Les membres d’Option nationale se prononceront en fin de semaine sur une fusion avec Québec solidaire, qui a déjà entériné le projet.
À première vue, cela concerne le rapprochement d’un parti marginal avec un autre qui demeure plutôt niché et, surtout, très montréalais. Pourtant, la nouvelle est importante parce que cela confirmerait la prétention de QS d’être le pôle souverainiste et progressiste en émergence.
Si la fusion se confirme, elle marquera la rupture des dynamiques militants onistes avec la tradition politique dans laquelle ils s’inscrivaient.
Le levain dans la pâte
Les membres d’ON jubilaient lorsque Jacques Parizeau avait dit qu’ils étaient « le levain dans la pâte » de l’indépendance. C’était la bénédiction du pape de la souveraineté.
Or, pour souverainiste qu’il fût, M. Parizeau était également grand défenseur du libre-échange. Avec René Lévesque et Bernard Landry, il en fut l’un des premiers promoteurs au Québec. Quiconque a déjà assisté à une de ses conférences l’a entendu répéter que le fait d’appartenir à un vaste ensemble invalidait les arguments de peur à saveur économique des fédéralistes.
Conscience politique
Certes, l’ancien premier ministre s’était exprimé contre la ZLEA. Jean-François Lisée est fidèle à cette approche critique du libre-échange, en appuyant un traité avec l’Europe, mais pas celui avec l’Asie, sans jamais remettre en question son adhésion à l’ALENA.
Voilà donc que les militants d’ON tourneront le dos à une des idées les plus importantes de celui qu’ils considèrent comme un père fondateur. En joignant un parti dont le porte-parole accuse les politiciens d’hier d’avoir trahi le Québec en favorisant le libre-échange, ils larguent son héritage.
Si les gens qui ont négocié l’entente, du côté d’Option nationale, avaient eu un peu de culture politique et de conscience historique, ils auraient au moins réclamé des garanties en la matière.