut s'arroger le droit de faire de cet exercice fondamental une promesse électorale, dépendant du destin d'un parti politique. Comme l'explique l'ancien député socialiste et philosophe, André Bellon à propos de cette même promesse faite par le co-président de la gauche actuelle et candidat à la présidentielle en 2012, Jean-Luc Mélenchhon aux citoyens français :
    « La Constituante n'a pas à être confisquée par l'élection présidentielle. Elle ne peut être octroyée. Elle est la chose du peuple. »
    http://www.rue89.com/2011/01/27/melenchon-et-la-constituante-renovation-ou-recuperation-187181?page=1
    Ainsi donc, la réelle libération d'un peuple ne s'exprimerait-elle pas plutôt par les modalités de création de sa constitution que par une simple consultation populaire où la voix de ce peuple ne se résumera qu'à un OUI à l'aveuglette ?! En quoi cette dernière voie/voix est-elle synonyme de décolonisation et d'émancipation ?
    Il faut quand même noter que le processus d'assemblée constituante ici n'est envisagée que par la gauche, autant en France qu'au Québec.
    ( Je suis désolée d'offrir une si longue réponse, autant au destinataire qu'à l'administration de « Vigile » et à son lectorat. )
    -

  • Jean-Yves Durocher Répondre

    14 février 2011

    Mon dégoût profond de Me. Bouchard et de ses tours de passe-passe ne peut m'empêcher de vous dire que votre théorie du complot est hors-champ.
    Ce qui étonne, c'est que Sa Majesté n'ait pas offert à Gille Duceppe, alors qu'il était le Chef de Sa Loyale Opposition de devenir membre de Son Conseil Privé au Canada, ses provinces et territoires. Ce qui fût une première dans notre système parlementaire britannique, ici et ailleurs.
    À vous suivre, personne ne serait ministre à Québec quant à y être.
    Et que dire des traîtres Parizeau? Bourgeault et Landry?
    Le premier n'a-t-il pas prêté serment comme fonctionnaire à Ottawa lorsqu'il y était conseiller?
    Les derniers sont à fusiller, vivant et par coutumance, ils ont prêtés serments d'officiers de l'Armée de Sa Majesté.
    Il y a beacoup à reprocher à Me. Bouchard, mais votre théorie n'est malheuresement rien que cela.

  • Nosco Répondre

    14 février 2011

    Mme Fortin, la lecture de votre article devrait en convaincre plus d’un, sur le rôle obscur de Lucien Bouchard. Il semble bien que l’épisode de 1995-2001 de la carrière de Lucien Bouchard soit la plus grande perfidie du Québec politique. S’il est trop tard pour intenter une poursuite légale, il est encore possible de simplement proclamer l’annulation de ce référendum. Après tout, l’important ici n’est pas le gain judiciaire, mais bien le gain politique d’une telle action. Après une enquête serrée, l’annulation du référendum nous permettrait de sortir de la torpeur qui caractérise l’après 95 et de remettre la machine en marche pour un référendum pleinement démocratique.
    Nosco

