On n'est pas Américains, on n'est pas Français non plus. Notre patrie, c'est le Canada. Le patriotisme chez les monarchistes du Commonwealth se pratique avec fierté, discrétion et surtout respect pour les diverses nations et les divers groupes ethniques avec qui nous avons le privilège de partager nos pays et dont certains connaissent malheureusement des souffrances historiques et actuelles.
Je suis fier d'être québécois et monarchiste et, en tant que tel, je suis profondément choqué par les gestes récents entrepris par le gouvernement du Canada au nom de notre chef d'État. Des actes criards tels que l'enlèvement d'oeuvres d'art nationales ne font rien pour rapprocher notre culture ou encore notre Constitution des membres de notre société qui remettent légitimement en question le statu quo et la place réservée à leur culture. J'ai le plaisir d'entretenir des liens familiaux avec l'ensemble des royaumes du Commonwealth. Contrairement à ce que prétend le ministre Baird (selon Le Devoir du 8 septembre 2011), je peux vous assurer en toute certitude que des expositions flamboyantes de patriotisme, surtout celles d'une nature presque républicaine telles qu'elles ont été pratiquées ces derniers mois, ne sont pas propres à notre culture. Célébrer le long règne bienveillant de la reine du Canada, c'est plutôt souligner des siècles de progrès vers la démocratie et l'égalité ainsi que notre diversité nationale. Je vous demande donc d'arrêter ces actes inappropriés, non sollicités et provocateurs qui ne sont que des expressions identitaires vulgaires. Sinon, je ne serais pas étonné si nous célébrions un jour l'anniversaire du futur roi William le 4 juillet avec des défilés militaires sur la promenade Sussex. Un portrait officiel derrière chaque guichet, c'est la mairie de la commune, ou encore le Department of Homeland Security.
Recevez, Monsieur le Premier Ministre, l'expression de mes sentiments distingués.
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William Raillant-Clark - Montréal, le 8 septembre 2011