Minarets : un débat qui pourrait concerner la France

Le minaret, muet ici, semblait perçu comme un ornement, plus qu'une bannière.

Accommodements ou Intégrisme - ailleurs dans le monde

Cécilia Gabizon - Minaret de la mosquée de Genève. Crédits photo : AFP - La France compte à ce jour dix minarets qui coiffent des mosquées «cathédrales».
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Le référendum suisse pourrait bien rebondir en France. Le secrétaire général de l'UMP, Xavier Bertrand, a estimé dimanche, qu'il n'était «pas certain que l'on ait forcément besoin de minarets» pour pratiquer l'islam. De son côté, Marine Le Pen a demandé aux «élites de cesser de nier les aspirations et les craintes des peuples européens».
À ce jour, la France compte moins de dix minarets. Tous coiffent des mosquées dites «cathédrales». Jusqu'à présent, cette tour, qui sert à lancer l'appel à la prière en terre musulmane, ne faisait guère débat. Le minaret, muet ici, semblait perçu comme un ornement, plus qu'une bannière. La tour blanchie à la chaux de la grande mosquée de Paris grimpe à 30 mètres, sans susciter l'émoi. Tandis qu'à Créteil, elle atteint 25 mètres. À Strasbourg, le minaret est oublié pour l'instant, faute de moyens. Mais «si la communauté le souhaite, elle aura son minaret», s'est engagé Roland Ries, le député maire PS, le 27 novembre. Tandis que la future grande mosquée de Marseille a prévu le sien.
Rayon lumineux
Jusqu'à présent, la fronde antimosquée portait plutôt sur les «entorses à la laïcité». À Montreuil comme à Marseille, certains ont accusé la municipalité de financer indûment les projets de mosquée «à travers le système de baux emphytéotique». Les juges ont généralement confirmé qu'un loyer trop peu élevé pouvait s'apparenter à la subvention d'un culte.
Plus récemment, des groupes «identitaires» qui redoutent «l'islamisation» sont entrés dans la bataille. Mais l'action en justice est complexe. Certains maires hostiles à la présence d'une mosquée dans leur ville ont vu leurs arguments retoqués. Le Conseil d'État a par exemple jugé que «la construction d'une mosquée dans une zone résidentielle» ne portait pas atteinte à sa tranquillité. À Bordeaux, le bloc identitaire s'est rabattu sur des actions médiatiques pour contester le projet soutenu par le maire UMP Alain Juppé. En janvier dernier, ils ont réveillé les habitants du quartier au son d'un muezzin enregistré. «Ici, dans quelques mois, tous les matins, semaine, dimanche et jours fériés, le doux chant du muezzin sonnera l'heure de se réveiller…», pouvait-on lire sur leurs tracts. L'imam de Bordeaux, Tareq Oubrou, avait alors rectifié : «En France cet appel ne se fait qu'à l'intérieur du bâtiment. Le minaret n'est pas une obligation religieuse et le projet de mosquée à Bordeaux n'en prévoit pas.» De fait, cette invention ne date pas de Mahomet mais remonte de la fin du premier siècle de l'Hégire. Marseille, elle, a prévu un rayon lumineux pour signaler les heures de prières.
«Personne ne réclame le muezzin», assure-t-on au ministère de l'Intérieur. Il serait de toute façon «soumis au pouvoir du maire, comme pour les cloches». L'édile doit «apprécier la nuisance sonore et prendre les mesures nécessaires pour assurer la tranquillité publique de sa commune», selon le Code des collectivités . Enfin, les mosquées cathédrales restent l'exception, rappelle le bureau des cultes. Qui préfère insister sur «la nouvelle tendance : les quelque 200 projets de mosquées communales, de type pavillon, sans minaret». Un modèle jugé «plus pragmatique». Financièrement, comme politiquement.


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