Madame,
J’avais 16 ans et Donald Gordon, président du CN, affirmait sans rire qu’aucun Canadien-français n’était assez brillant pour occuper un poste de cadre supérieur dans la compagnie de chemin de fer qu’il dirigeait. (Remarquez que dans le temps, Henri-Paul Rousseau n’occupait pas encore le poste de Directeur général de la CDPQ).
Bref, en ce temps-là (je parle des temps bibliques), si on voulait être pris au sérieux, c’était un must de parler anglais. Même entre francophones. Quant à la langue française, elle était la langue de l’Église et de la maison, et c’était bien correct qu’il en soit ainsi. On ne prétendait pas changer l’ordre des choses, jusqu’à ce que les maudits séparatisses mettent dans la tête des gens qu’il était normal de gagner sa vie en français. Voueillons donc! Parler français dans la Belle province d’un pays anglais. Comme si cette idée avait du bon sens…
Donc, avant que ces empêcheurs de tourner en rond revendiquent ce « privilège », on parlait anglais pour travailler à la shoppe ou au resto du coin, juste au cas où des touristes égarés se pointeraient le nez dans Hochelaga-Maisonneuve. Hélas, la police des langues est venue changer l’ordre des choses. Dieu que je m’ennuie du temps où vous et vos semblables ne jetiez pas de l’huile entre les deux mares!
Dans mon temps, on ne se cassait pas les noix avec la langue. Tout comme Jean Chrétien, ex-Prime Ministre du plusse beau pays au monde, sans le savoir nous parlions les deux langues en même temps. En effet, mes parents utilisaient des mots bilingues pour désigner les objets usuels (la pantry, la hose, le bumper, le flag sur le hood, etc.).
Voilà un bel exemple de rapprochement que je vous encourage à perpétuer, madame Harel.
Heureusement que dans ma famille nous en sommes encore là. Tenez, je vous fais une confidence : Mon petit-fils qui a 17 ans accomplis m’a texté (je suis un grand-père moderne) le message suivant… « Grand-papa, viens me taker après mon work, je finis à seven ».
Hélas, à cause des maudits séparatisses qui mettent des idées dans la tête des jeunes, je suis presque certain que mon adorable petit-fils fait partie de l’exception à la règle et que tous ses amis n’utilisent plus cette belle double-langue ! Pour être honnête, j’admets que je dois lire à haute voix son charabia afin de bien le comprendre, mais c’est normal. Je dois m’adapter à l’évolution linguistique puisque c’est un enfant de la Réforme et que pour lui la barrière de la langue n’existe pas.
La langue non plus d’ailleurs!
Revenons donc à vous, Madame Harel, qui avez l’outrecuidance de poser votre candidature comme mairesse de Mourial, ce trou de beigne largement rempli d’une grande majorité d’Anglos (plus ou moins 20 % ce qui n’est pas rien) et d’une multitude d’allophones venus séjourner temporairement au Québec avant de prendre un ticket pour le Kénéda, là où la question de la langue ne s’est jamais réellement posée. Sauf, pour faire semblant de faire plaisir aux indigènes minoritaires du Québec bien sûr! Histoire d’acheter la paix à rabais quoi!
Vraiment, je me demande pour qui vous vous prenez madame, anciennement de l’est de la ville, qui ne peut s’exprimer dans la langue-souche du conquérant? Pourquoi voulez-vous absolument nous faire honte devant le monde entier ? Et qui donc va payer pour les services de traduction, si nécessaire à la bonne compréhension des visiteurs provenant du monde entier?
Après tout Montréal n’est pas Ottawa, la bilingue capitale du Kénéda, mon pays obligé depuis que vous, les maudits séparatisses, avez refusé de signer la nouvelle constitution trudauiste. Sachez que j’admirais cet exemple du bon Canado-Québécois bilingue dont le fils Justin qui, à l’instar de mon petit-fils, perpétue la tradition linguistique - un mot en anglais suivi d’un mot en français - et tout cela dans une séquence se terminant par un point-dot.
Ottawa est la capitale bilingue d'un pays bilingue. Pas Montréal qui est française pour faire plaisir aux séparatisses qui ne cessent de vouloir casser notre si beau pays dont la majorité des habitants s’expriment dans les deux langues officielles (quand le nombre le justifie - dixit la Cour des suprêmes juges).
