Laïcité

Pauline Marois défend son crucifix

Qui donc parle de laïcité ?

Tribune libre

Hier soir à "Tout le monde en parle", Pauline Marois a livré un vibrant hommage au crucifix. Selon Mme Marois, par son statut patrimonial, le crucifix mérite ce qu'aucun élu n'aura jamais, c'est-à-dire, un siège permanent (pour l'éternité) à l'Assemblée nationale.
Lors d'une prise de bec avec celui présenté comme «le plus grand philosophe vivant» (Charles Taylor), Mme Marois a défendu avec fermeté son crucifix. «Il fait partie de notre patrimoine» s'est-elle offusquée lorsque M. Taylor le mit en cause.
Le crucifix a-t-il été abandonné comme symbole par l'Église catholique ?
À ce que je sache, le crucifix représente toujours "LE" symbole du catholicisme. Il a beau faire partie de notre patrimoine, il a beau avoir marqué notre Histoire, le crucifix demeure un des plus importants symboles religieux de tous les temps. Il n'a pas sa place à l'Assemblée nationale. L'État est laïc et les lieux publics de l'État doivent être neutres vis-à-vis toutes les confessionnalités. Étant donné la pluralité de croyances religieuses qui façonne de plus en plus la diversité québécoise, ce signe religieux n'a plus sa place dans nos institutions. Les individus sont religieux, pas l'État.
Afin d'être équitable envers tout citoyen et afin de refléter le même traitement et la même justice pour tous, l'État doit avoir une image laïque et un fonctionnement laïc. De plus, l'État doit affirmer avec fermeté les valeurs fondamentales de la nation québécoise, entre autres, la ferme égalité Femme – Homme, tout comme la séparation totale de l'État et de la religion.
Le prétexte patrimonial pour maintenir un signe religieux dans nos institutions est contraire à la laïcité.
Le crucifix doit être retiré du salon bleu et remis dans les allés historiques du parlement servant à raconter notre Histoire. Le crucifix de l'Assemblée nationale devrait être déplacé et suspendu près du portrait de Maurice Duplessis où l'on pourrait lire un extrait du débat du 13 octobre 1936, sur le discours du trône.
M. Duplessis en réponse au chef de l'opposition, M. Télesphore-Damien Bouchard
qui avait parlé de la prière lui dit:
« Pour notre part, M. l'Orateur, nous voulons rétablir les droits divins.
Nous la voulons partout, la prière, nous ne la dissimulons pas. De la prière dans les élections, oui, nous en voulons, et sans forfanterie intéressée, nous en voulons partout. Le soir même des élections, nous avons demandé l'aide de la Providence pour la tâche que nous avions à accomplir. Nous avons remercié la Providence d'avoir couronné nos efforts et, dans la suite, nous avons posé des actes pour démontrer que c'est encore l'étoile du ciel qui doit toujours nous guider. Car c'est d'en haut que nous pouvons voir la lumière qui guide, qui éclaire la voie, et la force qui nous permet de remplir notre devoir dans sa pleine mesure. C'est elle qui est le plus sûr appui pour étudier les problèmes et trouver les solutions appropriées afin que la population de la province de Québec atteigne prospérité et bonheur.
Vous avez vu que le crucifix occupe maintenant la place d'honneur en cette Chambre.
L'Action catholique du 8 octobre 1936, à la page 3, rapportait: "Pour la première fois dans un Parlement dit britannique, il y avait un crucifix au mur principal. La disposition de ce crucifix fait suite à une remarque que M. Nil Larivière avait faite au cours de la session précédente.
"Le député du Témiscamingue s'était demandé comment il se faisait que la seule Législature catholique de l'Amérique du Nord n'avait pas de crucifix dans sa salle de délibérations. À la demande de M. Duplessis, des crucifix ont été placés dans l'Assemblée législative et dans la salle du Conseil exécutif. Ajoutons que le premier ministre lui-même a placé un crucifix dans son bureau."
Voilà l'origine du crucifix de Pauline. Le crucifix a été introduit par Duplessis pour affirmer que la gouverne de l'État québécois (la «province» de Québec) était "guidée" par la main de dieu lui-même à travers son humble disciple.
Notre Révolution tranquille nous a sortis de cette "gouverne divine". Le peuple québécois s'est pris en main et a sorti l'église de sa chambre à coucher et de son parlement. Mais il reste ce vestige archaïque de l'ingérence "divine" dans les affaires de l'État. Le crucifix trône «au dessus» du Président de l'Assemblée nationale, rien de moins.
Il a beau avoir indéniablement une valeur "patrimoniale" sa place n'est définitivement pas là. Ou alors, disons franchement que nous voulons que notre Pays soit gouverné par la main de "dieu" avec tout l'arbitraire qui en découle.
Mme Marois prône-t-elle un Québec laïc, démocratique et ouvert à toutes les cultures et toutes les religions sans distinctions ou si Mme Marois désire un Québec catholique voulant convertir les nouveaux arrivants à la religion "patrimoniale" ?
Il n'y a pas de laïcité "ouverte", "fermée", "stricte", "rigide", "inclusive", il y a simplement la laïcité.
Tout qualificatif ajouté à laïcité lui enlève son sens. On ne peut parler de laïcité de l'État en défendant le siège du crucifix dans nos institutions. On ne peut parler de laïcité dans l'État si l'État "s'accommode" de lois religieuses (port obligatoire de signes par certaines religions).
Tous reconnaissent la valeur patrimoniale du crucifix. Cependant, la nation québécoise ne reconnaît plus la valeur suprême de dieu pour la gestion de l'État. Le crucifix est un symbole religieux qui doit être relégué à l'endroit que notre évolution lui assigne.
La diversité de notre société l'impose. L'État doit offrir une image et un fonctionnement neutre vis-à-vis toutes les confessions, et ce, sans exception.
Seule la neutralité assurée par la laïcité ainsi que par les valeurs fondamentales universelles communes peut assurer un vivre-ensemble paisible et ouvert. Aucune religion ne doit dominer, ni aucune religion ne doit faire la loi.
La société québécoise doit préserver la liberté de conscience, la liberté de croyance et la liberté de pratique religieuse pour tous les citoyens. Mais les citoyens doivent être conscients que leur liberté religieuse ne peut interférer dans la vie de la société.
N'en déplaise aux cardinaux Ouellet et Turcotte, leur pouvoir est désormais dans leur église et leur autorité ne peut s'exercer que sur leurs fidèles consentants. Leur symbole ostentatoire n'a pas sa raison d'être au salon bleu.
De jouer l'argument sentimental du "patrimonial" est fallacieux.
On entend par patrimoine un bien transmis de génération en génération, transmis collectivement par les ancêtres. Le crucifix à l'Assemblée nationale ne date que de 1936 et était une façon pour Duplessis d'indiquer clairement à la population que l’Église catholique avait sa place dans l’État québécois. Il y a peu de «patrimonial» dans ce geste politique. Duplessis veut montrer sa vertu en affirmant ses principes catholiques. La présence du crucifix à cette place stratégique du salon bleu relève plus du politico-religieux que du "patrimonial".
Si Mme Marois s'intéresse vraiment au Patrimoine, je comprends difficilement son silence et son manque d'action devant la démolition d'un trait patrimonial de la ville de Québec.
En effet, en fin de semaine, on détruisait la façade de l'église St-Vincent-de-Paul.
«Une boule de ciment de 2500 kg est utilisée pour démolir la façade.»
On dit aussi pour calmer les passions et anesthésier la douleur "patrimoniale" des citoyens que « Des pierres, l'écriteau et les arches sont récupérés par le sculpteur Florent Cousineau. Il les utilisera pour créer une fontaine qui ornera l'entrée du futur hôtel de 300 chambres. »
Québec a perdu en fin de semaine, un grand trait de son patrimoine. Jamais plus Québec n'aura la même figure et on oubliera son Histoire. On aurait pu s'inspirer du pavillon Judith-Jasmin pour construire un immeuble s'harmonisant avec cette façade patrimoniale. Mais il aurait été trop dispendieux de construire en sauvant l'Histoire. L'Histoire n'est pas rentable. On s'occupe du patrimoine lorsque celui-ci peut avoir des retombées électorales.
Serge Charbonneau
Québec


