Le déploiement de l’armée pour une deuxième fois depuis le début de la pandémie de COVID-19 devrait inciter le Québec à créer un service civique.
Même si les soldats ont été utiles dans les CHSLD et qu’ils le seront dans les cliniques de vaccination, le recours à l’armée en temps de pandémie a ses limites et présente des risques politiques pour le Québec.
On l’a vu lorsque le fédéral a refusé la demande du gouvernement du Québec de prolonger la mission des soldats dans les CHSLD, invoquant le fait que ceux-ci devaient se préparer pour la saison des incendies de forêt ou pour faire face à des inondations.
On l’a vu aussi lorsque le fédéral a utilisé le bilan de cette mission pour justifier l’idée d’imposer des normes pancanadiennes en matière de soins de longue durée, alors que la santé est une compétence québécoise.
Dans ce contexte, dans celui d’une pandémie qui semble là pour durer et alors qu'il y a une multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes, le gouvernement Legault devrait reprendre l’idée portée il y a quelques années par Léo Bureau-Blouin de créer un service civique. Ce service permettrait à des jeunes, peut-être aussi à des moins jeunes, d’offrir leurs services pendant quelques mois et d’ainsi acquérir une formation et une expérience, en plus de contribuer à une cause d’intérêt général, comme celle des aînés ou celle de l’environnement.
Des exemples ailleurs dans le monde
Un tel service existe dans différents pays comme les États-Unis et la France, où il a justement été utile dans les EHPAD, soit l’équivalent français de nos CHSLD. Et évidemment, un service civique québécois devrait être adapté aux besoins spécifiques du Québec, par exemple en favorisant la mobilité des jeunes Montréalais vers les régions et celle des jeunes des régions vers Montréal. Ainsi, ce service profiterait non seulement à des personnes dans le besoin, mais aussi à toute la nation en développant le sens civique et le sentiment d’appartenance au Québec.
– Guillaume Rousseau, professeur et directeur des programmes de Droit et politique appliqués de l’État à l’Université de Sherbrooke