Même si l’actuel maire de Tawa ne parle pas français, cela ne vaut pas la peine de jeter les hauts cris. C’est normal pour le conquérant qui, lui, peut appliquer deux poids, deux mesures pour deux solitudes.
Au lieu de chialer, remercions plutôt les Anglais d’avoir accepté que nous soyons deux nations égalitaires qui ont les mêmes droits et obligations. Trouvez-en un autre pays qui traite aussi bien sa minorité (je ne parle pas des autochtones, là!).
Alors, Madame Harel, je vous dirai que votre langue indigène, vous pouvez bien la mettre là où je pense. En clair, cela signifie que vous pouvez l’utiliser comme langue d’usage dans votre foyer et pour vos besoins quotidiens. Pas au cabinet du Maire!
Je n’ai pas envie de me faire humilier devant les petits et grands maîtres du monde, qui eux, parlent TOUS en anglais.
Mieux encore, j’attends du maire de Mourial qu’il soit visionnaire. Donc, après que vous aurez appris à parler décemment la langue anglaise et AVANT de présenter à nouveau votre candidature, je vous recommande fortement de vous mettre sérieusement à l’étude du mandarin, la langue de demain.
Dans le style de nos conquérants, jouez fairplay madame! Parlez anglais et tous les Brent Tyler de ce monde applaudiront votre ouverture d’esprit. Devant tant d’efforts, je suis convaincu que tous les Anglos et les colonisés voteront pour vous.
J’espère vous avoir convaincu de suivre la voie du bon sens et je m’attends à une réponse affirmative de votre part.
Serge Longval,
Longueuil
P.-S. : Je suis tellement découragé de cet éternel débat portant sur la langue de l’un et l’autre que les genoux me font mal à force de plier. Vrai comme je vous le dis : j’en suis rendu à ne plus savoir à quels saints me vouer. Afin de me consoler, je crois que je vais me vouer aux seins de ma blonde. Ils réagissent normalement à ma langue, eux!
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2 commentaires
Archives de Vigile Répondre
9 juin 2009Je me pose la question à savoir si ce texte dégouline de sarcasme ou s'il est vraiment sincère.
Le deuxième degré n'est pleinement apprécié que lorsque l'auditoire (ou le lecteur) peut en saisir la finesse. Peut-être suis-je trop dense, peut-être est-ce mal écrit.
Dans les deux cas, la simple vue des mots "speak white" m'a glacé le sang. Ce sont des mots de guerre, des mots qui supplient de se faire taire à coup de matraque.
Je vais supposer que votre intervention visait l'ironie et l'éveil du lecteur, je n'ose croire que quelqu'un soit aussi bête pour écrire ce texte sérieusement.
La langue française est aimée et enseignée dans le monde entier comme étant la langue de l'amour, de la poésie romantique. C'est une langue complexe et riche, que cette époque moderne n'a de cesse de vouloir rabattre au nom de la simplicité et de la satisfaction instantanée.
L'anglais est la langue des affaires, "so what ?" Le Québec demeure un des derniers bastions de la langue française au MONDE, et rien que cela mérite que l'on se batte pour elle.
Je parle "le bilingue", comme vous diriez, tout comme des milliers d'autres Québécois. Le fait de pouvoir lire l'heure en numérique sur une montre Casio ne nous empêche pas de pouvoir lire les mains de l'horloge grand-père.
Que Mme Harel ne parle que le français ne me pose aucun problème. Le français est la langue officielle du Québec depuis belle lurette. Ce serait plutôt aux anglos de l'île d'apprendre la langue des FONDATEURS de la ville. Ce serait sûrement trop leur demander, occupés qu'ils sont à demander au gouvernement provincial de leur payer leur CUSM. Mais ça, c'est une autre histoire.
Dr Fléau
http://batirquebec.blogspot.com
Archives de Vigile Répondre
9 juin 2009L'important c'est que Mme Harel puisse comprendre une autre langue, car comme l'a avoué André Pratte dans un récent éditorial de La Presse à Power Corp, munie seulement du français Mme Harel ne pourra s'informer convenablement sur ce qui se passe dans le monde. En effet, la médiocrité abyssale du monopole La Presse-Gesca-Power Corp-Radio Canada oblige tous les Québécois consciencieux à s'informer dans les journeaux extérieurs.