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33 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    24 février 2010

    Sur cette question du crucifix (la croix portant le corps de Jésus de Nazareth) placée à l'Assemblée nationale, les salles de conseil de ville, en somme dans les édifices de l'État, je voudrais dire deux choses. La première est que le crucifix en soi n'est qu'un morceau de bois ou de métal ou encore un simple morceau de plâtre. Il renvoie, par contre, à différentes valeurs. Pour le chrétien, il le renvoie à l'objet de sa foi qu'il porte dans sa conscience. Pour l'artiste,le sculpteur ce sera soit une oeuvre d'art ou une horreur. Pour l'amant ou l'amante des bijoux, ce sera un décoratif, un pendatif, une croix en or soutenue par une chaîne en or. Le sens varie selon l'usage que l'on en fait. Si je m'en tiens au croyant que je suis, l'important dans le crucifix n'est pas le crucifix lui-même, mais ce à quoi il me renvoie: ma foi dans le détachement et l'engagement au service d'une humanité en quête de justice, de vérité, de compassion et de solidarité. Si pendant des générations nos ancêtres y ont trouvé cette inspiration, ce n'est plus le cas pour une très grande majorité que je considère toute aussi préoccupée que je ne le suis du devenir de notre humanité. Mon second point est que l'évolution nous conduit non pas à faire disparaître ces moments de méditation, mais de les rendre accessibles et respectueux des diverses croyances. Tous nous avons une conscience qui nous interpelle à sa façon. La minute de silence, en remplacement des prières traditionnelles,donne à chacun l'espace qui lui convient pour se mettre à l'écoute de sa conscience.
    Un jour, une belle-soeur perdit tous ses biens dans l'incendie de l'immeuble qu'elle habitait. Tous ses souvenirs et de façon très spéciale toutes ses photos représentants ses êtres les plus chers. Lorsque je l'ai rencontrée, encore sous le choc, me racontant la perte de toutes ces photos et de tous ces souvenirs, elle ajouta: "Ce sera pour moi le moment de me rendre plus présente non plus aux photos que j'aimais regarder, mais à ceux et celles qu'y étaient représentés." Heureusement que ces photos n'étaient les personnes qu'elles représentaient.Ainsi pour le véritable croyant, avec ou sans symbole religieux, sa foi et l'humanité sont là pour lui indiquer ce qu'il a à faire. Pour tous les autres, croyants ou pas et qui sont de ces personnes de bonne de bonne volonté, leur conscience saura les guider sur la voie du service à une humanité en quête de bonheur et de paix.

  • Archives de Vigile Répondre

    23 février 2010

    M. Charbonneau écrit:
    "Il n’y a pas de laïcité "ouverte", "fermée", "stricte", "rigide", "inclusive", il y a simplement la laïcité. Tout qualificatif ajouté à laïcité lui enlève son sens."
    Commentaire:
    J'imagine que pour vous la laïcité "à la française" sert de référence. Comme Pierre De La Coste l'a mentionné dans un message plus haut, la République a retiré tous les symboles religieux des édifices publics. Avec son crucifix à l'Assemblée nationale, le Québec ne peut donc se mesurer à cet étalon.
    En revanche... toutes les églises françaises sont des propriétés publiques depuis la Séparation de l'Église et de l'État en 1905. À ce titre, leur entretien est à la charge des municipalités. Imaginez!! Les paroisses du Québec ne pourront jamais que rêver d'une "séparation" aussi économique. D'autre part, le port de signes religieux est prohibé à l'école publique, oû la religion n'est plus enseignée depuis fort lontemps aussi. Mais... l'horaire prévoit une demi-journée par semaine pour les activités para-scolaires, parmi lesquelles il y a la pastorale (libre évidemment), ce qui permet à des membres du clergé de se présenter à l'école.
    Si on demandait aux évêques du Québec de troquer le crucifix à l'Assemblée nationale contre le reste des conditions qui sont faites à leurs collègues de France, hésiteraient-ils bien longtemps d'après vous? ;-)
    Tout cela pour dire que votre assertion à l'effet que "soit la laïcité est, soit elle n'est pas", est tout simplement trop absolue. Nulle part dans le monde on ne trouve d'incarnation parfaite de ce principe. Même pas en France. Je vous rappelle que les USA sont aussi un pays oû la Séparation de l'Église et de l'État est un article de la Constitution, contrairement au Canada; et la Turquie est très officiellement un État laïc (oû l'armée se considère investie de la mission de protéger la laïcité des institutions, au besoin contre les élus, et oû les sermons dans les mosquées sont pré-approuvés par des fonctionnaires pour surveiller les religieux). Ce sont trois États laïcs.
    Alors, la conclusion c'est qu'il n'y a rien qui empêche le Québec d'être un État laïc même s'il y a un crucifix à l'Assemblée nationale. La logique n'est pas tout, les particularismes existent partout, et je ne vois pas pourquoi nous aurions la mission d'inventer ici la première version chimiquement pure de la laïcité sur cette planète. Des éléments chimiquement purs, ça n'existe que dans les laboratoires. Pas dans la nature.
    J'ajouterai enfin que je n'ai jamais entendu d'immigrants réclamer qu'on enlève ce fameux crucifix. C'est toujours des francos ou anglos de vieille souche blanche qu'il a l'air de déranger.

