La Presse canadienne - L'animatrice de Sun TV News Krista Erickson a encore frappé. Dans un segment de son émission intitulé Waste Report (Rapport sur le gaspillage), celle qui avait reproché à la danseuse Margie Gillis d'abuser indûment des fonds publics s'en est prise mercredi à Monsieur Lazhar, qu'elle a aussi accusé d'avoir profité des largesses de l'État.
Après avoir souligné à gros traits que la maison de production qui est derrière le film,
micro-scope, avait injecté une infime partie de son propre argent dans le montage financier du long métrage, Mme Erikson s'est demandé si les producteurs avaient fait l'effort de «se présenter dans une banque pour faire une demande de prêt». «Vous savez, faire comme nous-mêmes ferions si nous voulions faire un film», a-t-elle suggéré.
Son invité, Gregory Thomas, président de la Fédération des contribuables canadiens, ne s'est pas fait prier pour dénoncer la situation à son tour.
Car même si Monsieur Lazhar a décroché une mise en nomination dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère aux Oscar, les contribuables canadiens ont été floués dans cette aventure, a plaidé M. Thomas.
En fait, a-t-il raillé, la boîte montréalaise micro-scope mériterait «une médaille, une statue ou une plaque» pour sa brillante stratégie d'affaires, qui consiste à réaliser un film en y investissant «cinq ou dix cents de [son] argent» et en obtenant «90 cents des contribuables».
Vers la fin de son intervention, M. Thomas a affirmé que le gouvernement ne devrait pas être impliqué financièrement dans l'industrie cinématographique.
Voir les choses autrement
Pour la ministre de la Culture du Québec, Christine St-Pierre, il est évident que le gouvernement a son rôle à jouer dans cette industrie.
«Je trouve ça très réducteur d'analyser ça uniquement de cette manière-là. On parle de création et, quand on parle de création, il ne faut pas toujours mesurer en termes de rentabilité. Je pense que l'État a un rôle à jouer dans l'encouragement de ces créateurs-là», a affirmé Mme St-Pierre lors d'une entrevue avec La Presse canadienne.
La ministre estime qu'il existe, au Canada anglais, un courant de pensée «qui veut que l'État se désengage de tout» et qui préconise une approche similaire à celle des Américains, où la loi du marché est reine. Québec voit les choses autrement, a fait valoir la ministre libérale. «L'État québécois a toujours été engagé plus que les autres dans le domaine de la création, peu importe le parti politique. Et on connaît à quelle enseigne loge Sun News. C'est en droite ligne avec leur courant de pensée», a-t-elle signalé.
Du côté de la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC), qui a financé en partie Monsieur Lazhar, on croit que le réalisateur du film devrait plutôt s'attirer un concert d'éloges pour avoir réussi à faire autant avec si peu.
«On devrait saluer l'équipe de Philippe Falardeau, qui a fait un chef-d'oeuvre avec si peu d'argent. Quand on regarde les budgets des films américains, qui frisent les 100 millions, on peut seulement dire chapeau à lui et à son équipe», a affirmé la directrice des communications de l'organisme, Isabelle Melançon.
Le Conseil canadien des normes de la radiotélévision (CCNR) avait enregistré un nombre record de 6676 plaintes à la suite de l'entrevue que Krista Erikson avait réalisée avec Margie Gillis. L'animatrice a été blanchie au début de février par l'organisme pancanadien, qui a estimé que Mme Erickson «avait le droit d'être agressive en menant une entrevue et de révéler son point de vue personnel sur le sujet traité».
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé