Charte des valeurs québécoises

Miser sur le consensus

Tribune libre

Depuis la présentation officielle du projet de Charte des valeurs québécoises par le ministre Bernard Drainville, et bien avant compte tenu de la « fuite » médiatique dont elle a été l’objet, il m’apparaît incontestable que le tollé de contestations qu’elle soulève la destine à un avenir pour le moins turbulent.
On aura beau invoquer que le ROC martèle les Québécois de tous les noms et s’amuse à jouer à son petit jeu préféré, à savoir le
« Quebec bashing », il n’en demeure pas moins que les critiques les plus virulentes proviennent des minorités visibles du Québec, particulièrement des femmes.
À ce effet, il ne fait aucun doute que l’interdiction de porter des signes « ostentatoires » en milieu de travail soulève le plus de commentaires négatifs, la plupart d’entre eux tournant autour de la liberté de porter des accessoires visibles dans l’exercice de leur profession.
Compte tenu que le projet de charte du gouvernement Marois est voué à des débats émotifs qui ne feront que contribuer à semer la division chez les Québécois au lieu de les unir, je propose que la charte devienne une Charte de la laïcité [telle que promis en campagne électorale par le PQ] qui serait articulée autour des quatre valeurs suivantes, lesquelles recevraient probablement un appui substantiel, voire unanime :
-Neutralité religieuse de l’État québécois;
-Égalité hommes-femmes;
-Égalité de tous les citoyens et citoyennes, les uns par rapport aux autres, et égalité de tous et toutes devant l'État;
-Obligation d’avoir le visage découvert lorsqu'on donne ou reçoit un service de l'État.
Si le gouvernement du Québec réussissait à obtenir l’appui des partis d’opposition sur ces quatre valeurs, elles pourraient être ajoutées à la Charte québécoise des droits et libertés et constitueraient à elles seules un grand pas vers une véritable laïcité de l’État québécois.
Pour ce qui est des accommodements raisonnables, il m’apparaît qu’un regard critique approfondi, sérieux et non-partisan sur les recommandations de la commission Bouchard-Taylor, payée à grands frais par les contribuables québécois, permettrait de paver la voie à un terrain d’entente qui pourrait rallier les diverses tendances qui enrayent actuellement le débat autour de la Charte des valeurs québécoises.
Pour conclure, je vous laisse sur cet extrait d’un commentaire de Louis Champagne à la suite de l’article de Robert Barberis-Gervais et Marcelle Viger « Lettre ouverte aux musulmanes québécoises :
« Une partie importante de cette charte fait largement consensus, celle qui concerne l’égalité des hommes et des femmes, et celle qui interdit d’offrir ou de recevoir des services si on se cache derrière un masque, quelles que soient les règles qu’on va invoquer pour justifier le contraire. Une charte devrait faire un large consensus pour être adoptée, c’est une condition sine qua non pour en assurer la pérennité. Pourquoi ne pas viser moins large, faire adopter ce qui fait consensus, et réfléchir un peu plus sur nos attentes vis-à-vis des règles vestimentaires des employés de l’État ? Et surtout dégager un vrai consensus sur une vraie charte…
Ce débat est tellement mal engagé qu’il est préférable de conserver uniquement ce qui fait consensus, qui est déjà substantiel et important, de l’adopter au plus vite, et de poursuivre la réflexion sur le reste quand les esprits se seront refroidis. »

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Henri Marineau2095 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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