  • Archives de Vigile Répondre

    23 février 2010

    S'il est tellement judicieux que notre histoire "religieuse" soit ainsi représentée au parlement, le mur de l'Assemblée Nationale, il me semble, devrait arborer de très nombreux ornements, allant de symboles amérindiens en passant par bien d'autres qui, selon mon avis, n'ont pas vraiment d'utilité dans un contexte de Laïcité. Le passé du Québec n'est pas à l'ordre du jour, que je sache, au coeur des débats de cette Assemblée. Il me semble que c'est le présent et l'avenir qui doit nous préoccuper... Or ce crucifix ne sert, hélas, qu'à nous ramener aux souvenirs d'un passé peu glorieux, celui d'une certaine noirceur, qu'aucun ne souhaiterait voir revenir, à moins que ce soit le but recherché.

  • @ Richard Le Hir Répondre

    23 février 2010

    @ Serge Charbonneau
    La réaffirmation des principes est une nécessité lorsqu’ils sont menacés, et il faut les réaffirmer à ceux qui les menacent. Comme j’ai déjà eu l’occasion de le préciser plus tôt, avec la Révolution tranquille, les Québécois se sont engagés sans espoir de retour sur la voie de la laïcité. Le nombre à l’avoir fait - ils constituent désormais une assez large majorité - en témoigne éloquemment. Ce n’est donc pas à eux qu’il est nécessaire de rappeler le principe de la laïcité.
    Parmi les obligations qu’ont les immigrants quand ils s’implantent dans la société qui les accueille, il y a celle de se familiariser avec son histoire, ses traditions, ses coutumes, et ses valeurs. On ne leur demande même pas de les partager, juste de les connaître et de les respecter. Il y a une très grande valeur pédagogique pour certains immigrants à apprendre que nous avons vécu sous la férule de l’Église catholique et que nous nous en sommes affranchis, au point de nous sentir à l’aise avec des symboles qui pour nous n’ont plus aucune valeur religieuse, mais seulement historique.
    En jetant l’anathème sur le crucifix de l’Assemblée nationale, vous vous trouvez à reconnaître implicitement que toute menace de retour en arrière n’est pas écartée. Ou alors, vous vous acharnez sur la dépouille d’un adversaire vaincu. Ou encore, vous faites preuve de la même intolérance que celle que vous dénoncez. L’intégrisme laïc n’est guère plus respectable que l’intégrisme religieux. Un poison demeure un poison, quelle qu’en soit la recette.
    Je vous suggère, le plus respectueusement possible, que, comme société, nous avons mieux, plus urgent, et plus essentiel à faire que nous entredéchirer sur la présence du crucifix à l’Assemblée nationale. Qui plus est, en contribuant comme vous pouvez si bien le faire à la mobilisation générale, vous ne risquez pas d’y perdre votre âme (au sens le plus laïc du terme, cela va de soi !).

  • Archives de Vigile Répondre

    23 février 2010

    Monsieur Charbonneau
    Tous les textes et tous les commentaires que nous lisons actuellement, sur Vigile et ailleurs dans les médias au Québec, démontrent ou dénotent que le Québec a besoin d'un pays, d'une citoyenneté québécoise et d'une constitution afin que cette laïcité y soit inscrite au plus sacrant. Les nouveaux immigrants, en arrivant au pays du Québec, sauront à quoi s'en tenir et devront se plier à nos conditions pour obtenir leur citoyenneté québécoise. Le message sera clair et nous arrêterons de patauger dans la merde comme ça se passe actuellement dans ce bordel fédéral qui ne nous crée que des problèmes et de la confusion identitaire. Québécois, branchez-vous!
    André Gignac le 23/2/10

  • Archives de Vigile Répondre

    23 février 2010

    @ M. Charbonneau
    Je ne comprends pas trop pourquoi votre point de vue devrait être considéré plus logique que le point de vue de Mme Marois. Ce sont les députés qui siègent à l'assemblée nationale qui constituent l'état, me semble-t-il, et non pas l'édifice.
    Quand on construit des condos ou une bibliothèque dans une église, ça n'en fait pas des constructions catholiques pour autant. Pas plus que l'UQAM n'est une université catholique parce qu'on a conservé la façade de l'église qui y était érigée. Et je crois que la plupart des immigrants de bonne foi (MDR) sont capable de le comprendre. Sinon, il faudrait carrément interdire ce genre de construction qui prête à confusion.
    La laïcité est très jeune. N'est-il pas normal qu'elle porte encore quelques traces de ses origines? Vous demeurez attaché à la façade de certaines églises, d'autres au crucifix à l'assemblée nationale. Peux-t-on décider par nous-même du visage qu'aura cette laïcité, et ce, sans se soucier du qu'en dira-t-on? Parce que là, si on commence à se demander ce que les autres vont en penser, on n'est pas sorti du bois! On ne pourra pas plaire à tous.
    Toute athée que je sois, je suis encore capable de supporter la vue de quelques symboles religieux. Moi, finalement, ce que j'aimerais, c'est une laïcité raisonnable et des accommodements ouverts à la majorité!

  • Serge Charbonneau Répondre

    23 février 2010

    Une anonyme dit:
    « La laïcité de l’État québécois n’est pas remise en cause par la présence d’une relique historique au-dessus du trône de la présidence à l’Assemblée nationale. Seules les personnes qui ne connaissent pas bien le Québec pourraient tirer une conclusion contraire. »
    Vous avez parfaitement raison.
    Le débat actuel sur la laïcité est souvent relié à l'immigration.
    D'ailleurs, celui présenté comme étant «le plus grand philosophe vivant», Monsieur Charles Taylor, a fait une longue intervention pour dire que nous ne devons pas avoir "peur" des immigrants.
    Nous parlons de plus en plus de nouveaux arrivants. Le message qu'on leur transmet doit être clair. Nous sommes un État laïc et nous ne tolérons pas l'ingérence religieuse dans notre société. Ce crucifix entraîne la confusion. Il est à un lieu de décision du gouvernement et il transmet un faux message à ceux qui ne nous connaissent pas bien.
    Son déplacement ne serait nullement un accommodement raisonnable, mais simplement un geste cohérent conforme avec notre choix de société. Nous avons clairement établi que nous voulons un gouvernement distinct du pouvoir religieux. Il faut ajuster notre image pour refléter sans ambiguïté notre choix ou alors donnons aussi accès aux autres symboles religieux qui nous arrivent.
    Ce crucifix à l'Assemblée nationale n'est plus représentatif de ce que nous sommes, c'est-à-dire une nation qui s'est affranchie de l'ingérence religieuse.
    Ce crucifix à l'Assemblée nationale renvoie une fausse image de ce que nous sommes aux étrangers.
    Ce crucifix demeure toujours un puissant symbole religieux international. Sa portée dans cet important lieu de notre démocratie laïque n'a pas une symbolique négligeable.
    Il faut être conséquent avec les choix que nous faisons.
    C'est mon humble opinion.
    Peut-être devrait-on faire un référendum sur le crucifix au salon bleu ? (C'est une farce, mais, ce pourrait être assez intéressant, lorsqu'on voit la discussion que le sujet soulève, parfois je me dis… )
    Serge Charbonneau
    Québec

  • @ Richard Le Hir Répondre

    23 février 2010

    La laïcité de l'État québécois n'est pas remise en cause par la présence d'une relique historique au-dessus du trône de la présidence à l'Assemblée nationale. Seules les personnes qui ne connaissent pas bien le Québec - et vous ne figurez pas parmi ceux-là - pourraient tirer une conclusion contraire. Seriez-vous en train de suggérer que nous devrions consentir à un "accommodement raisonnable" pour éviter que des étrangers tirent une mauvaise conclusion ?
    Pour qui a le moindrement le sens de l'oservation, les signes du déclin de l'influence religieuse au Québec sont partout, sauf chez certaines minorités immigrantes. Vous cherchez à enfoncer une porte qui s'est ouverte avec la Révolution tranquille et que les Québécois ont déjà pour une grande majorité franchie, et à livrer une bataille qui a déjà été gagnée par les tenants de la laïcité. Aujourd'hui, c'est la porte de notre dépendance qu'il faut ouvrir, et le Québec compte sur vous.

  • Serge Charbonneau Répondre

    23 février 2010

    Permettez-moi une seconde précision.
    Je constate que la notion de laïcité de l'État est très mal comprise.
    Laïcité de l'État ne signifie pas laïcité de la société.
    Laïcité de l'État signifie encore moins négation de la réalité et révision historique.
    Il ne faut tout de même pas devenir "hystérique".
    Notre Histoire est intimement reliée à la religion catholique. On ne change pas l'Histoire. Tous les saints et toutes les saintes sont là pour en témoigner.
    Il faut cesser de parler de changer le drapeau parce que celui-ci a une croix blanche, bien des drapeaux ont des croix et ne sont pas des pays gérés par la religion.
    Qui donc parle de bruler les livres d'Histoire et de renier notre propre Histoire ?
    Voyons, un peu de sérieux.
    Il s'agit de déplacer le crucifix qui est au dessus de la tête du, de la, Président-e de notre Assemblée nationale.
    Ce crucifix, a été mis à cet endroit par Maurice Duplessis en 1936 pour signifier aux citoyens que la gouverne de l'État se faisait conformément au regard bienveillant de la religion (du clergé). Un geste, en bonne partie, électoraliste. M. Duplessis pouvait ainsi avoir de bons haut-parleurs en chaire.
    En déplaçant ce crucifix, nous ferions d'une pierre deux coups.
    En premier lieu, nous serions conséquents avec notre désir de laïcité (séparation de l'église et de l'État) et en deuxième lieu nous lui accorderions une place de choix qui mettrait en valeur son importance historique.
    Le crucifix a marqué notre Histoire. Toutes les maisons québécoises en avaient dans pratiquement toutes les pièces de la maison. Aujourd'hui, notre évolution a fait en sorte que ce symbole religieux a perdu de son pouvoir moral et a été retiré en grande partie de la plupart des foyers québécois.
    Il n'en demeure pas moins que son importance historique demeure. C'est pourquoi je considère que le déplacer en le conservant dans l'Hôtel du Parlement et lui trouver un lieu hautement significatif pour souligner toute son importance dans notre Histoire serait un geste pertinent dans le débat que nous vivons aujourd'hui.
    La laïcité de l'État m'apparaît une des valeurs issues de notre Révolution tranquille. Je ne crois pas qu'aujourd'hui beaucoup de gens acceptent de se faire dicter leur mode de vie, de la chambre à coucher jusque derrière l'isoloir, par le clergé. Aujourd'hui, l'enfer n'est plus rouge et le ciel n'est plus bleu. Aujourd'hui, la religion est une chose personnelle et ne fait plus partie du fonctionnement de l'État.
    J'aimerais qu'on s'efforce de distinguer les choses.
    Il y a la laïcité, un débat chaud actuel, il y a notre Histoire qui nous a façonnés et que nous devons enseigner et dont nous devons conserver précieusement tout le patrimoine qu'elle nous a légué et il y a nos valeurs: égalité Femmes – Hommes, séparation de l'Église et de l'État, des valeurs brillamment défendues par Mme Marois.
    L'unique reproche que je fais à Pauline Marois, c'est son manque de logique concernant le crucifix au salon bleu.
    La laïcité ce n'est pas renier notre Histoire, c'est affirmer nos convictions.
    Serge Charbonneau
    Québec

