Message aux recteurs : la confiance, ça se mérite

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Les facilitateurs de la censure universitaire


Je vous ai souvent parlé de la censure et de l’autocensure qui pourrissent le milieu universitaire.


Parlons clairement.


La censure réfère ici à des poignées d’étudiants radicalisés qui exigent la suppression de tel mot, telle œuvre, tel sujet de discussion.






Intimidée, la majorité des étudiants, qui ne partage pas leurs vues, les laisse faire. Les radicaux triomphent donc par défaut.


L’autocensure, elle, réfère aux enseignants qui, pour se protéger, s’interdisent eux-mêmes d’aborder un sujet.


Que faire ?


Désireux d’agir, cherchant la bonne manière, le gouvernement Legault a mandaté un groupe de travail.


Celui-ci a commencé par interroger professeurs, chargés de cours et étudiants.


La Presse a mis la main sur les résultats.


Soixante pour cent des professeurs admettent éviter certains mots.


Pourtant, 82 % estiment qu’ils devraient pouvoir utiliser tous les mots si c’est fait avec tact.


Trente-cinq pour cent des professeurs admettent éviter carrément certains sujets. 


Tout me porte à croire que le nombre réel est beaucoup plus élevé, car il n’est jamais agréable d’avouer qu’on a peur.


Pourtant, 90 % estiment qu’ils devraient pouvoir traiter de tous les sujets liés à leur domaine.


Pour défendre cette liberté d’expression malmenée, le gouvernement Legault a trois options devant lui : adopter une loi, adopter un énoncé de principes, ou ne rien faire, c’est-à-dire laisser les directions universitaires gérer le problème.


Pour faire court, l’organisation qui parle au nom des professeurs souhaite une loi.


L’organisation qui parle au nom des chargés de cours souhaite un énoncé de principes.


Les recteurs, eux, ne veulent ni l’un ni l’autre. 


Laissez-nous tranquilles et faites-nous confiance pour régler le problème, disent-ils en substance.


On peut discuter en long et en large des mérites respectifs d’une loi ou d’un énoncé de principes, puisque tout dépendrait de leur contenu. 


Ce qui est complètement, absolument, totalement inacceptable, c’est la position des recteurs. Ce sont eux qui ont laissé l’incendie se propager. 


Celui de l’Université d’Ottawa l’a carrément alimenté. 


Les autres, plus subtils, ont regardé ailleurs, tout en installant des bureaucrates chargés de rééduquer les professeurs à coups de séances de « sensibilisation » culpabilisantes dites de « EDI » (équité, diversité et inclusion). 


Les recteurs disent craindre qu’un encadrement venu d’en haut compromette leur capacité à « travailler de façon adaptée à leurs réalités ».


Désolé, mais jusqu’ici, la façon de travailler « adaptée à leurs réalités » a été de plier devant les incendiaires et de prendre au sérieux l’idée saugrenue selon laquelle tout le corps professoral est habité par une intolérance larvée.  


Causes


Comment en sommes-nous arrivés là ?


Le recteur typique est essentiellement préoccupé par le nombre d’inscriptions, les rentrées d’argent, les projets immobiliers et la position de son institution dans les palmarès internationaux.


À son tour, cette attitude s’explique parce que nos universités sont devenues, pour l’essentiel, des entreprises commerciales qui vendent des formations et des diplômes.


La logique économique, jadis une parmi d’autres, a désormais pris toute la place. 


Cette confiance à leur endroit que les recteurs demandent, ils ne l’ont pas méritée.











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