Situé à proximité de Detroit avec qui elle partage la langue et la culture anglo-saxonne, l'Ontario est la province canadienne qui a profité le plus du développement industriel des cinquante dernières années, avec l'appui indéfectible de l'appareil gouvernemental canadien concentré sur son territoire. En 2009 encore, c'est grâce aux milliards d'Ottawa si son industrie de l'auto a pu éviter la faillite.
Or voilà que l'Ontario, comme toute la ceinture manufacturière américaine rebaptisée ceinture de la rouille («Rust Belt»), a perdu son lustre au profit de l'Ouest. Durement frappé par la crise, il se pourrait qu'il ne retrouve plus les taux de croissance auxquels il a été habitué.
C'est du moins l'avis exprimé par la Commission de réforme des services publics de l'Ontario présidée par l'économiste Don Drummond, qui vient de remettre son rapport au gouvernement McGuinty.
Pour la Commission, sans une intervention très vigoureuse, la plus sévère de l'histoire de l'Ontario, la dette nette de la province passera de 35 % à 50 % du PIB d'ici 2017-2018, soit le même niveau que ces nonchalants Gaulois du Québec!
Pour éviter une telle honte, les commissaires proposent des centaines de mesures. Mais le rapport s'ouvre d'abord sur un constat pour le moins contradictoire: le problème de l'Ontario ne vient pas du fait que ses services sont mauvais ou qu'ils coûtent trop cher. Au contraire, ils seraient les meilleurs et les moins coûteux du pays! Ce qui ne va pas, ce sont les recettes de l'État.
Avec un tel constat, on aurait pu s'attendre à ce que la Commission propose de nouvelles sources de revenus, mais son mandat ne l'y autorisait pas. Alors, elle y va de centaines de propositions de réforme touchant tous les programmes, en insistant sur le plus coûteux, la santé, dont les coûts ne devront pas augmenter de plus de 2,5 %, au lieu de 5 à 7 % chaque année.
La plupart des mesures proposées sont conçues dans l'intention d'améliorer la productivité. Pas question de geler les salaires, mais pas question non plus de les augmenter sans les justifier par des gains de productivité. Facile à dire, moins facile à faire dans une province où les employés ont toujours été les mieux payés.
L'objectif ultime: maintenir le ratio de la dette au PIB au taux actuel en éliminant le déficit annuel d'ici 2017-2018. Pour cela, il faudra restreindre la hausse totale des dépenses de programme à 0,8 % par année. En tenant compte de l'inflation et de la croissance démographique, cela équivaut à une réduction réelle de 16 %! Si rien n'est fait, la Commission prévoit que le déficit doublera pour passer de 16 milliards à 30 milliards dans six ans.
Bien sûr, la croissance pourrait être supérieure aux prévisions, ce qui simplifierait les choses. Puis il y a l'autre option, celle d'augmenter la taxe de vente et certains tarifs ou impôts, comme au Québec. Mais quel que soit le cocktail privilégié par les libéraux de Dalton McGuinty, le plus difficile sera de le faire avaler par la population... et par l'opposition qui est majoritaire à Queen's
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