  • @ Richard Le Hir Répondre

    23 février 2010

    @ Serge Charbonneau
    En réponse à certains commentaires, vous avez défendu votre position en mettant de nouveau l'accent sur la séparation de l'Église et de l'État, un principe désormais largement admis au Québec, et en rappelant que Duplessis avait justement confondu les deux genres.
    Ce faisant, vous vous trouvez à souligner l'importance de l'histoire dans l'évolution des sociétés. Or Duplessis fait partie de notre histoire au même titre que le crucifix. Qu'il ait eu une grande part de responsabilité dans la "grande noirceur" que le Québec a connue et dont il a eu tant de peine à s'extraire, c'est indéniable. Avec le recul que nous permet le temps, et dans l'optique de l'histoire, il faut aussi reconnaître qu'on lui doit également beaucoup : le développement du Nord, l'électrification rurale, la création de Radio-Québec (1948), la reconnaissance du pouvoir provincial de percevoir lui-même ses impôts, etc.
    Tout cela pour dire que le débat sur la présence du crucifix à l'Assemblée nationale est un faut débat, une querelle byzantine, qui nous amène à nous affronter et nous diviser alors que nous somme déjà si vulnérables. Quand on a les connaissances, le talent, l'éloquence, et le pouvoir de persuasion que vous avez, on a le devoir de les appliquer aux enjeux essentiels, et, à mon humble avis, la présence du crucifix à l'assemblée nationale ne fait pas partie du nombre.

  • Jacques Bergeron Répondre

    23 février 2010

    Est-ce que nous devons faire disparaître toute trace de notre «Histoire» pour faire plaisir aux «intégristes de la laïcité»? Je dis bravo à Mme Marois pour cette affirmation de notre «Histoire» même récente, puisqu'on l'attribue à M. Duplessis, mais «Histoire» tout de même. Dans mon choix d'un État laïque je n'ai jamais accepté un État sans Dieu ni sans Histoire. Voilà pourquoi j'ai préconisé l'enseignement des religions après les heures de cours, (ou les fins de semaine) dans des locaux prêtés ou loués à cet effet dans un «mémoire présenté à la commission siégeant sur l'avenir du Québec à Montréal en février 95.Dois-je ajouter que j'ai fait partie d'une équipe prônant la laïcité lors d'une élection scolaire à la «CSDM»,(début des années 70) connue alors sous ce vocable, m'étant dissocié du groupe sur le sujet de l'enseignement facultatif de la religion que je préconisais(des religions aujourd'hui) après les heures de cours, celui-ci prônant une laïcité plus radicale que la mienne.

  • Archives de Vigile Répondre

    23 février 2010

    Que dire des noms de villages québécois : Saint-Monique, St-Méthode, St-Prime, N.D. de l'Ascension, St-Louis, St-Honoré, St-Ambroise, etc...
    Faudrait-il tous les rebaptiser(oups! un vilain mot à connotation catholique)? Faudra-t-il aussi épurer les dictionnaires?
    Au sujet des noms de famille : les Saint-Pierre (oups! deux fois coupables : le mot saint et Pierre le fondateur de l'Église catholique romaine. Et que faire de la ministre libérale Saint-Pierre?); les Saint-Onge, les Saint-Arnaud (oups! n'y a-t-il pas une député du PQ qui porte ce nom? Quelle horreur!)
    On ne pourra jamais nous tuer, puisque le ridicule n'y réussit même pas...

  • Archives de Vigile Répondre

    22 février 2010

    Mettons les choses à leur place. La dynamique propre au Québec du NOUS depuis au moins 40 ans c'est le recul du catholicisme et le progrès de la laïcité des institutions. Point barre. Cette dynamique est bien en selle chez NOUS et elle continue d'évoluer. Ce qui pose problème au Québec c'est le retour des symboles religieux ostentatoires dans l'espace public amenés par de nouveaux arrivants (qui rejoignent dans certains cas des communautés établies ici depuis plus longtemps et parfois repliées sur elle-mêmes). Inadaptées à la laïcité, ces communautés induisent une contre-dynamique qui crée un malaise. Elles nous mettent dans une situation où on a l'impression de ramer à contre-courant. Les nouveaux arrivants devraient respecter nos moeurs et s'inscrire dans les dynamiques de leur société d'accueil. Si ils ne veulent pas le faire, il faut le vérifier avant de les laisser entrer et ne pas les recevoir. Certains individus appartenant à d'autres cultures religieuses ne font pas la distinction aussi nette que nous entre l'espace privé et l'espace public. Ils seront mieux dans une société qui leur ressemble, que dans la nôtre à nous ignorer. Dans ce contexte, le crucifix de l'Assemblée nationale, c'est une belle diversion, du n'importe quoi !
    GV

  • Archives de Vigile Répondre

    22 février 2010

    Les Romains disaient qu'il y a deux moyens pour un empire de s'acheminer sûrement vers sa ruine: mépriser les Dieux et négliger l'art militaire."
    Les Québécois font les deux.

  • Raymond Poulin Répondre

    22 février 2010

    Si je devais immigrer dans un autre pays, laïque, il ne me viendrait pas à l’idée, même au nom de la laïcité de l’État, de prétendre que cet État n’est pas neutre parce qu’il conserve, fût-ce au siège du gouvernement, certains signes religieux qui ont déjà représenté quelque chose pour ce peuple et qui, donc, sont partie prenante de son histoire et de sa mémoire. Si la majorité d’un peuple tient à conserver ses symboles historiques — et il semble que que ce soit le cas quant au crucifix de l’Assemblée nationale, même s’il a été installé, à l’origine, pour des raisons politiciennes, ce qui est secondaire —, c’est son affaire. L’absolutisme des principes et de la logique, même laïques, finissent par ressembler comme un frère au fanatisme. «Appuyez-vous solidement sur vos principes : ils finiront bien par céder!» (Talleyrand).

