Simon Boivin - Non seulement Pauline Marois est-elle prête à gouverner pendant plusieurs mandats sans déclencher un référendum, elle n'utiliserait pas de fonds publics pour promouvoir la souveraineté.
Que les plus pressés se le tiennent pour dit, la nouvelle chef du PQ attendra que la population manifeste son désir pour un référendum, même si cela doit prendre deux ou trois mandats. "Oui, a confirmé Mme Marois, hier, en point de presse. Parce que ça dépendra du moment où les gens nous diront qu'ils veulent qu'on les consulte sur cette question-là."
Mme Marois compte se fier aux sondages et aux échos du terrain pour reconnaître la période propice à un plébiscite.
Pas question de rester les bras croisés d'ici là, Mme Marois veut agir "sur tous les fronts". Toutefois, contrairement à ce que prône le programme du Parti, adopté en 2005, les impôts des contribuables ne serviront pas à mousser la cause.
La responsabilité financière de la promotion de l'indépendance incombe plutôt "au Parti québécois, au Bloc québécois et à l'ensemble du mouvement", affirme Mme Marois. "Il me semble qu'on a assez de pain sur la planche pour faire ce travail-là nous-mêmes."
Ce changement de cap a surpris Marc Laviolette, du SPQ-Libre, le club politique syndicaliste à l'intérieur du PQ. "Ils se servent de l'argent public au fédéral pour défendre le Canada, je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas le faire pour expliquer que la souveraineté est une bonne chose, dit-il. Je ne déchire pas ma chemise, mais c'est un débat qui devra se faire."
Peu d'ouverture à ce chapitre chez la nouvelle chef, pour qui l'argument du fédéral ne pèse pas lourd. "On voit ce que ça donne avec le scandale des commandites et ce qu'ils ont fait avec le référendum, réplique Christiane Miville-Deschênes, attachée de presse de Mme Marois. La réponse est non. C'est un projet qui appartient à un parti, c'est à lui et au mouvement de voir à le promouvoir."
Pas d'échéancier
Les députés péquistes interrogés à la sortie du caucus ont insisté sur l'importance de ne pas s'embarrer dans un échéancier référendaire. Mais "le fruit sera mûr avant trois mandats, on va y travailler", a promis Lisette Lapointe, députée de Crémazie.
Le report du référendum n'est une surprise pour personne dans les rangs péquistes. "Mme Marois s'est présentée comme ça à la chefferie, les membres le savaient, il n'y a pas eu d'opposant, alors c'est la règle à partir de laquelle on travaille", a commenté la leader parlementaire du PQ, Diane Lemieux.
Pour le député de Labelle, Sylvain Pagé, il demeure plausible que le PQ tienne un référendum dans le prochain mandat. "Je pense que si on fait ce qu'il faut comme il le faut, c'est toujours possible", a-t-il dit au Soleil. Un référendum serait légitime, selon lui, même s'il ne s'agit pas d'un engagement électoral. "La population sait très bien que l'article 1 du programme du PQ est de faire la souveraineté", dit M. Pagé.
De son côté, Yves Michaud, ex-ministre sous René Lévesque, croit qu'un gouvernement péquiste devrait poser des "gestes de souveraineté" une fois au pouvoir. Des mesures comme le cégep français obligatoire pour les immigrants, l'ouverture d'une délégation générale à l'ONU, l'adoption d'une citoyenneté québécoise. Un référendum viendrait après, sur l'adoption d'une Constitution d'un Québec indépendant.
"Remarquez que je ne verrai peut-être pas cela, a glissé M. Michaud. Il est possible que mes yeux se ferment avant que je puisse voir arriver ce moment de plénitude pour la nation québécoise."
sboivin@lesoleil.com
Pas de fonds publics pour la cause
Pauline Marois n'a pas l'intention de mousser la souveraineté à même les impôts des Québécois
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