  • Jean-Pierre Bélisle Répondre

    13 février 2011

    La piste du « Conseil privé de la reine pour le Canada » et le serment y associé n’est D’AUCUN SECOURS pour expliquer l’absence de poursuite pénale contre le Comité du Non dans la foulée du référendum de 1995.
    Ce « mystérieux Conseil privé de la Reine pour le Canada » que vous avez découvert dans vos recherches, n’a rien d’ésotérique. L’article 11 de la Loi constitutionnelle de 1867 nous dit qu’il existe, à quoi il sert, par qui ses membres sont choisis et nommés. Le site web du Gouverneur général du Canada ainsi que celui du Bureau du Conseil privé contiennent un grand nombre de documents explicatifs.
    L’organe exécutif du Gouvernement fédéral, i.e. « le cabinet » est formé par l’ensemble des ministres fédéraux en fonction. Ce « cabinet » n’a aucune existence légale. Il n’existe qu’en vertu d’une convention constitutionnelle et doit ainsi se transformer, se muter en « comité du Conseil privé » pour faire entériner ses décisions par le Gouverneur général pour que celles-ci aient pleine valeur juridique.
    Comme tout autre ministre fédéral, Lucien Bouchard a donc été nommé ‘conseiller privé’ en raison de sa nomination comme ministre de l’environnement par le premier ministre Bryan Mulroney. Il est devenu honorable à vie à compter de la date de son assermentation.
    Le serment qu’a prêté Lucien Bouchard, comme membre du Conseil privé, n’a de relation qu’avec les matières secrètes qui lui ont ou auraient pu lui être révélées tandis qu’il était ministre sous Bryan Mulroney.
    Comme tout autre députés fédéral et provincial, Lucien Bouchard a aussi prêté serment d'allégeance à la Reine du Canada. Le fait d'appartenir au Bloc Québécois ou au PQ et de travailler démocratiquement à la sécession du Québec ne constitue d'aucune manière un manquement au serment d'allégeance à la Reine du Canada.
    Je vais vous surprendre, mais en fait, succession d'État oblige, la voie la plus plausible par laquelle le Québec deviendra indépendant pourrait bien être le maintien de la monarchie, de toutes les lois fédérales applicables et de la jurisprudence de la Cour sprême du Canada ... le temps qui sera nécessaire à notre transition vers la République.
    Pour ce qui touche aux dépenses illégales d’Option Canada ou aux soi-disant « rejets abusifs de bulletins » voir le site du DGE et recherchez « Référendum du 30 octobre 1995 ».
    Laissons Monsieur Bouchard dans le rétroviseur et portons notre attention et nos efforts sur l'indépendance qu'il reste à faire.
    Jean-Pierre Bélisle

  • Archives de Vigile Répondre

    13 février 2011

    Madame Fortin,
    Vous m'en apprenez toute une ! Je suis ébahie par tant de déloyauté et d'hypocrisie. Votre article restera t-il une hypothèse ? Tous ces parjures de la part de ce triste sire resteront-ils impunis ? J'ai un tas de questions qui me brûlent. Je ne sais pas quelle est votre profession mais si vous, vous avez fouillé et trouvé ces gestes ignobles de la part d'un homme qui a su si sournoisement gagné la confiance d'un grand nombre de Québécois, si vous avez percé à jour le complot, comment cela se fait-il qu'on parle maintenant, seulement ?
    L'affaire Michaud remonte à la surface après toutes ces années. Monsieur Michaud avait-il pressenti la ruse du serpent à sonnettes et ses mentors? Monsieur Parizeau savait-il et manquait de preuves ? Et d'autres, les obscurs de l'Assemblée Nationale ou du Gouvernement, ont -ils eu vent de ces diaboliques actions de la part de toute une kyrielle de bandits ? Sommes-nous à ce point naïfs et aveugles! Cul et chemise le Charest et le Bouchard ? Ben, voyons, tu m'étonnes, Tom !
    Je n'en reviens pas. J'aimerais bien lire d'autres commentaires. Quand je pense que nous pouvions contester ! Et depuis le temps que je me demande pourquoi MOnsieur Parizeau n'a pas mis son poing sur la table !!! Quelle histoire, quelle merde ! Nous sommes dans la merde jusqu'au cou ! Au secours !

  • Yves Rancourt Répondre

    13 février 2011

    Vos questions, madame Fortin, sont tout à fait pertinentes. Un détail en passant: votre texte est daté au début du 12 février 2011 et à la fin de décembre 2010. Est-ce un texte nouveau ou revisé? Revenons à vos questionnements: comment expliquer en outre que, pendant toute cette période, monsieur Bouchard ait pu entretenir, selon ce qu'en disent des gens supposément bien informés, des relations courtoises sinon amicales avec celui qui est probablement le plus grand opposant à l'idée de l'indépendance du Québec, monsieur Paul Desmarais? J'avance une autre question: au-delà de la procédure pénale dont vous parlez, serait-il possible, sur la base de ce que l'on sait aujourd'hui et sans doute d'autres vérifications à faire, que le gouvernement du Québec décide un jour de ne pas reconnaître les résultats du référendum de 1995? Cette période importante de l'histoire du Québec soulève en effet bien des questions qui demeurent pour l'instant sans réponses. Salutations à vous.