  • Pierre de La Coste Répondre

    22 février 2010

    Vous avez de la chance, vous les Québécois, de garder une partie de vos racines chrétiennes. Nous, en France, la laïcité intransigeante et fanatique de la République a détruit tous les symboles religieux sur les établissements publics.
    Bon, vous préservez aussi notre héritage commun...Pauline Marois m'a agréablement surpris.

  • Élie Presseault Répondre

    22 février 2010

    In god we trust,
    Je ne crois pas que ce soit le genre d'affirmation qui représente notre façon d'être.
    Nous avons vécu la Révolution tranquille.
    Les cendres fumantes de Duplessis faisant,
    Nous avons revécu la tranquillité d'une réforme mal appréhendée,
    Nous revivons les effets de lois de la guerre,
    La guerre des religions,
    Est-ce notre alma mater?
    Vivons-nous une domination?
    Vivons-nous la peur du passé?
    Des débats, saurons-nous franchir le pas,
    Des réflexes de conquis?
    André Boisclair est-il passé au mauvais moment?
    A-t-il eu le malheur de croiser Lucien Bouchard sur sa route,
    Ou encore de mal appréhender le moment historique,
    Le moment à lequel intervenir,
    Bien après la crise initiale des accommodements raisonnables?
    Malheureusement, heureusement, Mario Dumont s'est défilé,
    Ainsi en ont fait les croisés Charest et Bouchard,
    Allons-nous nous fier aux maladresses de Taylor pour se souhaiter bonne chance
    Au prochain détour de notre rapport à l'Histoire
    À négocier dans la pérennité et l'être
    De la Révolution de l'État Québécois
    Pleinement indépendant, ou conjoint de fait associé
    À une Confédération enfouie
    Ou encore la liberté et l'indépendance d'un État souverain de sa destinée?
    À suivre...

  • Archives de Vigile Répondre

    22 février 2010

    Me faudra-t-il changer de prénom parce que je porte celui de la mère de Jésus de Nazareth et le nom de famille de Jeanne Mance?
    Faudra-t-il faire disparaître tous les prénoms à connotation chrétienne? Les Paul, les Jean, les Luc, les Bernard, etc...
    Faudra-t-il faire disparaître toute connotation religieuse et catholique ?
    Sommes-nous en train de devenir fous? Pourquoi ne pas faire aussi disparaître les noms de famille qui pourraient porter ombrage aux intégristes de tous ordres.
    Dois-je me renier? Renier ma famille? Tout renier?
    Dites-moi ce que je dois faire, je vous en supplie...

  • Christian Montmarquette Répondre

    22 février 2010

    @Serge Charbonneau,
    Plus démagogique encore, Pauline Marois tente de nous faire accroire que pour que ce bien patrimonial soit conservé, il ne faudrait même pas le changer de place !
    - Du véritable violon !
    Un bien patrimoinial pourrait parfaitement être conservé dans un musée !
    @Marc Authier,
    Je ne me suis jamais reconnu dans le drapeau du Québec avec ses fleurs de lys, son bleu monarchique et son origine Française, et qui plus est, sa croix chrétienne.
    Si jamais nous parvenions à la république du Québec, j'ose espérer que nous adopterions le drapeau des patriotes, ou au moins ses couleurs.
    C’est pourquoi le logo de l’UFP dont je suis le co-concepteur, était fait à l’effigie du drapeau des patriotes.
    Christian Montmarquette
    Logotype de l'Union des forces progressistes :
    http://upload.wikimedia.org/wikipedia/fr/1/17/Logo_UFP.jpg

  • Archives de Vigile Répondre

    22 février 2010

    Monsieur Charbonneau,
    Pour être conséquent avec moi-même, je devrais être d'accord avec vous. Je ne crois pas que le crucifix soit à sa place au Salon bleu, d'autant plus que cela fut l'oeuvre de Duplessis. Néanmoins, être conséquent ne signifie pas que l'on doive faire table rase tout d'un coup des symboles du christianisme, surtout quand ceux-ci sont en lien avec notre histoire.
    Par exemple, pour aller "jusqu'au bout", il me faudrait contester la légitimité de notre drapeau : croix (christianisme) et fleurs de lys (symbole de la monarchie française capétienne, sinon mérovingienne). Pourquoi ne pas adopter alors le drapeau Patriote rouge-blanc-vert, républicain dans son essence? Vous imaginez le débat, les coups de coeur et la colère que cela ne manquerait pas de générer? Ce qui m'apparaît normal et souhaitable pourrait être vu comme une hérésie pour d'autres, même chez ceux qui partagent notre volonté de construire un état laïque. Alors je reste calme : tous les pays scandinaves ont cette croix sur leur drapeau (moins les symboles monarchiques, je l'admets...), et ils sont républicains au max. Alors?
    D'accord avec vous concernant le patrimoine bâti religieux. La démolition de l'église à Québec me désole. Mais concernant le crucifix, je préfère dire qu'il vaut parfois mieux choisir ses batailles pour ainsi espérer réaliser l'essentiel, i.e. bien asseoir la laïcité de notre État.
    En toute camaraderie.

  • Archives de Vigile Répondre

    22 février 2010

    Madame Marois a très bien fait de défendre le patrimoine du Québec en l'occurrence, ici, le crucifix à l'assemblée nationale. Selon votre argument, faudra-t-il aussi renommer tous les villages, les villes, les rues qui portent des noms de saints ....
    mais qu'est-ce que c'est que cette idée de cacher ce que le Québec a été ????
    L'histoire, çà vous dit quelque chose j'espère !
    Pour moi, le crucifix à l'assemblée nationale est un symbole de respect envers ceux qui ont bâti le Québec avant nous. En fait, il représente un devoir de mémoire.
    Je redis Bravo à Madame Marois.

