Nous sommes là pour rester

17. Actualité archives 2007



Il est devenu de bon ton de dénoncer la place que Montréal occupe sur l'échiquier québécois. À en croire plusieurs, la métropole agirait comme une sorte de trou noir, aspirant toutes les ressources qui font si cruellement défaut en région. Les défenseurs de cette thèse, toujours plus bruyants en campagne électorale, devraient jeter un coup d'oeil au dernier recensement.
Plus de 80% des Québécois habitent désormais en zone urbaine, nous apprend Statistique Canada. Inutile de blâmer les politiques provinciales: la plupart des pays vivent le même phénomène. Le courant se fait même sentir dans les régions rurales. Celles qui sont proches des centres urbains voient leur population augmenter presque au même rythme que le reste du Canada, alors que les plus éloignées stagnent.
Les villes situées au coeur d'une région métropolitaine, comme Montréal ou Québec, doivent gérer des problèmes complexes comme l'étalement urbain, qui leur impose un afflux quotidien de travailleurs des zones environnantes. Un beau casse-tête en ce qui concerne la taxation, les infrastructures routières et les transports en commun. À cela s'ajoute la responsabilité, pour Montréal, d'intégrer les immigrants. Les trois quarts des étrangers qui arrivent au Québec s'installent dans l'île. Tout un défi pour les systèmes d'éducation, de santé et d'aide à l'emploi!
La métropole, comme on le voit, doit composer avec une foule d'enjeux inconnus en régions. Il est donc absurde que ces dernières se comparent à elle ou s'imaginent qu'on les déshabille à son profit.
Arrêtons par exemple de dire que les futurs hôpitaux universitaires vont siphonner le budget de la santé pour dorloter les Montréalais. Le CHUM et le CUSM traiteront des patients et formeront des spécialistes pour toute la province. En quoi le reste du Québec serait-il mieux soigné si on renonçait à développer ces centres d'expertise?
Les patients des régions, d'ailleurs, n'ont pas tant de choses à nous envier. Leurs centres hospitaliers n'offrent peut-être pas tous les services, mais ils sont souvent plus accessibles. Regardez le palmarès de L'actualité: les deux seuls établissements montréalais qui figurent dans le top 10 des urgences sont des hôpitaux pour enfants!
Et que dire de ces régions qui se plaignent de ne pas avoir l'oreille des politiciens alors qu'elles détiennent plus de sièges qu'elles n'en auraient si on tenait compte leur population? Une douzaine de circonscriptions, notamment en Gaspésie, en Abitibi et dans Charlevoix, se trouvent actuellement dans cette situation.
La métropole devra bientôt remplacer ses wagons de métro. Croyez-vous qu'elle pourra choisir le fournisseur qui lui en offre le plus quant aux coûts, à la qualité et à l'innovation? Mais non. Québec a attribué le contrat sans appel d'offres pour préserver des emplois dans la région de La Pocatière.
Que les régions réclament plus d'autonomie dans la gestion des budgets qui leur reviennent, c'est leur affaire. Mais qu'elles arrêtent de se servir de Montréal comme repoussoir. La grande région métropolitaine, qui regroupe près de la moitié de la population québécoise, est la deuxième ville en importance au Canada. C'est un autre monde.


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