  • François A. Lachapelle Répondre

    13 février 2011

    Le citoyen Lucien Bouchard doit retrouver le chemin du bon sens, de la logique et de l'évidence et se retirer comme avocat de la direction de l'Association pétrolière et gazière du Québec.
    Comme l'écrit Danièle Fortin, je cite «Il est évident qu’on ne peut servir deux maîtres aussi diamétralement opposés sans se placer dans une situation de conflit d’intérêts.» Et ces deux maîtres sont: d'une part le bien commun, d'autre part, des intérêts privés qui spolient le bien commun.
    Si le citoyen Lucien Bouchard feint d'entendre les bruits qui montent de la foule du Québec dans le dossier des gaz de schiste, c'est qu'il ne veut pas entendre raison. Et les motifs de sa fausse surdité ne peuvent être que matérialiste et veule.
    J'entends le commentaire suivant: "Monsieur Bouchard a le droit de gagner sa vie comme avocat!" Oui, sauf s'il se fait complice d'une industrie polluante, les minières. Ces dernières ont l'habitude de la dépossession forcée du bien commun et des sites en déshérence.
    Et le comble s'est produit dans le dossier des gaz de schiste lorsque le gouvernement s'est fait le complice avec l'industrie minière de la spoliation des ressources naturelles cachées dans le sous-sol du Québec aux profits des seuls intérêts privés. En 2008, entendu à l'émission de Bazzo.tv à l'émission du 11 février 2011, la valeur des revenus nets de l'État du Québec en rapport avec la valeur de production des minières a été de 0,3%, soit 22 millions$ sur 7 milliards$.
    Monsieur Bouchard ne peut pas ignorer ces chiffres honteux et l'archaïsme de la loi québécoise sur les mines. Un citoyen-avocat ne doit pas servir deux maîtres! C'est une question de conscience sociale et d'honneur!

  • Christian Montmarquette Répondre

    13 février 2011

    Excellent travail de recherche et de rédaction Madame Fortin.
    Il cloue le dernier clou de cercueil de ce carriériste-mercenaire de la droite économique Lucide Bouchard.
    Peut-être qu'en tant que personne intègre, vous, vous seriez restée loyale à vos serments, mais à mon avis, un arriviste comme Lucien Bouchard se fout éperdument de ce genres de considérations éthiques, puisque Lulu, c'est la girouette par excellence.
    Un fait objective demeure toutefois confondant :
    Bouchard y est allé de tout son poids politique en 1995.
    Cela a même provoqué le «Love in» d'Ottawa.
    Mais acculé au pied du mur devant la réelle possibilité d'un référendum gagnant, Lucien Bouchard était sans doute la dernière carte cachée dans la manche du fédéral et le goaleur d'Ottawa chargé de limiter les dégâts en cas sécession.
    N'avait-on pas l'habitude de l'appeler :
    «Le négociateur en chef» ?
    Et Michel Chartrand de l'appeler :
    «Le crosseur en chef» ?
    - Sachons qu'il est très difficile de savoir sur quel pied danser avec ces visages à deux faces. Ce sont sans doute les joueurs les plus dangereux, et comme je les ai déjà appeler moi-même : «des ennemis de l'intérieur, des traitres à la nation, des ennemis du peuple et des ennemis du Québec.
    En conséquences, et qui plus est, avec l'éclatant exemple de l'Égypte, je crois que que la cause nationale ne sera jamais mieux servie que par les citoyens-nnes et le militants de la base.
    Il faut désormais nous mettre à la tâches et ne compter que sur nous-mêmes.
    La république est d'abord dans la tête et dans le cœur de chaque citoyens et chaque citoyenne.
    Il n'en tient désormais qu'à nous de passer à l'action de la réaliser.
    ______________________
    Christian Montmarquette
    Québec solidaire - Montréal
    Références :
    «La droite n’en a rien à foutre de l’indépendance car elle ne recherche que le «cash». - Ils sont à combattre, et ce, tout autant que des fédéralistes.
    Je dirais même qu’ils sont «pires» car ce sont des ennemis de l’intérieur pour ne pas dire «des traîtres».
    Ce sont des usurpateurs, des ennemis de l’État, des ennemis du peuple et des ennemis du Québec». - CM
    Source de l'extrait :
    «L’indépendance sera de gauche ou ne sera » :
    http://www.vigile.net/L-independance-sera-de-gauche-ou
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