Nous ne sommes pas Canadiens, et nous ne le serons jamais

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La Confédération pose un défi existentiel à notre nation


1er juillet. Comme d’habitude, le Canada se célèbre fastueusement, pendant que les Québécois s’en fichent.


Le Canada cherchera encore à se convaincre qu’il incarne à l’échelle de la planète l’espoir d’un monde meilleur, presque un pays idéal. Il faut dire que la communication fédérale a des moyens! Mais les Québécois savent que cette réputation est frauduleuse, et repose sur le travail de propagande du gouvernement fédéral, qui, depuis plusieurs décennies, a cherché à faire passer le Canada pour le meilleur pays au monde. 


Il s’agissait d’abord d’en convaincre les Québécois au moment où le mouvement souverainiste était en progression, mais le Canada en est venu à se convaincre lui-même. Il se laisse bluffer par ses propres mensonges et s’étonne ensuite que certains n’y croient pas. Il est pourtant nécessaire de redire pourquoi ce pays n’est pas le nôtre et ne le sera jamais. Car les Québécois ne sont pas des Canadiens, et la vocation du Québec est de proclamer son indépendance. Même si, en surface, la propagande canadienne marque des points au Québec, en profondeur, les Québécois ne doutent pas qu’ils forment un peuple et ils s’identifient naturellement à leur État national, comme on l’a encore constaté ces derniers mois. Pour les Québécois, le Canada est un pays étranger. 


Le Canada, fondamentalement, a toujours été hostile au peuple canadien-français, et aujourd’hui, au peuple québécois. Dans chaque province anglaise, il a cherché à effacer les populations françaises, et y est parvenu – il se donne bonne conscience aujourd’hui en se portant à la défense de minorités francophones résiduelles, qui sont en voie d’assimilation rapide, même si elles n’aiment pas se le faire rappeler. Il a aussi refusé systématiquement de reconnaître dans sa constitution le peuple québécois – au Canada, le Québec n’est qu’une province sur dix et une communauté culturelle parmi d’autres. 


Plus encore, à travers son multiculturalisme d’État, il a institutionnalisé une vision de la fédération qui assimile toute affirmation nationale du Québec à une forme de suprémacisme ethnique. Aujourd’hui, l’insulte est courante: les Québécois qui refusent de se laisser dissoudre dans le multiculturalisme canadien, qui n’acceptent pas la noyade démographique par l’immigration massive et qui ne se rallient pas à la théorie du racisme systémique se font accuser de suprémacisme blanc ou de racisme, comme on l’a vu tout récemment au parlement d’Ottawa. Derrière ses apparences démocratiques, le Canada verse dans l’autoritarisme idéologique et le gouvernement des juges. 


Il n’y a pas d’avenir pour le Québec dans le Canada – le peuple québécois, d’une génération à l’autre, s’y dénationalise et s’y dépersonnalise. Nos élites s’y font coloniser mentalement: elles ont compris que la meilleure manière de se promouvoir socialement dans le régime fédéral consiste à se retourner contre son peuple et à rejoindre le club des sermonneurs qui ne cessent de le culpabiliser dès qu’il a un réflexe de survie collective. Le Canada fait de la déloyauté nationale un accélérateur de promotion sociale, que ce soit dans l’université, dans les médias, dans la fonction publique fédérale ou dans l’entreprise privée. En fait, s’il peut y avoir des individus québécois dans le Canada, le peuple québécois, lui, comme réalité collective, est condamné à y disparaître ou à s’y développer toujours en dessous de ses capacités, tout simplement parce que le régime n’est pas structuré en fonction de ses intérêts – il est même structuré contre eux. 


On pourrait dire que le Canada condamne le peuple québécois à la précarité existentielle. Il suffit de penser à la question du français pour s’en convaincre. Avec la Révolution tranquille, le Québec a voulu franciser sa vie collective. Ce projet s’est concrétisé à travers la loi 101 et a transformé le Québec pour le mieux tant qu’il semblait se diriger vers l’indépendance. Mais cette loi n’est plus que l’ombre d’elle-même. En 2020, le français a perdu le pouvoir à Montréal. Il réclame simplement qu’on l’accommode, en se contentant de la deuxième place, pendant que la jeune génération francophone s’anglicise à grande vitesse. Dans le cadre canadien, notre anglicisation est programmée. On pourrait même dire que le régime canadien casse le Québec en deux en séparant Montréal du reste du territoire. 


Mais il faut y revenir: au fond de nous-mêmes, nous savons bien que nous ne sommes pas Canadiens. Ce grand pays artificiel s’est transformé en quelques décennies en immense laboratoire voué à pousser le plus loin possible une expérimentation idéologique à grande échelle, sous le signe d’un «politiquement correct» de plus en plus autoritaire. Le Canada s’est arraché à son histoire pour se refonder à la manière d’une utopie diversitaire. Et il faut le redire: derrière la reconnaissance officielle de toutes les «minorités» par le régime canadien, on trouve la diabolisation délibérée et systématique du peuple québécois, dont la simple existence lui est scandaleuse. 


Le Canada est fondé sur la censure politique et historique du peuple québécois. Devant cela, les Québécois doivent simplement tenir tête, résister, persévérer dans leur être, ne rien céder, ne jamais reculer et mener la politique qu’ils jugent conforme à leurs intérêts fondamentaux et à la survie et à l’affirmation de leur identité. Ils doivent aussi garder au fond d’eux-mêmes cette conviction vitale: l’histoire prend son temps, elle prend aussi des détours sinueux, qui sont souvent des régressions, mais un jour, nous aurons notre pays. Demain, l’indépendance! Cette formule, nous devons nous la répéter même dans les périodes difficiles, en sachant au fond de nous-mêmes que notre histoire nous porte à devenir un jour maîtres chez nous.




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