  • Serge Charbonneau Répondre

    22 février 2010

    Lorsqu'on aborde certains sujets sensibles, le débat rationnel fait rapidement place au débat émotionnel.
    Nous parlons ici de «laïcité». Faut-il le rappeler?
    Qui donc remet en question notre Histoire ?
    De déplacer le crucifix installer par Duplessis au salon bleu ce n'est pas renier notre Histoire. Il ne s'agit pas de jeter aux ordures ce crucifix qui à une époque contrôlait en bonne partie l'État québécois. Il s'agit de l'enlever d'une place inadéquate en fonction du Pays que l'on veut.
    Certains vont même jusqu'à parler de la croix du drapeau québécois !
    Mais mon dieu, il y a aussi plein de croix sur nos cartes routières, devrait-on éliminer les carrefours ?
    Qui donc parle de couper les croix de chemin ?
    Qui donc parle de démolir les églises ? Ces monuments de l'Histoire.
    Il faut savoir distinguer le respect de notre Histoire et notre volonté d'avoir un État laïc neutre.
    J'invite ceux qui supposent la destruction des églises à bien relire la fin de mon texte.
    La façade d'une église historique de Québec a été démolie la fin de semaine dernière. J'ai rapidement signé la pétition lancée par M. Luc Archambault pour manifester ma désapprobation totale de cette destruction irréfléchie. Je considère ce geste grave. C'est la destruction radicale de notre patrimoine. Je crois que trop peu de gens se sont soulevés contre cet affront à notre Histoire.
    Retirer le crucifix qui est suspendu au dessus du siège du, de la président-e de l'Assemblée nationale ce n'est pas renier notre Histoire mais plutôt être conforme au Pays que l'on veut. Voulons-nous le retour du Québec catholique ou si nous voulons un Québec laïc conforme à notre Révolution tranquille ?
    Il faut savoir distinguer les choses. Certaines personnes favorisent la confusion. Interdire le port des signes religieux pour les agents-es de l'État au service des citoyens, ce n'est pas faire preuve d'intolérance ni de racisme, tout comme déplacer le crucifix n'est pas renier notre Histoire.
    Lorsqu'on entend M. Taylor, le plus grand philosophe vivant, dire que l'interdiction du port des signes religieux pour les agent-es de l'État au service des citoyens dénote une "peur" de l'immigrant-e, je crois que monsieur le philosophe mêle allègrement les choses.
    Faire respecter ses valeurs ce n'est pas être intolérant. Ce n'est pas avoir peur de perdre son identité, ce n'est pas se fermer, c'est simplement se tenir debout et être fier de ses valeurs. La laïcité fait partie de ces valeurs qui nous sont chères.
    Concernant le crucifix, peut-être que je me trompe et que la majorité des Québécois ont le goût d'une gouverne religieuse catholique plus présente. Est-ce possible? Devrait-on remettre l'enseignement du petit catéchisme dans nos écoles ? Devrait-on mettre au programme le créationnisme ?
    Il faut savoir faire la part des choses et ne pas tout mélanger. La laïcité, c'est de séparer le pouvoir religieux et le pouvoir de notre démocratie moderne.
    Serge Charbonneau
    Québec

  • Gilles Bousquet Répondre

    22 février 2010

    Les souverainistes ont tapé sur M. Boisclair au sujet du crucifix de notre Assemblée nationale et maintenant, ils tapent sur Mme Marois pour le même sujet parce que toutes les occasions sont bonnes pour taper sur un chef du PQ. Que c’est donc plaisant !
    Si le chef du PQ ne prend pas position sur un sujet, il est critiqué par les souverainistes et s'il parle, il est critiqué aussi par ceux qui épient ses moindres gestes pour le discréditer. Continuez à frapper le chef du PQ, les masos ou les fédéralistes déguisés sur Vigile, pour tout et pour rien, ça passe le temps et ça aide le fédéralisme et M. Charest. Pas Les fédéralistes n’ont pas besoin de critiquer le PQ, les souverainistes s’en chargent, même après une excellente prestation à la télévision. À la place de souligner les bons côtés, ces critiques cherchent la bête noire...misère.

  • Archives de Vigile Répondre

    22 février 2010

    Sacré Pauline ! Même quand le vent tourne en sa faveur et que les faits de l'actualité contribuent à mousser sa faible popularité, elle trouve quand même le moyen de se planter elle-même Quand la démagogie prend toute la place, comment attendre, de ceux et celles qui nous représentent, la moindre cohérence en terme de raisonnement, de même qu'un minimum d'honnêteté intellectuelle.

  • Archives de Vigile Répondre

    22 février 2010

    M. Charbonneau, je suis d'accord avec vous. Je crois que Mme Marois se trompe en défendant la présence d'un crucifix à l'assemblée nationale. C'est une contradiction. Elle supporte ainsi, sans le vouloir, une directive de Benoît XVI qui demande aux hommes politiques de foi catholique de manifester leur foi dans le cadre de leur fonction politique. Il y a des gens qui s'activent à redonner à l'Église Catholique sa domination et son influence d'antan. Il faut se méfier, selon moi, des grands experts ou philosophes de grande renommée tel Charles Taylor. Il insistait, durant son échange avec Mme Marois, sur la notion de liberté de conscience et tentait d'accuser Mme Marois de vouloir s'opposer à la liberté de conscience. Quelle étrange expression ! C'est à la fois une chose et son contraire. Un véritable fourre tout.

  • Archives de Vigile Répondre

    22 février 2010

    Je me demande si on ne devrait pas démolir toutes les églises du Québec, tant qu'à faire !
    Les gens, qui arrivent au Québec, savent que ce coin du monde a été très catholique avant 2000, ne sont pas surpris de voir des croix partout.
    C'est quoi cette obsession de vouloir ne ressembler à rien,
    d'être habillé de la même tunique, du même tissus, de la même couleur ? Notre Québec est différent, respectons ses origines !
    Notre histoire devrait primer sur tout !

  • @ Richard Le Hir Répondre

    22 février 2010

    Votre engagement envers la laïcité ne fait aucun doute, et il rejoint la sensibilité d'une fraction grandissante des Québécois. Cependant, je crois qu'il est tout à fait possible de réconcilier cet engagement avec la présence d'un crucifix à l'Assemblée nationale à la condition de voir dans le crucifix non pas un symbole religieux, mais une relique de notre histoire. L'histoire, ça se respecte. On ne peut pas réécrire l'histoire. On ne peut pas en jeter les chapitres qui nous déplaisent, que ce soit les Plaines d'Abraham, la conquête, ou notre passé religieux, et ne retenir que ceux qui nous plaisent.
    L'histoire sert à apprendre, et chacun en tire une leçon. Les peuples aussi. Il semblerait que les Québécois sont désormais assez nombreux à déplorer la place que l'Église catholique a occupé dans notre histoire. Ne serait-ce que pour nous rappeler cela, le crucifix aurait sa place à l'Assemblée nationale. La réalité de la société québécoise d'aujourd'hui empêche à quiconque de bonne foi d'y attribuer un autre sens.

