Marois lance une offensive souveraineté

Un plan d’action sera adopté au Conseil national de février, assorti d’une vaste campagne de publicité et de communication

Actualité indépendantiste

Robert Dutrisac

D’une part, l’exécutif du Parti québécois a préparé un plan d’action qui sera soumis aux militants pour adoption lors du Conseil national du parti les 9 et 10 février prochains à Drummondville. Ce plan d’action, qui vise la promotion de l’option souverainiste, prévoit le déploiement d’une campagne de publicité et de communication d’envergure, a appris Le Devoir.
Totalement à la charge du parti, cette campagne de publicité se fera dans les médias traditionnels, mais également sur le Web. Le PQ produira une série de capsules vidéo pour diffusion dans Internet. Le parti a connu certains succès à cet égard, note-t-on dans l’entourage de la première ministre. Ainsi, la capsule vidéo qui montre Bernard Drainville énumérant à l’Assemblée nationale les avantages pour le Québec de devenir un État indépendant a été vue par plus de 150 000 personnes, a-t-on fait observer.
« Je crois que les militants vont accueillir très favorablement ce plan, comme c’est notre objectif comme formation politique, vers la promotion de la souveraineté », a affirmé Pauline Marois au cours d’une conférence tenue après le Conseil des ministres et avant qu’elle s’envole vers Davos, puis à Londres et à Édimbourg en Écosse.
Ce plan d’action déclinera par diverses initiatives l’argumentaire souverainiste. « C’est de continuer à faire la démonstration qu’il y a un avantage pour le Québec à pouvoir prendre ses propres décisions en ce qui concerne ses politiques économiques, ses politiques sociales et ses politiques culturelles », a souligné la première ministre. Elle a cité l’exemple des changements apportés par le gouvernement Harper à l’assurance-emploi « au détriment des travailleurs du Québec, des chômeurs du Québec ».
La chef péquiste est sensible aux inquiétudes de certains militants de son parti qui doutent de la détermination de son gouvernement minoritaire à faire avancer la cause. « C’est un travail que nous ferons avec détermination », a-t-elle promis. « Pour ceux qui s’inquiéteraient, nous n’avons pas abandonné la gouvernance souverainiste. »
Ainsi, la première ministre a mandaté le ministre délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes et à la gouvernance souverainiste, Alexandre Cloutier, pour qu’il élabore une stratégie d’affirmation des compétences du Québec et de revendications relatives à l’obtention de nouveaux pouvoirs auprès du gouvernement fédéral. Cette stratégie ne sera pas publique. « Nous ne ferons pas de stratégie ouverte », a-t-on précisé au cabinet de la première ministre.
Cette stratégie se traduira par des actions concrètes. On donne pour exemple l’établissement d’un registre québécois des armes à feu qui fera l’objet d’un projet de loi que présentera ce printemps le ministre de la Sécurité publique, Stéphane Bergeron. Ou encore l’orientation qu’a donnée, la semaine dernière, le ministre de la Justice, Bertrand St-Arnaud, au Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) relativement aux peines et conditions imposées aux récidivistes de l’alcool au volant. Le Code criminel relève du fédéral, mais le gouvernement Marois entend pousser au maximum ses prérogatives en matière d’administration de la justice.
En Écosse, l’économie avant la souveraineté
Après Davos, où elle participera au Forum économique mondial, Pauline Marois prononcera à Londres une allocution devant des gens d’affaires puis elle se rendra à Édimbourg, où elle s’entretiendra avec le premier ministre écossais, Alex Salmond, du Parti national écossais. L’Écosse tiendra un référendum sur son indépendance en 2014, référendum dont le cadre légal a fait l’objet d’une entente entre Alex Salmond et le premier ministre du Royaume-Uni, David Cameron.
Pauline Marois a dit qu’elle trouvait « intéressante » cette entente entre les deux gouvernements en vue du référendum, « différente » aussi des règles qui ont prévalu au Québec pour la tenue des deux référendums sur la souveraineté.
Pauline Marois se défend de vouloir intervenir de quelque façon que ce soit dans la politique écossaise. « Je n’interférerai pas, évidemment, dans leur politique, dans leurs décisions. Cependant, vous savez qu’ils ont beaucoup observé le Québec sur ce que nous avions vécu et sans doute que M. Salmond aura quelques questions à me poser », a-t-elle dit. « Mon objectif n’est pas nécessairement d’avoir une contribution, une influence. C’est plutôt, je vous dirais, un échange entre personnes politiques qui ont des points de vue qui se rapprochent sur certains sujets, dont celui d’avoir plus de pouvoirs […] ou de devenir indépendant. »
L’« inspiration » qu’elle cherchera en Écosse, c’est de voir « un pays développé décider d’avoir un référendum sur son indépendance. Ainsi, ce n’est pas une vieille idée, c’est une idée moderne. »
Mais c’est l’économie qui sera au premier plan de son périple « même en Écosse », a-t-elle signalé. Pauline Marois rencontrera également la présidente du Festival international d’Édimbourg.
La première ministre a indiqué que son gouvernement avait l’intention d’établir « une relation plus suivie » avec l’Écosse sur le modèle de la relation qu’entretient le Québec avec la Bavière.
Pour le chef libéral intérimaire Jean-Marc-Fournier, les relations internationales du Québec devraient être avant tout économiques. Il a fait valoir que « l’économie, c’est le pilier qui nous permet la justice sociale ». Selon lui, « s’intéresser en Écosse aux relations économiques qui vont aider le Québec, ça, ce serait un objectif ». Mais la première ministre n’a aucun mandat pour faire la promotion de l’indépendance en Écosse, juge Jean-Marc Fournier.


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