  • Archives de Vigile Répondre

    22 février 2010

    Le crucifix n'est pas LE symbole du catholicisme. Il est le symbole des christianisme qui n'a pas d'institution propre mais dont plusieurs institutions (catholique, protestant, évangélique, orthodox, copte, etc... ) se réclâment.
    On ne va tout de même pas demander aux hindous de renier leur swastika parce que ce symbole nous a été, nous occidentaux, stigmatisé comme symbole diabolique au 20em siècle !
    Taylor est en mission politique et un de ses rôles est de nous convaincre par la bande qu'un État laïque est un État neutre. C'est de la foutaise. Un État neutre n'est plus un État. C'est un État neutralisé.
    Cet État n'est pas neutre, il est Québécois. À moins qu'on prétende aussi à une nation québécoise neutre !
    La Chef du PQ est sur la bonne voie.

  • André Taillon Répondre

    22 février 2010

    M.Charbonneau vous avez tout à fait raison concernant la destruction de cette façade de l’église St-Vincent de Paul dans le vieux Québec.
    Quand j’ai entendu le futur propriétaire de cet hôtel futuriste qui n’a pas rap comme dirai mes enfants, dire « il y avait trois ou quatre tête à claque qui s’opposait a la démolition et voyez vous ils ne sont pas là ce matin »
    Cela me révolte bordel, Où était donc l’urbanisme pour sauvegarder ce bâtiment témoignant du passé?
    Ah oui ! J’ai la réponse, les kids kodak était bien plus préoccupé à surveiller les infractions sur le territoire ex : pas le bon revêtement CLIC, la pente du toit trop à pic CLIC, la piscine trop proche du voisin CLIC, interdiction de corde à linge dans ce secteur CLIC CLIC CLIC.
    On n’a vraiment pas d’imagination au Québec et j’ai été choqué hier en attendant ces imbéciles quasiment en train de jouir sur la disparition définitive d’un témoin de notre histoire.
    Comme vous le dite si bien « On aurait pu s’inspirer du pavillon Judith-Jasmin pour construire un immeuble s’harmonisant avec cette façade patrimoniale. Mais il aurait été trop dispendieux de construire en sauvant l’Histoire. L’Histoire n’est pas rentable. On s’occupe du patrimoine lorsque celui-ci peut avoir des retombées électorales. »
    Dans ces conditions là nous ne méritons pas d’avoir un Pays.
    André Taillon
    Entrepreneur conscient

  • Archives de Vigile Répondre

    22 février 2010

    Bonjour m. Charbonneau.
    Contrairement à mon habitude, aujourd'hui, je ne suis pas d'accord avec vous. Le fait que nous soyons maintenant une société laïque n'empêche aucunement que cette société ait des racines catholiques. Si un québécois a des racines congolaises, italiennes, grecques ou chiliennes, doit-il les nier pour avoir droit au titre de québécois?
    Je pense qu'on peut à la fois prétendre à la laïcité sans pour autant devoir nier nos origines et notre histoire. Ce n'est pas parce qu'on est maintenant agnostique qu'on doit oblitérer le fait d'avoir été baptisé et élevé dans le catholicisme. De plus, c'est l'état qui est laïc. Les édifices n'ont pas à être quoi que ce soit. Les édifices peuvent demeurer tels qu'ils étaient au moment du passage à la laïcité. Pas besoin de refaire la décoration du Québec au complet pour prouver qu'on est laïc. Va-t-il falloir qu'on enlève tous les petits anges qui décorent les plafonds de certains vieux appartements du plateau? Et la croix sur le Mont-Royal?
    Vous-même semblez attaché à certains éléments du patrimoine religieux. Le Québec n'a pas toujours été laïc et n'a pas à en avoir honte.

  • Archives de Vigile Répondre

    22 février 2010

    Je ne me sentirais pas dépossédé de mon héritage s'il n'y avait pas de crucifix à l'Assemblée nationale, ni dans aucune institution publique. Je laisserais en place toutes les autres croix, surtout les croix de chemin, si pittoresques.
    Mais, profitons-en pour parler de ce symbole d'un dieu-homme crucifié pour avoir pris un peu trop de place dans son pays. Crucifié par l'occupant romain avec l'approbation des autorités religieuses juives. Fascinante résignation de ce crucifié et immense sens de l'organisation de Paul de Tarse qui mènent peu à peu à la persécution des païens, aux bûchers de l'Inquisition et aux guerres entre catholiques et protestants. Sacré christianisme. Quel héritage! Quand même on en perdrait quelques morceaux, il en restera toujours encore beaucoup.

  • Archives de Vigile Répondre

    22 février 2010

    Je vous rappelerai qu'il y une croix sur le drapeau du Québec. Il va falloir arrêter de renier notre héritage chrétien. Je vous demande un peu de bon sens SVP. Un très grand nombre de pays ont des croix sur leur drapeau. Au nom de certains fanatiques laiques, on devrait sans doute tout effacer. Ça va faire les folies. Madame Marois a raison à 100%.

  • Gilles Bousquet Répondre

    22 février 2010

    Des crucifix, il n'y en avait pas seulement à notre Assemblée nationale et dans nos endroits publics, nous en avions aussi dans nos maisons.
    Mme Marois a bien le droit de considérer cet objet comme faisant partie de notre patrimoine en plus des ceintures fléchées, du pudding-chômeur et la poutine sans se sentir le besoin d’en faire un plat...un autre.
    Mme Marois a bien tenu tête à M. M. Taylor qui n'a pas réussi à la déstabiliser avec ses théories d'accommodements raisonnables et de Québécois, qu'il voit en tranches plus ou moins intolérants, selon les régions du Québec.